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Assassinat de Mohammed Brahmi: Que s’est-il réellement passé entre le 14 et le 25 juillet ?

Les révélations se succèdent au sujet de l’assassinat de Mohammed Brahmi, le 25 juillet 2013. D’abord, le lien maintenant évident reconnu par le ministère de l’Intérieur , et par-delà , la justice , entre les deux assassinats: celui de Mohammed Brahmi et celui de Chokri Belaid . Les exécutants sont les mêmes, le mode opératoire aussi .Mais, pour ce qui est des commanditaires , les choses sont à nuancer .

Les dernières informations nous ont dévoilé une vérité de taille, à savoir qu’un service de renseignements étranger (la CIA) a alerté ,11 jours avant , les services de sécurité tunisiens de l’imminence de l’assassinat du député Mohammed Brahmi . La cible était, donc, indiquée noir sur blanc, sa qualité de député aussi et ses choix et alliances politiques également. Ces trois éléments devraient amener les services de sécurité à prendre au sérieux cette alerte. Car une cible citée nommément ne fournit pas d’alibis à ces services de se perdre en conjectures , de même que sa qualité de député les rend redevables de sa sécurité de par l’immunité dont il bénéficie , et son alignement récent sur les positions anti-Nahdha du front populaire pourrait éveiller les soupçons contre le parti islamiste au pouvoir , comme cela a été le cas lors de l’assassinat de Chokri Belaid .Sur ce plan , les services de sécurité ne doivent pas faire de ratage qui pourrait susciter la zizanie et accabler une formation politique ,de surcroît, au pouvoir de tels soupçons.

Ce triple manquement peut être expliqué de deux manières : par la pagaille qui règne dans les services de sécurité ou par une volonté délibérée de nuire au parti au pouvoir pour salir sa réputation et montrer son incapacité de gérer le pays.

La note du service de sécurité étranger n’a pas été prise au sérieux, et on a entendu parler d’un ministère des Affaires étrangères d’un autre pays suggérer à sa chaîne publique de dépêcher une équipe pour couvrir un évènement gravissime en Tunisie, le 25 juillet .

Les informations qui nous sont parvenues nous indiquent que le 17 juillet, soit 3 jours après la note du service de sécurité étranger, une descente a eu lieu pour arrêter Boubaker Hakim , dans la maison de sa tante , à la Cité Al-Ghazala , et le terroriste est arrivé à échapper à la brigade qui était venue le cueillir . Deux hypothèses sont avancées pour expliquer ce ratage : une bonne et une méchante . La bonne hypothèse évoque le manque d’expérience de l’équipe dépêchée, ce qui a donné l’occasion au terroriste au professionnalisme invétéré de leur filer entre les doigts. La mauvaise hypothèse fait état d’une information glissée à l’oreille de Boubaker Hakim , lui intimant l’ordre de partir , ou une fausse indication de l’adresse, lui laissant le temps de se glisser en dehors de la résidence de sa tante , et de fuir pieds nus et en sous-vêtements , paraît-il . Les policiers auraient trouvé le café encore chaud que le terroriste s’apprêtait à siroter.

Le 18 juillet, Boubaker Hakim aurait loué une voiture chez une agence de location , par une carte d’identité falsifiée . Il était en forme et en bonne humeur au moment de la conclusion du contrat de location . La voiture était rendue à l’agence, le 22 juillet, 3 jours avant le crime , et elle n’a été utilisé que pour les besoins d’un petit déplacement (entre 35 et 40 km ) , ce qui laissait entendre que la voiture louée a servi à surveiller la résidence de la victime , qui n’était pas loin de la maison où a eu lieu la descente, le 17 juillet . Une voiture de location, aux mains d’un terroriste notoire, dans un coin théoriquement grillé, n’a pas éveillé les soupçons, et n’a pas été contrôlée .Ces données, nous les avons publiées, le 2 août 2013 , et n’ont pas été démenties par les services de sécurité .

Parallèlement aux préparatifs de l’assassinat de Brahmi , et à la guerre ouverte déclenchée à Chaâmbi , depuis le 28 Avril 2013 , le groupe terroriste préparait des attentats à Sousse , déjoués par les services de sécurité . En quatre jours , du samedi 3 au mardi 6 août , il y a eu les arrestations de Sousse et d’Akouda , ceux de Ouardia , les affrontements de Raoued , et l’explosion de Tébourba qui a entraîné la mort du salafiste artificier , rentré d’un voyage d’Egypte , alors qu’il était en train de préparer des explosifs pour être utilisés dans des opérations terroristes .

Cette recrudescence du terrorisme et le dévoilement du plan terroriste de grande envergure , s’accompagnent de maladresses et ratages commis par les services de sécurité , d’abord Gadhgadhi , impliqué dans les deux assassinats de Belaid et de Brahmi , et dans l’assassinat des 8 soldats à Chaâmbi , court toujours , Ali Harzi impliqué dans l’assassinat de l’ambassadeur américain en Libye et des deux assassinats politiques de Tunis est toujours recherché , des informations indiquent qu’Abou Iyadh , chef d’Ansar Chariâa , et théoriquement commanditaire des assassinats politiques est installé en Libye , de même qu’Ahmed Rouissi . Lotfi Zine , lui , échappe à la brigade venue l’arrêter à Sousse .

Une large campagne d’intoxication a accompagné les efforts des services de sécurité pour resserrer l’étau autour des terroristes. D’abord, des journalistes affirment que Kamel Gadhgadhi est arrêté en Algérie , puis en Libye , ensuite, vient le tour de Abou Iyadh qui est arrêté en Algérie . D’autres voix , inspirées apparemment par Ennahdha , veulent trouver un lien entre Ahmed Rouissi ,d’une part , et un dirigeant de Nidaa Tounès ainsi qu’un militant de la Gauche tunisienne, d’autre part .

Des terroristes arrêtés, et bien positionnés dans l’organigramme du groupe terroriste, sont vite relâchés. Adel Kéfi ,arrêté , dans la descente de Sousse en possession de 20 puces de téléphones mobiles a été libéré à la fin de l’instruction , Maher Akkari a été libéré le jour de la conférence de presse du ministère de l’Intérieur (le 28 août ) , Abdallah Ben Aziza, jeune de 21 ans qui s’est marié fin août ,a lui aussi été libéré après l’instruction ,le même jour .

Pendant la deuxième moitié de juillet 2013, l’organisation terroriste Ansar Chariâa est parvenue à échafauder un plan infernal pour commettre des assassinats politiques, des explosions de lieux publics en parallèle aux affrontements de Chaâmbi . Le gros de ces plans ont été déjoués ,mais on a assisté à des ratages , des maladresses de la part des forces de sécurité , des hésitations de la part de la justice et un jeu trouble de la part de journalistes et d’hommes politiques qui ont induit l’opinion publique en erreur , à des moments cruciaux de la crise .

Aboussaoud Hmidi

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