AccueilLa UNECélébration de la Révolution : le grand ratage

Célébration de la Révolution : le grand ratage

Une des vertus de la Révolution tunisienne, c’est qu’elle est célébrée en deux temps : le 17 décembre et le 14 janvier. En principe, cet intervalle devrait donner l’occasion aux responsables de compenser au deuxième moment ce qui a été omis ou mal fait au titre du premier.

Nous avons déjà relevé que les commémorations du 17 décembre 2013, à Sidi Bouzid ont perdu de leur éclat, et remarqué que les politiciens ,cette année , ne se sont pas bousculés au portillon de ce haut lieu de la Révolution , préférant le suivi des festivités, depuis la capitale (lire notre article Le 17 décembre : Chacun a célébré sa Révolution ) . Entretemps, les révélations du Général Ahmed Chabir, ancien directeur général de la sécurité militaire sur quelques épisodes des quatre semaines cruciales qui ont suivi le 17 décembre 2010, ont asséné un coup dur à l’idée formée de cette Révolution , et laissé présager un sursaut national pour préserver cette symbolique . On s’est, donc, attendu à ce que le 14 janvier fournisse l’occasion d’une réponse accomplie à ces thèses révisionnistes, et présente une nouvelle lecture plus approfondie de ce processus, à l’occasion du troisième anniversaire de son déclenchement.

Mais, en suivant les plateaux de télévision , les antennes radio et les meetings organisés, le 14 janvier , on s’aperçoit qu’il y a eu un grand ratage en la matière .

Les grandes formations politiques se sont adressées à leurs troupes pour leur passer un message unique : nous nous portons bien et notre vision des choses est juste. C’était le cas d’Ennahdha dont les dirigeants ont répété qu’ils ont cédé le pouvoir de plein gré , qu’ils sont au zénith de leur popularité malgré l’usure du pouvoir et qu’ils reviendraient aux affaires à l’issue des prochaines élections . Nidaa Tounès a polémiqué avec Ennahdha, mais s’est réjoui d’être lui aussi en ballottage avec le parti au pouvoir dans les sondages. Les autres partis ont fait valoir leur bonne posture pour l’avenir, bien qu’ils aient été éconduits par l’intransigeance d’Ennahdha dans l’élaboration de la constitution.

Tous ces partis, excepté le Front Populaire (FP), n’ont pas jugé nécessaire de répondre à Ahmed Chabir ou de remettre au centre du débat national les revendications des sans-travail ou des démunis des régions intérieures.

Le FP , se sentant ,peut-être , affaibli moralement par le fait que ses composantes principales aient été derrière le choix du processus de la constituante et qu’ils l’aient pratiquement imposé au pays à l’époque (fin février 2011 ) , et que ce choix n’a profité qu’à Ennahdha et à ses alliés , il (FP) a monté au créneau, en ce troisième anniversaire de la Révolution . Ses dirigeants ont rappelé , sur les plateaux des télévisions, que ce choix était judicieux bien qu’il ait profité à lislam politique , insistant que la Révolution est un processus qui durera des années et que les forces de la démocratie et du progrès reprendront l’initiative le jour venu , surtout devant les choix politiques et en matière de développement, de la coalition au pouvoir, qui ne sont que le prolongement pur et simple des choix antérieurs au 14 janvier , sous l’égide des instances financières internationales .

Les thèses révisionnistes d’Ahmed Chabir, le Front Populaire les a balayées du revers de la main en développant une thèse opposée qui a mis en valeur le rôle primordial joué par les luttes populaires dans l’exacerbation des luttes internes au sein du pouvoir de Ben Ali , en pleine débandade . Les collaborateurs de Ben Ali voulaient, après coup, montrer qu’ils étaient les principaux artisans de cette Révolution , or, ils en étaient justement les cibles .

Le discours du FP qui est discordant par rapport à la littérature triomphaliste ou amnésique des autres partis politiques , sera-t-il le début d’un nouvel élan révolutionnaire qui regroupera les élites qui voudraient voir les choses et agir autrement , ou simplement un cri dans le désert , lancé par une formation politique qui a imposé au pays un processus qui l’a saigné à blanc et ouvert la porte à un islam politique , qui ne semble pas ,malgré sa déroute certaine , pressé de quitter le pouvoir ?

Aboussaoud Hmidi .

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