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Elections : Les associations « caritatives » au service de la chasse aux voix !

La problématique du financement des partis politiques fait encore polémique. Trois associations tunisiennes ont obtenu, récemment, un don étranger de 15 millions de dinars. La nouvelle n’est pas trop surprenante. Les Tunisiennes et Tunisiens sont habitués, déjà, à en apprendre ! Il pèse sur ces associations « caritatives » des soupçons d’être au service de partis politiques. On connaît bien le phénomène, mais on manque de preuves pour étayer ces soupçons, les partis politiques et les associations refusant de publier leurs états financiers, ainsi que les rapports des commissaires aux comptes, comme le stipule pourtant la loi.

Les Tunisiens ont hâte de savoir d’où vient cet argent. Quels sont ces pays qui s’intéressent à la Tunisie ! Pour quels motifs ? À qui profitent ces fonds, et à quelles fins ? Les Tunisiens sont avides de réponse! C’est depuis le déroulement des élections précédentes que les interrogations prolifèrent, notamment après les dépassements enregistrés. Rappelons, à ce propos , les dons octroyés à certains étudiants pour qu’ils puissent couvrir les dépenses d’études assez poussées, ou encore les cours privés dispensés gratuitement aux lycéens et aux bacheliers. A cela s’ajoutent les cérémonies de mariages collectifs célébrés par les dirigeants d’Ennahdha, ou encore les moutons offerts à l’occasion de la fête du sacrifice.

De possibilités financières énormes !

Et pour donner à César ce qui lui appartient, les nouvelles associations apparues dans la foulée de la révolution, disposent, quant à elles, de possibilités financières énormes, lui permettant de procéder dans certains cas à l’octroi de prêts ou de bourses pour les jeunes chômeurs.

Joint par téléphone par Africanmanager, Sami Remadi, président de l’Association Tunisienne pour la Transparence Financière (ATTF), a appelé à renforcer le contrôle du financement des prochaines campagnes électorales afin de prévenir la dilapidation des fonds publics et lutter contre le phénomène de l’achat des voix électorales.

Risque d’une situation anarchique à l’approche des élections !

Sami Remadi a affirmé, en outre, que la Tunisie risque de faire face à un grand problème et à une situation d’anarchie à l’approche des élections, soulignant que les enjeux seront plus grands parce que la question est déterminante (5 ans).

Il a souligné que plusieurs associations caritatives travaillent pour le compte d’un parti politique pour acheter les voix des personnes défavorisées, expliquant que certaines associations de développement font preuve de générosité en matière de crédits allant jusqu’à 5 mille dinars et même à annuler leurs dettes si le parti remporte les élections. Et de préciser que le nombre des associations qui travaillent sous le couvert d’associations caritatives dépasse largement le chiffre de 100, à ce jour.

Il a reproché aux partis politiques de ne pas publier les états financiers relatifs à toute l’opération électorale, ni sur les aides, ni sur les frais de règlement, alors que toute association est obligée, aux termes de la loi, d’informer le gouvernement de l’origine et des montants réels reçus et les publier dans un journal quotidien, et ce dans un délai qui ne dépasse pas un mois.

Appel à l’indépendance du ministère public !

Il a proposé, de ce fait, de charger une structure indépendante de la mission du contrôle du financement des partis et de lui accorder les prérogatives nécessaires. Cette commission devrait jouir, selon lui, de toutes les prérogatives en matière d’investigation, et si jamais elle tombe sur des fonds suspects, elle pourra saisir directement le ministère public.

Sami Remadi a appelé, également, à renforcer le rôle du Haut comité de contrôle administratif et financier, soulignant que cette instance doit être plus efficace, neutre et constitutionnalisée. Le président de ces instances doit être également neutre, indépendant et élu.

Sanctionner l’achat des voix des pauvres !

Sami Remadi a proposé de renforcer le contrôle immédiat et a priori, et donner la possibilité, aux instances de contrôle de réagir directement et immédiatement en déposant directement des plaintes auprès du procureur de la République sans passer par le pouvoir exécutif : « On a besoin d’un contrôle sans préavis et immédiat », a-t-il dit.

Il faut, également, selon lui, sanctionner ceux qui se mettraient au service des partis politiques et profiter de l’état de pauvreté et de marginalisation de certaines régions pour bénéficier de leurs voix : « Acheter la voix des gens en raison de leur pauvreté est contradictoire avec les législations et les droits de l’Homme », a-t-il dit.

Chokri Yaïch, élu de Nidaa Tounes à l’ANC a indiqué qu’aider les associations à réaliser leurs programmes d’action est une bonne chose, mais détourner cet argent pour les desseins électoraux d’un parti n’est pas logique : « Et cela, on le voit maintenant sur le terrain où il existe plusieurs dizaines d’associations pro Ennahdha qui sillonnent le pays et fournissent des aides substantielles aux gens dans les quartiers populaires, les bourgades et les zones rurales », a-t-il dit.

La jalousie de Qatar et de l’Arabie Saoudite !

Il faut, selon lui, distinguer entre les fondations étrangères qui viennent aider en termes de formation les partis et les associations tunisiennes et entre celles qui reçoivent directement de l’argent soit disant pour exécuter leur programme culturel ou de développement et utiliser ces fonds argent, par la suite, sous forme d’aide.

Il a appelé à dresser les bilans, contrôler les dépenses, et surveiller les sources de financement des associations. Il faut aussi, selon lui, voir s’il existe des liens entre ces associations et les réseaux mafieux, terroristes ou des pays comme ceux du M oyen-Orient qui cherchent à imposer leurs choix : « Des pays comme le Qatar ou l’Arabie Saoudite sont jaloux de l’expérience tunisienne en termes de droits de la femme », a précisé le député de Nidaa Tounès à l’ANC, soulignant que ces derniers essayent par tous les moyens, soit à travers la valise diplomatique, soit à travers les associations, d’introduire de l’argent pour réaliser leurs objectifs.

Khadija Taboubi

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