AccueilAfriqueAngola : Le plus gros producteur de pétrole du continent souffre terriblement

Angola : Le plus gros producteur de pétrole du continent souffre terriblement

Il y a une semaine à peine l’Angola chipait au Nigeria la place de plus gros producteur de pétrole de l’Afrique, mais la fête a été de courte durée, gâchée par la fonte inexorable des cours du pétrole. Avec un prix du baril qui ne vaut pas plus que 38,40 dollars, alors que l’équilibre budgétaire a tablé sur 46 dollars, les caisses publiques du pays, qui tirent 75 % de leurs revenus de l’or noir, sont exsangues. L’Angola a misé sur la rencontre de Doha le dimanche 17 avril pour arracher un accord sur le gel de la production de pétrole, le temps d’assécher le marché pour faire remonter les prix, mais comme on le sait, cette réunion a été minée par les dissensions entre l’Arabie saoudite et l’Iran. Même absent de ce rendez-vous, Téhéran, qui veut se refaire une santé après des décennies d’embargo en produisant et en exportant du pétrole en masse, a tout fait pour torpiller l’accord.

L’Angola est logé à la même enseigne que les pays producteurs du Golfe : Un énorme déficit budgétaire. Sauf que l’économie de ce pays africain est loin d’avoir les fondements et les réserves des pays du Golfe, donc quand il y a de la casse sur le front du pétrole, l’Angola souffre beaucoup plus que les autres pays producteurs. L’or noir pèse 90% dans les exportations du pays, et rien ne peut changer à moyen terme cette dépendance mortifère vis-à-vis du pétrole. L’économie angolaise avait été sévèrement malmenée l’été 2014 par la chute des cours du pétrole, mais là avec l’incapacité des pays producteurs à s’entendre sur un gel, le problème devient insoluble. Surtout qu’aucune date n’a été fixée pour une prochaine réunion. Cette incertitude, on le sait, est le meilleur ennemi des marchés.

Un élan brisé net

2002 a été une année charnière pour l’Angola. En effet elle marque la fin d’affrontements sanglants entre l’armée et les rebelles de l’Union pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA). A partir de ce moment, le pays, qui regorge de richesses – Gaz, phosphate, cuivre, fer, uranium -, a amorcé sa reconstruction. Mais c’est le pétrole qui le propulse et en fait un eldorado, avec une croissance à deux chiffres – 12% – sur plus de dix ans (entre 2002 et 2013). Surfant sur une embellie que rien ne semblait pouvoir enrayer, l’Angola croyait en avoir fini avec les vaches maigres, et s’est mis à se comporter en cigale au lieu d’être une fourmi. Les gouvernements successifs de José Eduardo dos Santos (il est au pouvoir depuis 1979) ont commis l’erreur fatale de ne pas s’extirper de la dépendance du pétrole en diversifiant l’économie du pays. Et maintenant c’est trop tard, les autorités du pays n’ont pas surfé sur les grosses marges budgétaires des années fastes pour faire les réformes qui s’imposaient.

Le FMI, comme toujours dans ces cas là, a été appelé à la rescousse pour remettre à flot les finances publiques. Cela fait une semaine qu’il y a des négociations très serrées autour de ce prêt, mais même dans l’équipe gouvernementale, il y a des désaccords profonds sur les conditions de cette aide. En effet, le FMI, là aussi comme il est de coutume pour les mauvais élèves, exige des restructurations en profondeur de l’économie angolaise pour desserrer les cordons de la bourse. Or le pouvoir en place ne veut pas entendre parler de limitation des dépenses publiques à un an des élections, ce serait tarir le clientélisme traditionnel qui est encore le meilleur allié dans une élection dans certains pays africains, hélas.

Entre l’Angola et le FMI c’est une vieille histoire. En 2009, après la plongée du cours du baril et la dilapidation d’une grosse part des réserves de la Banque centrale pour éviter l’explosion du taux de change du kwanza, le pays avait été perfusé par le FMI. Entre 2009 et 2012, plus de 400 millions de dollars de prêts avaient été injectés dans les caisses du pays.

Une petite lueur d’espoir

Le nouveau plan d’aide triennal du FMI peut être une planche de salut pour l’Angola. En effet il lui donne les moyens de rééquilibrer sa balance et d’apporter du sang neuf à son économie en diversifiant les sources de revenus. Mais les journaux locaux préfèrent pointer du doigt une autre réalité. Dans un papier publié dans le Maka Angola, un des médias qui ont le plus d’audience dans le pays, le journaliste Rui Verde aborde ainsi les enjeux actuels : « La chute des prix du pétrole a mis à nu le réel problème de l’économie angolaise : une kleptocratie où chaque représentant fait sa propre loi. Le gouvernement a échoué à créer une véritable économie de marché, en privilégiant, pour ses propres intérêts, un gamme restreinte d’entrepreneurs en charge de diversifier l’économie. Un clientélisme qui a ruiné les espoirs de compétitivité. » Justement la transparence dans les marchés publics et la fin des collusions frauduleuses sont des exigences du FMI pour aider le pays. On verra ce qu’il en sera, en attendant le ministère angolais des Finances donne des gages de bonne conduite en promettant de faire respecter « la discipline budgétaire ». De toute façon les autorités n’ont pas le choix, à partir du moment où le FMI entre dans la danse, c’est que le pays a perdu, provisoirement du moins, la main sur les grandes orientations économiques et la vertu dans les finances publiques est le seul moyen de faire fonctionner la planche à billets de l’institution de Washington…

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