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Démissionnera…Démissionnera pas

De l’ensemble des éléments constituant l’accord conclu entre partis politiques sur la feuille de route , l’opinion publique n’a l’air de retenir que la date de démission du gouvernement .Or , sur ce chapitre, Ennahdha est en train de faire de son mieux pour désorienter cette opinion publique , au moment où elle a le plus besoin de quiétude et de sérénité .

En fait , dans les accords , l’aspect moral a toujours primé le volet technique , et ces accords tiennent et trouvent souvent le chemin de leur mise en application davantage grâce à l’esprit qui a prévalu à leur conclusion qu’à la clarté de leur formulation , malgré son importance .Et tout le monde a pu découvrir, au moment de la signature de l’accord du 5 octobre sur la feuille de route pour la période restante de la phase transitoire ,que l’idée qui a été reprise le plus, justement , c’est le parallélisme entre les processus politique et constituant , et l’annonce de l’intention du gouvernement de démissionner au moment du démarrage du dialogue national .Seulement ,depuis , on a assisté à un montage politique ajoutant, à chaque jour, une nouvelle condition . Mais, pour atteindre cet objectif, les dirigeants d’Ennahdha n’y sont pas allés par le même chemin. Le plus lié aux tractations se rapportant au dialogue, en l’occurrence Rached Ghannouchi, s’en est tenu , peut-être par pudeur ,à rappeler que le gouvernement ne démissionnera qu’à la fin du processus constitutant , insinuant que le prochain gouvernement sera purement électoral . Mais le fond de la pensée nahdhaouie a été exprimé par le chef du Gouvernement Ali Laârayedh , lorsqu’il a ajouté aux arguments de son chef de parti Ghannouchi la nécessité de se mettre d’accord sur la constitution , sur la composition de l’ISIE , sur la loi électorale , et sur le chef du prochain gouvernement , qui ne sera , bien évidemment , qu’électoral . Et à cette confusion, qui contredit la lettre et surtout l’esprit des accords du 5 octobre sur la feuille de route, il ajoute un démenti que ses services de presse ont opposé à l’agence de presse Reuters qui a cru comprendre de ses déclarations, dans l’interview qu’il lui a accordée, que son gouvernement démissionnerait dans 3 semaines.

Et comme si ce dossier ne suffisait pas à semer la confusion chez le Quartet , l’opposition et l’opinion publique , Ennahdha se saisit d’un autre détail pour faire passer son agenda .Il s’agit de la date du démarrage du dialogue national .Ils avancent la première semaine de novembre 2013, au moment où tout le monde s’attendait à ce qu’il commence juste après les fêtes de l’Aïd .Et même la date du 23 octobre, avancée par Rached Ghannouchi, interlocuteur des parties prenantes du dialogue , a été repoussée , goujatement paraît-il , par les représentants de la ligne dure d’Ennahdha .

On a pensé jusqu’à dernièrement, que la lutte interne au sein du parti islamiste , est une affaire interne , qui doit se résoudre par les moyens internes de ce parti , car on y a vu des aspects qui n’intéressent pas directement le sort de la démocratie en Tunisie . Ces luttes n’opposent pas démocrates et non démocrates , et leur issue ne devrait ,de ce fait, influencer qu’accessoirement la transition démocratique . Elles relèvent du régionalisme , des règlements de comptes entre ceux de l’intérieur et ceux de l’extérieur ,entre ceux qui ont amassé des richesses pendant leur exil « politique » et ceux qui sont restés dans la pauvreté . Et on a entrevu derrière la course effrénée pour accaparer le pouvoir, consacrer l’hégémonie sur les rouages de l’Etat et mettre la main sur la fonction publique et l’administration régionale, un souci de la part des dirigeants d’Ennahdha de résoudre ces contradictions par le biais des moyens de l’Etat. Seulement, cette attitude irréfléchie et qui sied mal aux normes de l’Etat moderne a placé Ennahdha devant un dilemme : si elle s’attache au pouvoir , elle s’aliène l’opinion publique nationale et internationale , et si elle le lâche, elle répondra de manquements, de dépassements et peut-être de délits commis au cours des deux années de pouvoir . Tout donne à penser qu’on est revenu à la case départ , les uns se désolidarisent des autres , comme dans les années 1990 , et ceux qui sont au pouvoir maintenant sont ceux-là mêmes qui ont purgé de longues peines , et ont l’air de ressentir qu’ils sont délaissés par les leurs ,pour être sacrifiés , à la faveur d’une équation régionale et internationale . Mais pour la Tunisie et son opinion publique, l’enjeu est tout autre, car ce jeu interne au sein du parti islamiste risque de porter de graves préjudices au pays et à la pérennité de l’Etat .

Aboussaoud Hmidi

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