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De Charybde en Scylla : l’économie, puis le djihadisme mis au rancart

La révolution a été émaillée d’errements. Au début, les erreurs n’étaient pas reconnues. Maintenant, il nous arrive de croiser quelqu’un qui nous dit sans rougir que le choix de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC), était une erreur, ou que la négligence du volet économique a appauvri le pays, mis la pression sur les hommes d’affaires, et accentué l’endettement de la Tunisie. D’aucuns soutiennent que les prémices du terrorisme n’ont pas été décelées, et que le phénomène n’a pas été appréhendé dans toutes ses dimensions.

Les citoyens qui ont voté Ennahdha sont en train de le regretter, et les alliés du parti islamiste ont l’air de dire qu’ils ont manqué de clairvoyance en optant pour une alliance contre-nature, et en choisissant de travailler avec des gens qui ne connaissent rien à la Tunisie, ni à la chose publique.

Maintenant que les langues se sont déliées, on commence à entendre des vérités qui font mal, il est vrai, mais qui délestent ceux qui les disent.

Aux premiers mois de la révolution , beaucoup de politiciens et d’intellectuels , ne voulaient pas qu’on leur dise que la Tunisie a peu de moyens , qu’elle ne peut pas se permettre de prolonger encore plus la période d’instabilité , et qu’elle doit se mettre , au plus vite , au travail , pour ne pas perdre sa place internationale dans les marchés du tourisme ,des produits phosphatés et chimiques , et dans l’exportation des produits où elle se prévaut d’un avantage comparatif.

La logique de l’ancien modèle de développement toujours en vigueur , nécessite la sauvegarde des grands équilibres financiers et économiques du pays , l’optimisation des recettes en devises , l’exploitation au mieux du capital sympathie dans le monde pour la révolution du Jasmin , la stimulation de l’élan révolutionnaire , pour créer la dynamique de développement attendue par la jeunesse et les régions intérieures .

Réactiver l’ancien modèle de développement ne veut pas dire empêcher la tenue d’un débat sur le sujet, et par-delà , adopter un nouveau modèle qui fasse l’unanimité, cela se réduit à faire usage de ce que ce modèle procure en termes de moyens et positionnement international, pour répondre aux exigences du développement.

Au lieu de cela, on a entendu à longueur de journée que ceux qui tiennent de tels propos, sont en train d’agiter l’épouvantail de l’économie, pour empêcher la jeunesse d’aller jusqu’au bout de son élan révolutionnaire. Ce faisant, la Tunisie a perdu sur les deux tableaux : elle n’a ni lancé un débat sérieux sur le modèle de développement ni réussi à préserver les grands équilibres de l’économie qui ont été sacrifiés donnant lieu à une envolée de l’inflation , à la hausse du taux de la dette par rapport au produit national brut (PNB) , et à la détérioration des termes de la balance de paiement , et l’augmentation du déficit budgétaire .

Le climat général généré par les analyses et les agissements des tenants de ces thèses, a poussé à la détérioration du climat de confiance dans le pays, à la baisse de production, au ralentissement du rythme de création d’entreprises, sans qu’on ait gagné quoi que ce soit, en contrepartie .Et la perte de positionnement stratégique dans des marchés aussi importants que les phosphates et le tourisme ne pouvait être compensée que par les dettes extérieures, qui hypothèquent l’avenir du pays .

L’autre volet agité comme un épouvantail était le terrorisme qui, sitôt abordé, vaut à ses auteurs l’accusation de porter atteinte à l’image du pays et à la bonne marche de la période transitoire. Le trafic d’armes, l’apparition de groupes djihadistes et de camps d’entraînement ont été évoqués par des observateurs et des journalistes étrangers, mais la réponse d’Ennahdha et du ministère de l’Intérieur n’a jamais varié : ce n’est qu’exagération et extrapolation. Et on rappelle que ceux qui en font leurs choux gras ne font qu’agiter l’épouvantail du terrorisme qui, selon le mouvement islamiste, est à mille lieues de nos terres vu que le pays est une terre de prédication.

Mais, on s’est vite aperçu que les exagérations et les extrapolations sont devenues l’amère réalité que découvrent les Tunisiens chaque jour aux dépens d’une évolution politique normale, d’une situation économique sereine , et d’un climat qui attire le touriste et l’investisseur étranger .

Le premier épouvantail (économique) a été utilisé par la gauche le CPR, Ettakattol, qui nous ont promis un modèle de développement à la va-vite, sans tenir leurs promesses ;le second (le terrorisme) a été utilisé pour asseoir une large alliance islamiste qui engloberait les djihadistes en son sein . Mais les deux manœuvres ont échoué, laissant aux Tunisiens des problèmes encore plus compliqués à résoudre, et une situation intenable à gérer.

Aboussaoud Hmidi

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