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Ecobank dans la tourmente, avec un recul de 73% de son bénéfice net

Le groupe bancaire panafricain Ecobank Transnational Incorporated est dans la tourmente. Le communiqué qu’il a publié hier jeudi 14 avril fait état d’une fonte drastique de son bénéfice après impôts en 2015, un recul de trois quarts, -73% plus exactement. Un niveau jamais atteint par ce fleuron de la banque qui opère dans 36 pays du continent, emploie plus de 20 mille personnes dans 1 200 agences et bureaux et afffiche 11 millions de clients.

Ecobank subit les contrecoups des charges importantes intégrées au dernier trimestre 2015, un peu comme ce fut le cas en 2013, où de lourdes charges prises en compte au Nigeria avaient plombé les comptes du groupes. Sauf qu’à l’époque on avait pu limiter la casse à 156 millions de dollars de pertes ; alors qu’en 2015, le résultat net a chuté jusqu’à 107,5 millions de dollars. On est très loin de l’embellie de 2014 où Ecobank avait réalisé un produit net bancaire (PNB) de 394,77 millions de dollars. En une année, les recettes globales ont fondu de 8%, passant de 2,28 milliards de dollars en 2014 à 2,1 milliards l’an dernier.

La chute du naira (monnaie nigériane) par rapport au dollar est pour beaucoup dans ces mauvais résultats. A tel point que si on calcule en nairas les revenus d’Ecobank, on note une progression de +11 %, alors que son bénéfice après impôts ne chute « que » de -68%.
Mais ce qui a surtout pénalisé le résultat net d’Ecobank, c’est le déluge de dépréciations d’actifs en 2015, notamment au dernier trimestre 2015. Elles sont établies à 532 millions de dollars, contre 267 millions de dollars en 2014 et 376,7 millions de dollars en 2013. Si les dépréciations n’étaient pas prises en comptes, Ecobank aurait un PNB de 738,5 millions de dollars (-6 % sur un an, au lieu des -73% de l’an dernier)

Le DG se veut rassurant

Ade Ayeyemi, le directeur général du groupe Ecobank, questionné par Jeune Afrique sur sa politique de provisions pour faire face à la tempête, a répondu ceci : « Tout le monde devrait en faire autant dans l’environnement actuel, marqué par la chute des prix des matières premières et la dépréciation des actifs des entreprises. Durant les quatre premiers jours de cette année, le monde a perdu 4 milliards de dollars ! D’ailleurs, vous aurez noté que des banques internationales comme Standard Chartered connaissent elles aussi des difficultés. »

Tout de suite après présenté ses résultats, Ecobank a voulu se montrer rassurant pour autant dans son communiqué en expliquant sa contre-performance par une politique volontariste pour assainir son portefeuille et réviser son mode de fonctionnement. «Nos résultats 2015 sont décevants, reconnaît dans un communiqué Ade Ayeyemi. Nous avons réalisé un examen détaillé de notre portefeuille et de nos process qui ont conduit à d’importantes dépréciations passées au quatrième trimestre », dit le DG du groupe. Il a ajouté : « Cela est inacceptable pour nous et nous avons pris des mesures drastiques pour améliorer la qualité de nos actifs et de nos process». Il n’a rien dit de plus sur ces changements et ces réorientations.

Nigeria, le talon d’Achille du groupe

Par contre le patron d’Ecobank reconnait volontiers que le Nigeria est en ce moment le talon d’Achille d’Ecobank : « En tant que banque, ce qui nous affecte avant tout au Nigeria, c’est l’impact de la faiblesse des prix du pétrole sur la qualité de notre portefeuille de prêts. Avec un baril à environ 30 dollars [26 euros] aujourd’hui [contre 100 dollars il y a deux ans], il faudra plus de temps pour rembourser ces prêts. Ce sont là des éléments que nous avons pris en compte », a souligné M. Ayeyemi. Il a rappelé dans la foulée, comme une preuve de l’activation du plan d’épuration, qu’il a réduit de 40 % l’équipe dirigeante d’Ecobank Nigeria et a mis à sa tête l’Ivoirien Charles Kié.

En 2015, la branche nigériane du groupe panafricain, qui pèse 39 % dans le total des actifs, a enregistré un recul de 74 % de son bénéfice, qui s’est établi à 57 millions de dollars, avec des dépréciations qui sont montées jusqu’à 290 millions de dollars (+64 %). C’est très conséquent.

Bonne tenue dans le reste de l’Afrique

Dans l’espace UEMOA (qui concentre 30,2 des actifs d’Ecobank), on a un peu limité les dégâts avec un bénéfice net de 85 millions de dollars (-26 %). Mais la dégradation du portefeuille de prêts assombrit le tableau  : Les dépréciations ont enflé jusqu’à 77 millions de dollars en 2015, contre 45 millions de dollars en 2014.

Dans la zone Cemac (9,5 % des actifs), le bénéfice a à peu près maintenu son niveau de 2014 (-4 % à 33 millions de dollars), en dépit d’une nette progression des dépréciations (+73 % à 23 millions de dollars). Mais c’est surtout la baisse des charges d’exploitation (-7 % à 119 millions de dollars) qui a permis d’éviter le pire.

En Afrique orientale (4,8 % des actifs), grosse satisfaction pour Ecobank avec une augmentation des recettes (+26 % à 107 millions de dollars) et un bénéfice net qui a presque été multiplié par dix : 0,8 million de dollars en 2014 et 8,1 millions de dollars en 2015.

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