AccueilLa UNEHakim Ben Hammouda : Comment Daesh se finance-t-il ?

Hakim Ben Hammouda : Comment Daesh se finance-t-il ?

Par Hakim Ben Hammouda

La multiplication des attentats à Tunis, à Paris, à Beyrouth et en Turquie laisse poser une question essentielle : où Daesh et les mouvements terroristes trouvent-ils leurs moyens financiers? Quelques éléments de réponse.

Comment est financé le groupe terroriste dit de l’État islamique ? Où trouve-t-il les moyens financiers qui lui permettent d’étaler autant de moyens militaires et logistiques ? Où peut-il se procurer les ressources pour disposer de cet arsenal d’armes qui rendrait jaloux nombre d’armées régulières ? Comment peut-il financer ce parc impressionnant de voitures quatre fois quatre rutilantes qui lui permettent d’organiser ses défilés sous forme d’épreuve de force qui font autant peur qu’exercent une large influence sur des milliers de jeunes qui vont finir par agrandir les rangs du terrorisme global ?

Ces questions sont d’autant plus importantes qu’au moment où ce groupe terroriste passe à une nouvelle étape dans sa stratégie de terrorisme global avec des opérations nouvelles comme celles de Beyrouth ou de Paris, la communauté internationale cherche à intensifier sa lutte conte ses professionnels du Jihad global. Et, ce nouveau front global de lutte contre le terrorisme et qui s’est fixé comme objectif la chute de Daesh est persuadé que ce combat n’est pas simplement militaire mais comprend également d’autres éléments essentiels qui favorisent le développement de ce groupe et d’autres groupes du terrorisme 2.0 héritiers d’Al-Qaida. Le domaine financier n’est pas des moindres et les Nations-Unies, le G20 et d’autres instances internationales dont le GAFI ont entamé depuis quelques années la lutte contre les réseaux financiers du terrorisme global afin d’assécher les flux et de réduire par conséquent la capacité guerrière de ces groupes.

Il est certes difficile d’avoir des données précises sur les moyens financiers des groupes terroristes et plus particulièrement le groupe dit de l’État islamique tellement ses activités sont secrètes et les informations rares. Mais, on commence à disposer depuis quelques mois d’informations qui restent parcellaires et demandent un travail de vérification et de précision mais elles montrent déjà la force de frappe financière de ces groupes. Pour disposer des informations financières sur le groupe Daesh, les forces spéciales américaines ont été jusqu’à faire des opérations spéciales au sol pour mettre la main sur des responsables financiers de l’organisation en juin 2014 en Irak et en Syrie au cours du mois de mai 2015 ainsi que leurs ordinateurs. Des opérations passées inaperçues mais considérées de première importance par les services de renseignement américains.

Certes, peu d’information a circulé sur ces prises de guerre américaines. Mais, d’ores et déjà quelques « fuites » ont circulé dans la presse et dans certains rapports notamment du Congrès américains qui montrent l’ampleur des ressources financières de Daesh qui en font l’organisation terroriste la mieux dotée en ressources et qui expliquent sa montée fulgurante à l’échelle du terrorisme global. La première information est que cette organisation fonctionne comme un État et met en place un véritable budget de fonctionnement pour gérer les territoires sous sa responsabilité et aussi large que la Grande-Bretagne et les dix millions de personnes qui vivent sur cet espace. Ce budget et cette gestion est faite dans des comptes d’une grande précision.

La seconde information est que le budget annuel de Daesh varierait de un à trois milliards de $, selon les différentes estimations rapportées par Christian Chavagneux dans Alternatives économiques. Un budget comme dans la pure tradition des États bien établis se divisent en recettes et en dépenses. Les recettes proviennent cinq sources essentielles. La première est constitué des prélèvements effectués sur les populations qui vivent sous la chape de plomb de cette organisation terroriste et qui vont des taxes et impôts sur les personnes physiques et morales jusqu’aux rackets mafieux et aux revenus des marchés noirs. Selon les estimations, cette première source procure entre 300 et 500 millions de dollars aux caisses de ce pseudo-État par an.

La seconde source de revenus est constituée de l’argent du pétrole des gisements sous le contrôle du groupe de l’État islamique. Ce pétrole est exploité de deux manières. Une partie est raffinée sur place dans installations mobiles pour échapper aux bombardements des forces alliés et qui sert à la consommation interne des populations. Les installations touchées sont reconstruites au bout d’une dizaine de jours au coût de 230 000 $. La seconde partie est exportée sous forme brut et vendue par le biais de réseaux de contrebande sur les marchés internationaux à un cours qui correspond à 20% du cours mondial. Les recettes de ces exportations servent à alimenter les caisses du mouvement terroriste. Les exportations de ce pétrole brut se passe au vu et au su de tout le monde par la frontière turque et le Président russe Vladimir Poutine a parlé dans sa conférence de presse au lendemain du Sommet du G20 en Turquie « de convois s’étendant sur une douzaine de kilomètres ». Cette source a connu une baisse importante du fait de la chute des prix sur les marchés internationaux et des bombardements qui touchent ses convois de pétrole. Mais, néanmoins, ces exportations continuent bon an mal an à fournir entre 200 et 300 millions de $ par an aux caisses de Daesh.

La troisième source de recettes est fournie par les recettes des trafics et des pillages d’antiquités en provenance des musées et des fouilles effectuées sur les sites sous le contrôle de Daesh. Ces pièces rares et d’une grande valeur historique sont par la suite exportées en Europe via les pays limitrophes et procurent près de 100 millions de $ par an. La quatrième source est constitué des revenus des kidnapping et des prises d’otage dont les rançons payés aussi par des États occidentaux ont procuré près de 40 millions de ù en 2014. Enfin, une dernière source est constitué par les dons effectués par de riches donateurs suites à des campagnes à grande échelle effectuées sur les réseaux sociaux et qui permettent à Daesh de récolter près de 40 millions en moyenne par an.

De l’autre côté, les dépenses sont constituées par les soldes des soldats et des recrues d’apprentis terroristes recrutés dans le monde entier et qui perçoivent entre 300 et 500$ par mois en plus des allocations familiales. Les autres dépenses sont liées à la gestion et aux dépenses quotidiennes des administrations sous le contrôle de Daesh qui incluent l’accès à l’eau et à l’électricité et également la subvention aux produits de base notamment les produits alimentaires. A ces dépenses il faut aussi rajouter celles liées aux opérations terrorises extérieures et qui sont financées avec l’argent viré sur des comptes en Europe grâce à des complicités dans les pays limitrophes.

Ainsi, une organisation financière sophistiquée et efficace est un des facteurs de durabilité de cette organisation terroriste et de son contrôle d’un territoire aussi importante. Mais, cette base financière n’a pu se développer et se renforcer que grâce à d’importantes complicités dans les pays voisins.

La lutte contre le terrorisme, parallèlement aux opérations militaires et sécuritaires, exige un combat sans merci dans le domaine financier et notamment un engagement ferme des pays limitrophe dans cette bataille afin d’assécher les bases financières de ses organisations terroristes.

- Publicité-

1 COMMENTAIRE

  1. L’auteur s’égare complètement sur les sources de financement de cette organisation terroriste car sa principale source est constituée des dons de certains pays arabes qui craignent la propagation de l’exemple tunisien. Un point c’est tout.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -