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Ahmed Mestiri sur Al-Wataniya 1 : Un grand oral presque tourné vers le passé

En deux semaines (du 22 octobre au 6 novembre 2013), Ahmed Mestiri a accordé deux interviews à la même chaîne, Al-Watanya 1 . S’inscrivant, en apparence, dans le même plan, les deux initiatives avaient deux objectifs distincts : la première (sur Choukran Ala Alhoudhour ) voulait montrer qu’Ahmed Mestiri était disponible , c’est à dire toujours réactif , éveillé et au fait de ce qui se passe dans le pays , et des exigences qui s’imposent en cette conjoncture, affirmant , toutefois , qu’il était hors compétition,et que personne ne l’a sollicité pour se porter candidat à la Primature . La seconde interview répond à une autre exigence, et le message envoyé est beaucoup plus concret : je suis candidat, je corresponds au casting et mon programme est fin prêt.

Dans la seconde interview d’hier , mercredi , il commence par aborder le sujet de son état santé, obstacle soulevé vivement par ceux qui se sont opposés à sa candidature .Il déclare qu’il n’a pas de problème de santé et qu’il se sent en mesure d’exercer le pouvoir à la tête du gouvernement, refusant , toutefois ,de se soumettre à un examen médical , et laissant le soin à ceux qui doivent prendre cette décision historique de porter , à eux seuls , la lourde responsabilité de sa désignation .

Après cette ébauche percutante, il entre dans le vif du sujet. Les conditions qu’il pose pour dire oui à l’offre sont claires. Les moyens humains d’abord : il lui revient ,à lui seul de choisir son équipe ministérielle qui doit répondre aux normes de compétence , de probité et de responsabilité , regrettant que Mohamed Ennaceur , qui répond merveilleusement à ces normes , ait décliné la proposition de faire partie de son équipe . Il exige, également, les moyens techniques qui facilitent la réalisation du cahier des charges avec le peuple et ses élus .

Mettant en valeur la légitimité , il considère que l’ANC est incontournable, et le vote de confiance du gouvernement doit nécessairement être cherché auprès de la seule institution dépositaire de cette légitimité , assurant que la feuille de route ne doit pas la contourner parce qu’elle est acquise haut la main grâce à des élections libres et démocratiques que personne n’a contestées .

Le programme proprement dit comporte, en tête de page, la lutte contre le terrorisme. Il estime que ce thème fédérateur doit entraîner la mobilisation de tous les Tunisiens derrière les institutions sécuritaire et militaire pour faire face au danger, préconisant une coopération étroite, et sans limite, avec les pays voisins qui sont exposés au même danger.

La remise en marche de la machine économique est tributaire, à ses yeux, du retour à la stabilité, qui est le corollaire de la sécurité et de la paix sociale. Evoquant le lien entre ces éléments , Ahmed Mestiri ne parvient pas à donner aux téléspectateurs l’idée de quelqu’un qui saisit la dynamique de cette liaison , surtout qu’il n’est pas , jusqu’à présent , porté par un large consensus auquel adhèreraient les jeunes des régions défavorisées et les partenaires sociaux , particulièrement le Quartet .

Au sujet de ses relations avec Ennahdha, il s’est gardé d’émettre à son endroit la moindre critique, et a évité de donner un avis concret sur la nécessaire révision des nominations partisanes , allant même jusqu’à dire aux journalistes qui le questionnaient de ne pas le pousser à critiquer le parti islamiste .

C’est vrai qu’il a invoqué son souci de garder la même distance vis-à-vis de tous les partis , mais il semble déterminé à contrecarrer , à la fois ,les thèses de l’extrême gauche qui prônent , selon son expression , la révolution permanente , et peut-être le comportement qui en découle , et a laissé entendre, à ce sujet ,que les temps sont venus pour que la révolution prenne fin et l’ère de la stabilité soit entamée .

D’un autre côté, il ne s’est pas empêché d’afficher ses réserves quant à la démarche hégémonique d’Ennahdha, jugée contraire à l’esprit démocratique, et ne pouvant que mener au despotisme et au parti unique, honnis par les Tunisiens.

Ces réserves sont restées au niveau du principe, et elles ne semblent pas gêner outre mesure un parti islamiste qui situe sa priorité dans la mainmise sur les rouages de l’Etat, et s’accroche à la légitimité électorale. Mais cette légitimité qui était malmenée par un exercice calamiteux du pouvoir, est toujours reconnue et même mise en valeur par cet allié indéfectible de l’islamisme qu’est Ahmed Mestiri.

L’interview de mercredi, qui tenait lieu d’ un grand oral destiné à éclairer l’opinion publique sur la vision d’avenir du candidat à la présidence du gouvernement , était restée en grande partie tournée vers le passé . Et Ahmed Mestiri a évoqué, avec une humeur aigre, les scrutins faussés de 1981 et de 1989, sous Bourguiba et sous Ben Ali, soulignant que les manœuvres de falsification le visaient, dans les deux cas, lui, personnellement, expliquant par là son attachement aux résultats du seul scrutin valable depuis des décennies, celui du 23 octobre 2011. Mestiri laisse entendre ce faisant qu’il n’a pas oublié, et que le moment de sa revanche est venu , comme s’il était le seul , en Tunisie , à être trahi par ces pratiques frauduleuses , ou tous ceux qui l’étaient doivent nécessairement se reconnaître en lui .

Aboussaoud Hmidi

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