AccueilLa UNETunisie : Un privé cherche à contrôler une entreprise publique en faillite

Tunisie : Un privé cherche à contrôler une entreprise publique en faillite

«Une AGE devrait être convoquée dans les quatre mois de l’approbation des comptes de l’exercice 2015 pour se prononcer, conformément aux dispositions de l’article 388 du code des sociétés commerciales, s’il y a lieu, sur la dissolution anticipée de la société». C’est ce qu’on pouvait lire dans le rapport des commissaires aux comptes concernant les états financiers de l’exercice 2015 de la société Stip (Société tunisienne des industries pneumatiques), alors que courent toujours des bruits sur le rachat d’un des actionnaires tunisiens de 33 % du capital de l’entreprise par le fils d’un homme d’affaires actionnaire de l’entreprise. Une société dont «le passif exigible était, au 31 décembre 2015, supérieur de 103,995 MDT à l’actif circulant et le passif total supérieur de 150,229 MDT au total de l’actif».

Il est à noter que cette entreprise de pneumatiques, un des canards boiteux de la bourse de Tunis et entreprise en faillite de fait, a accusé une perte nette de 2,970 MDT pour l’exercice clos au 31 décembre 2015, portant les capitaux propres arrêtés à cette date à la somme négative de 150,229 MDT, soit 156,541 MDT en deçà de la moitié du capital social».

Les commissaires aux comptes rappellent que «la situation financière de la société n’a pas encore fait l’objet d’un véritable assainissement » et indiquent que «les difficultés liées à l’accès au financement du cycle d’exploitation, et notamment le financement de l’importation des matières premières au titre de 2016 ont accentué les déficits de trésorerie de la société et ont engendré son incapacité de régler ses fournisseurs dans les délais convenus. Il en a résulté des ruptures fréquentes de stocks, et par conséquent, des arrêts de la production qui a chuté au titre du 1er trimestre 2016 de 44,7% ».

Les commissaires aux comptes de cette entreprise publique qu’un privé cherche depuis quelques semaines à contrôler, estiment pourtant que «la non-prorogation du bénéfice du régime de l’entrepôt industriel [ndlr : Faveur accordée à une entreprise publique et qui est arrivée à terme en juin 2016], si elle sera définitivement décidée par la douane, risque de contribuer à l’affectation négative de la situation de trésorerie de la société».

Continuant sa description de la situation dégradée de la STIP, le rapport des commissaires aux comptes rappelle que l’entreprise «a entamé, suite à la révolution, l’examen avec les banques concernées d’une nouvelle démarche permettant d’adapter l’approche de restructuration de la société à la situation actuelle du pays et favorisant l’avancement dans le sens de l’amélioration des performances, et ce, dans l’attente de la solution finale dont la composante essentielle est une augmentation substantielle du capital à réaliser par des actionnaires de référence. La société s’est officiellement arrangée avec huit banques et a obtenu, en 2016, l’accord de principe de la STB pour le traitement de ses engagements. En parallèle, des efforts sont déployés par la STIP, auprès d’un pool bancaire, en vue de lui accorder les financements nécessaires à l’achat de ses matières premières au titre de l’exercice 2016. D’un autre côté, la société a conclu, en janvier 2016, une convention avec une banque d’affaires pour l’assister dans l’élaboration des scenarii et la mise en place d’un plan de restructuration ainsi qu’à l’établissement d’un business plan. La mission, prévue pour une durée de 7 mois prorogeable pour une période maximale de 6 mois supplémentaires, est actuellement en cours de réalisation».

Telle est donc, actuellement, la situation de la Stip. C’est une entreprise, d’abord étatique. Mais elle risque de ne plus le rester. L’Etat a, depuis la révolution, d’autres chats à fouetter que de se porter au secours d’une société de pneumatiques et un homme d’affaires est en train de racheter les actions Stip en paquets pour essayer d’en prendre le contrôle.

De l’autre côté, crise économique et crise de liquidité se conjuguant, le secteur bancaire tunisien  trouve peu d’empressement à continuer à pomper des liquidités supplémentaires dans une entreprise que l’Etat ne se décide pas encore à vouloir sauver.

«Faute d’accès systématique au financement nécessaire de l’importation des matières premières et à défaut de concrétisation de la restructuration financière de la société, des doutes importants pèsent sur la continuité d’exploitation», avertissent encore les commissaires aux comptes. Et ces experts de se permettre même de conseiller que «l’application des principes comptables généralement admis dans un contexte normal de poursuite des activités concernant notamment l’évaluation des actifs et des passifs pourrait s’avérer inappropriée». Pourquoi le ministère de l’Industrie, tutelle directe de l’entreprise  n’en tire pas les conclusions et vend ce qui reste de cette «carcasse» qu’était la Stip. Peut-être qu’une gestion privée arriverait à faire mieux !

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