AccueilLa UNEComment vont s’unir les Destouriens?

Comment vont s’unir les Destouriens?

La Révolution qui a pris, au lendemain du 14 janvier 2011, pour cible les Destouriens et particulièrement les Rcédistes est en train de changer de nature. Et les combats d’arrière-garde menés par le Wafa de Abderraouf Ayadi, le Courant démocratique des Abbou le CPR de Imed Daimi, rejoints pour l’occasion par Mustapha Ben Jaafar , pour imposer un article dans la loi électorale qui exclut les hommes de l’ancien régime, ne semblent pas changer la donne .

Les réalités qui étaient tues ou que les révolutionnaires de janvier 2011 ne voulaient pas voir, ont fini par prendre le dessus. Les moyens du pays ne permettent pas les extravagances des recrutements de masse dans la fonction et les établissements publics, les dépenses publiques sans limite, et encore moins la transformation du citoyen en rentier qui perçoit son salaire sans travailler, et bénéficie, de surcroît, des subventions sans limite sur sa consommation. En un mot, les révolutionnaires tunisiens se sont penchés sur la répartition de la richesse nationale illustrée à l’époque par les moyens qui se trouvaient dans les caisses de l’Etat au départ de Ben Ali , et les facilités d’avoir des prêts à l’international à la faveur des équilibres économiques de l’avant- révolution , sans se soucier de créer une nouvelle richesse et la répartir plus équitablement . Evidemment, les dures réalités ont fini par émerger, et tout le monde s’est aperçu que la gestion du pays avant le 14 janvier 2011 était optimale et même les dettes extérieures étaient grosso modo destinées à l’investissement et au financement des projets de développement.

Ces nouvelles réalités ont accrédité une autre image des Destouriens auprès de l’opinion publique et même des franges qui n’étaient pas acquises aux thèses officielles du temps de Ben Ali , et donné un sens aux affirmations de Hamed Karoui , le président du mouvement destourien, le 2/3/2014, lors la célébration du 80e anniversaire de la création du Néo Destour indiquant que la révolution a privé les Tunisiens des compétences destouriennes puisque les RCDistes ont été empêchés de prendre part aux élections du 23 octobre 2011 .

Evidemment, les déclarations de Hamed Karoui dans lesquelles il défend les siens et revendique leur droit à la participation pleine et sans exclusive à la vie politique, coïncident avec une confusion dans les rangs des Destouriens et les Rcédistes, rassemblés dans une dizaine de partis qui se font et se défont au gré des circonstances et dont chacun se dit représenter à lui seul cette mouvance aussi diversifiée que nombreuse.

Toute entreprise de rassembler les Destouriens et les Rcédistes s’apparente, en fait, à la construction d’un nouveau parti, selon de nouvelles normes basées sur la démocratie, la libre adhésion et sur le militantisme. Or, cette culture n’est pas largement partagée dans les rangs de ces formations politiques.

Hormis cette culture qui a l’air de manquer cruellement, les responsables politiques destouriens ne paraissent pas saisir une vérité première qui consiste à assimiler chacune de ces initiatives à la construction d’un nouveau parti. En fait, un nouveau parti ne doit pas chercher sa raison d’être uniquement dans le besoin pressant ressenti chez la base pour y adhérer, mais et surtout dans son positionnement sur l’échiquier politique et les leviers qui doivent assurer son évolution. Or ces leviers, chez les Destouriens, il faut les chercher sur le plan théorique, idéologique et politique dans le projet de société déjà instauré dans le pays depuis l’Indépendance. C’est vrai qu’il doit être revu et corrigé sur plusieurs aspects, mais il doit être fondamentalement conservé. Sur le plan de la masse humaine qui doit être choisie, les partis peuvent plutôt s’orienter vers les cadres de l’Etat qui ont servi ce projet de société, sans adhérer forcément au Destour ou au RCD. Ces cadres doivent être préférés aux militants Rcédistes ou destouriens qui se bousculent au portillon de ces partis. Sur le plan de la conjoncture politique , une étude minutieuse et pertinente de la prochaine loi électorale , et non uniquement de son article 15 qui porte sur l’exclusion , permettra d’examiner le potentiel de chaque parti destourien et d’envisager les formules de collaboration entre ces partis en vue de reconquérir le pouvoir et poursuivre la mise en œuvre du projet de société brutalement arrêtée depuis la Révolution et dangereusement menacée par le projet islamiste prôné par Ennahdha et ses alliés .

Si les partis destouriens ne placent pas la ligne de démarcation dans la société entre défenseurs et pourfendeurs du projet de société tunisiens , et maintiennent le cap pour le valoriser , ne parient pas sur les cadres de l’Etat en lieu et place sur les militants politiques , et s’ils n’examinent pas la loi électorale de manière à en faire un élément de rapprochement et de complémentarité avec les autres Destouriens , il serait difficile de concrétiser l’émergence de cette mouvance destourienne dans des scores électoraux .

Aboussaoud Hmidi

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -