AccueilLa UNEAssassinat de Chokri Belaid : Ali Laarayedh lapidaire, mais pas trop !

Assassinat de Chokri Belaid : Ali Laarayedh lapidaire, mais pas trop !

Les derniers développements de l’affaire de l’assassinat de Chokri Belaid nous ont donné l’impression d’assister à une course contre la montre. Dans une interview accordée à Al-Watanya 1, le 12 février 2013, Ali Laarayedh affichait la détermination de son ministère à mener l’enquête avec « professionnalisme et sérénité et dans la transparence totale ». Il a dit ne pas lésiner sur les moyens quitte à recourir à la coopération internationale, pour dévoiler toute la vérité sur l’acte criminel. Il n’a pas omis de polémiquer avec les journalistes qui voulaient forcer les choses, et peut-être influencer le cours de l’enquête, laissant entendre que la justice statuera sur les accusations qu’ils avaient portées contre des hauts cadres de son ministère.

Cela n’a pas empêché ces mêmes journalistes de poursuivre imperturbablement leur démarche, à laquelle s’est joint un groupe d’avocats qui défendaient la mémoire de leur collègue-martyr, en exprimant leur détermination à dévoiler les tenants et aboutissants de l’attentat.

Entre vendredi 22 et mardi 26 février 2013, l’opinion publique tunisienne aura tout vu : des hypothèses qui vont dans tous les sens, des pistes qui s’enchevêtrent, des thèses qui s’excluent. Evidemment, si on les collait les unes aux autres, on n’y comprendrait rien .Mais heureusement qu’elles nous obligent à en oublier au passage.

Ce qu’a dit Ali Laarayedh , aujourd’hui ,mardi , lors de sa conférence de presse , au siège du ministère de l’Intérieur, ne sort pas de l’ordinaire, et ses propos ne font qu’accréditer des informations qui circulaient, depuis un peu moins de 24 heures, et dont beaucoup semblent distillées pour préparer la sortie du ministre : arrestation de 4 individus, dont 2 se sont chargés de faire le repérage des lieux du crime , opération qui a facilité le forfait du meurtrier . Le 3ème individu a assuré le transport aller-retour de l’assassin lors de l’exécution de son acte .Mais on n’a pas été éclairé sur le rôle du 4ème individu arrêté. L’identité du tueur est connue et le ministre affirme qu’il est activement recherché.

Les complices arrêtés, âgés entre 26 et 34 ans , appartiennent à un courant religieux extrémiste, dit le ministre ,qui se garde de prononcer le qualificatif salafiste djihadiste , mais c’est dans ce sens que sont allées toutes les interprétations .D’ailleurs , le ministre ajoute que l’un des individus arrêtés est un repris de justice et qu’il est visé par des accusations d’appartenance à une association de malfaiteurs à l’effet de commettre des attaques contre les biens d’autrui , allusion à peine voilée à l’attaque contre l’ambassade américaine , le 14 septembre 2012 .

Ali Laarayedh a relaté les faits enregistrés depuis la commission rogatoire du juge d’instruction délivrée à la brigade des affaires criminelles, le 6 février 2013. Il a affirmé que toutes les brigades spécialisées du ministère ont ligué leurs efforts pour travailler sur toutes les pistes probables, et qu’à la faveur de l progression de l’enquête les soupçons se sont dirigés vers un groupe dont 4 membres ont été arrêtés.

Les faits ont établi que la scène du crime a été explorée de manière régulière pendant plusieurs jours, à l’heure même où devrait être perpétré l’assassinat.

Le ministre qui a souligné, avec réserve et circonspection, les informations se rapportant au crime, a tenu à rappeler que l’avancement de l’enquête ne permet pas de conclure à une implication étrangère dans l’assassinat, ni à l’appartenance du groupe qui a fomenté le forfait à une organisation structurée, ni à trouver un lien entre l’assassinat et les caches d’armes découvertes à Médenine et à El-Mnihla .

Le ministre a également affirmé ne pas disposer de données sur d’autres projets d’assassinat, tout en tenant à rassurer l’opinion publique que son département prend toutes les précautions à chaque fois qu’un citoyen se voit menacé , ou éprouve le sentiment de l’être.

Ali Laarayedh affirme que c’est la justice qui diligente l’enquête et que les informations qu’il vient de livrer aux journalistes et à l’opinion publique ont nécessité une coordination avec le juge d’instruction. Et il s’est dit attaché au respect du secret de l’instruction.

La conférence de presse du ministre de l’Intérieur, qui devait donner un éclairage sur le crime, ses circonstances, ses commanditaires, ses rapports avec le climat de violence qui règne dans le pays, a failli à son objet , ne serait-ce que parce que le meurtrier , principal maillon de cette chaîne est toujours en cavale . Le caractère compliqué de cette affaire, inédite dans les annales de la violence politique en Tunisie, commande prudence et circonspection.

Il y en a des gens qui trouveraient dans le manque d’indépendance de la justice , l’interférence entre politique et sécuritaire de nature à entacher le professionnalisme des services de la police , matière à affirmer que les avancées de l’enquête sont toujours insuffisantes , et que les conclusions sont étriquées .Mais l’essentiel se situe  peut- être  dans le fait que la thèse sur l’assassinat revêt désormais un caractère officiel et engage l’Etat et ses rouages . Ce qui donnera sans doute à penser que désormais toutes les conclusions doivent être mises en application pour que commanditaires et exécutants soient punis en vertu de la loi ,et que, dorénavant, de tels actes soient bannis du registre politique tunisien .

Aboussaoud Hmidi

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -