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Chokri Yaich à Africanmanager : « je ne crois pas que la nomination de Laârayedh soit une sage décision»

La situation politique du pays, les raisons du rejet de la décision de Hamadi Jebali de former un gouvernement de technocrates, le gouvernement de Laârayedh ainsi que les priorités politiques sont au centre de l’interview que nous a accordée Chokri Yaïch, député à l’ANC et membre du comité exécutif du parti Nida Tounès. Dans cette interview, il a souligné que la nomination d’Ali Laârayedhh n’est pas sage étant donné qu’il a montré ses limites d’assurer la sécurité de son peuple.

Il a indiqué en outre que le pays passe par une grave crise politique et sociale, aggravée par le lâche assassinat du Martyr Chokri Belaïd.

Chokri Yaich a accusé, également, Ennahdha de vouloir servir ses propres intérêtsi, et atteindre, par conséquent, des objectifs qui lui sont pécifiques à eux, voire s’emparer définitivement de tous les rouages de l’Etat.

Qu’est ce que vous pensez de la situation politique du pays ?

La vie politique est quasi paralysée, la Tunisie vit depuis plusieurs mois dans l’inconnu, le pays passe par une grave crise politique et sociale, à laquelle le lâche assassinat du martyr Chokri Belaïd, a donné une dimension dramatique. Mais, les derniers bouleversements observés quant à la formation d’un nouveau Gouvernement ont montré aux Tunisiens les limites et l’incapacité du parti Ennahdha et son fidèle allié, le CPR, à diriger le pays et a révélé leurs vraies intentions de s’accrocher au pouvoir même quand le pays est au bord du chaos et sombre dans une grave situation politico-économique et sociale. Le chef du Gouvernement sortant l’a lui-même confirmé en « minimisant l’affaire » et s’est contenté de dire que son Gouvernement a échoué, mais a volontairement omis de dire que c’est son propre parti qui se trouve derrière cet échec.

Pourquoi, selon vous, les députés d’Ennahdha ont vivement rejeté la décision de Hamadi Jbeli de former un gouvernement de technocrates

C’était attendu, car les députés d’Ennahdha sont à l’écoute de leur « état-major » basé à « Monplaisir ». A part une infime minorité qui a soutenu Hamadi Jebali dans son initiative, les autres l’ont tous rejetée. Si on revient à la déclaration de Hamadi Jebeli et sa principale condition de « servir son peuple » pour la formation d’un nouveau Gouvernement, le rejet d’Ennahdha s’expliquerait par le fait que ce parti ne veut pas de cette condition et veut seulement servir ses propres intérêts, voire ceux d’une partie des Tunisiens pour atteindre des objectifs bien spécifique à lui, entre autres, s’emparer définitivement de tous les rouages de l’Etat, dans une première étape, et instaurer une République à tendance théocratique déguisée en une démocratie. Sinon comment expliquer l’acharnement de leurs députés à inclure dans la nouvelle constitution des passages faisant allusion à la chariaa (ثوابت الاسلام).

Comment expliquer aussi leur rejet du caractère universel des droits de l’homme et de la liberté de conscience ?

Par ailleurs, pendant que tous les Tunisiens sont cloués devant leur téléviseurs à regarder des plateaux sans fin traitant de la crise gouvernementale, les nahdhaouis, eux, continuent à occuper les postes clés de l’administration, embaucher et distribuent des dons, médicaments et autres aux fidèles dans toutes les régions du pays (comme cette semaine dans une mosquée de Ain Draham), et le plus grave est l’apparition d’un nouveau genre de formation et de « formatage des esprits » dans des écoles privés voire même dans des maternelles.

La nomination d’Ali Laârayedh, chef du gouvernement, est-elle vraiment le bon choix ?

Le plus important, ce ne sont pas les noms, mais la concrétisation des vœux de tout un peuple d’instaurer la sécurité, la paix et la justice, puis viendra le pouvoir d’achat des Tunisiens qui n’a jamais vu une situation aussi catastrophique. Mais, personnellement, je ne crois pas que cette nomination soit sage car, ce monsieur a montré ses limites d’assurer la sécurité de son peuple et sera toujours à l’écoute de ceux qui qualifient les « ligues de protection de la révolution » comme la ” conscience de la nation” alors que, sur le terrain, ces groupuscules représentant la source principale de la terreur.

Pourquoi ils n’ont pas nommé de nouveau Hamadi Jebali bien qu’ils aient promis de le faire dès qu’il démissionnera ?

La réponse est simple, primo : Jebali a montré son incapacité de diriger « le plus grand Gouvernement de l’Histoire » ! secundo : ils ne veulent plus de lui, car il a tout de même creusé une faille au sein de leur propre parti, et tertio : ils ne veulent pas entendre parler de ses conditions parmi lesquelles élargir le gouvernement à toutes les composantes sans exclusion et l’organisation d’une conférence nationale pour un consensus national traitant de tous les sujets épineux, et ceci se comprend de son expression « servir mon peuple »..

Le gouvernement d’Ali Laârayedh pourra-t-il obtenir facilement la confiance de l’ANC ?

Je pense que l’ANC ne rejettera cette nomination, car une grande majorité pourrait voter pour la confiance, les groupes de Nahdha, CPR, Attakattol et peut-être d’autres groupes..

Comment voyez-vous les priorités politiques actuelles ?

Les priorités sont à concrétiser sur le terrain pour garantir la confiance du Tunisien envers les gouvernants, à commencer par dévoiler les assassins de Chokri Belaid et ceux qui sont derrière, la dissolution de toutes les factions, groupes de sécurité parallèles parmi lesquels ceux que « Nahdha-CPR-Wafa » appellent ligues de protection de la révolution ; ensuite l’organisation d’une Conférence pour le Consensus National où doivent participer toutes les forces politiques et civiles du pays traitant de tous les sujets constitutionnels politiques sociaux et économiques.

Quel impact du conflit politique sur l’économie nationale du pays?

Si les ministères de souveraineté, Intérieur, Justice, Affaires étrangères et Défense (et si on leur ajoute le ministère des Affaires religieuses) ne sont pas sous le contrôle de vrais indépendants, la situation ne pourra qu’empirer surtout que les « choix économiques » dévoilés, lors de l’examen de la loi de finances 2013, naviguent en contresens des réalités économiques. Ces choix ont privilégié la consommation au détriment de l’investissement et d’énormes pressions fiscales ne tenant pas compte des véritables enjeux auxquels doivent faire face les entreprises tunisiennes.

Khadija Taboubi

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