Ensemble pour sauver la Tunisie

Notre lecteur internaute, Noureddine Ferchichi, nous a envoyé, en guise de contribution et de libre opinion, l’article ci-après :

Le pays s’enflamme, le peuple s’insurge contre les institutions locales et contre le pouvoir central, il réclame des actes, il ne veut plus de promesses, il ne veut plus qu’on exige de lui de la patience, il considère qu’il a chèrement payé sa libération, il a versé du sang et des larmes, il ressent toujours la douleur de ses blessures, il ne veut plus de paroles pour calmer son ardeur. Le peuple exige de vivre dignement en réclamant son droit au travail et à la considération.

Ça fait une année que le peuple attend des réalisations effectives qui répondent au moins en partie, à ce qu’il a réclamé quand il s’est soulevé contre la dictature, contre l’arbitraire, contre le pillage de ses richesses, contre le despotisme, contre la corruption, contre le clientélisme et contre l’indifférence.

Le peuple considère que c’est lui qui a libéré les élites, c’est lui qui a libéré la parole et c’est lui qui a permis à ceux qui sont actuellement au gouvernement d’accéder au pouvoir .

Le peuple a le sentiment qu’il est oublié par ceux qui ont lui fait miroiter l’amélioration de sa condition, juste pour avoir son vite.

Le peuple considère qu’au lieu qu’on s’occupe de ses besoins urgents, on se chamaille pour les sièges ministériels, on lui demande d’être « plus musulman » que ce qu’il l’est, on lui propose l’immigration comme solution au chômage, on lui promet que ses frères du Golfe lui veulent du bien, on s’efforce de lui faire croire que la finance islamique lui procurera l’accès sans contrainte – et Halel en plus- au crédit.

Le peuple ne voit rien venir d’autant plus que le budget de l’Etat qu’on lui propose n’est qu’une répétition grotesque de ses précédents et ne correspond en rien à ce qui est attendu dans une période postrévolutionnaire qui exige une rupture totale avec les méthodes, les approches et les concepts du passé.

Le peuple n’admet pas qu’on oppose à ses demandes légitimes, les notions qui se rapportent aux équilibres macroéconomiques en conformité avec les exigences des instances financières internationales qui les imposent aux pays du tiers monde et ne l’exigent pas aux pays riches.

De quels équilibres macroéconomiques parle-t-on quand le peuple vit la pauvreté et le manque.

On comprend bien que le gouvernement a besoin d’un minimum de temps, mais il ne donne aucun signe fort qu’il est sur la voie d’initier un programme concret et imminent. En plus il demeure muet et ne communique pas. Il utilise les méthodes de l’ancien régime pour accabler les autres en accusant ses adversaires politiques d’être derrière les troubles que connait le pays, il les qualifie de «les zéro virgule zéro » par référence à leurs résultats électoraux et déclare qu’ils veulent déstabiliser le pouvoir en place. Se sont des manières qu’on croyait disparues à jamais car ceux là même qui accusent aujourd’hui étaient hier accusés par l’ancien régime chaque fois qu’il était confronté à la grogne du peuple. Ça n’a aucun sens et ça n’aboutira à rien !

En outre on menace en évoquant la possibilité de retarder les prochaines élections si l’ambiance de contestation perdure. Le peuple doit se « la boucler » pour ne pas être puni !

On a l’impression que nos gouvernants connaissent mal le peuple qui les a élus, on a l’impression qu’ils connaissent mal ce que la misère, la pauvreté, la précarité et l’indigence peuvent engendre comme défis à toute puissance ! Surtout quand on a rien à perdre et quand on a tout subi : mépris, souffrance, inconsidération etc.

Il va sans dire que le peuple n’est pas dupe quand à chacune de ses manifestations pour réclamer ses droits, on lui oppose une autre manifestation faisant des louanges au gouvernants et taxant ceux d’en face de trahison et d’autres qualificatifs sans oublier d’user de leurs bras pour les violenter. Ça rappelle au peuple les pratiques des cellules RCD et de leurs milices dormantes.

Il est à rappeler à ces partis au pouvoir et à certains d’autres qui ne le sont pas, que leurs campagnes électorales populistes avaient promis monts et merveilles et avaient fait des promesses à caractère social et économique sans se soucier de la réalité du pays, alors qu’il fallait tenir un discours réaliste et se limiter à la construction de l’Etat démocratique et la rupture radicale avec un régime corrompu et totalitaire.

Les gouvernants avaient-ils compris ce que voulait dire « le peuple veut faire tomber le régime » ? Avaient-ils saisis le sens de ce slogan dont le contenu nécessite tout un programme pour déraciner le mal et construire un Etat nouveau où tous les citoyens deviennent dignes, fières, libres et égaux ?

On peut s s’étendre sur tas d’aspects négatifs qui ont caractérisé le peu de temps qu’a eu ce gouvernement dans l’exercice de pouvoir, à savoir notamment :

-sa lenteur quant à décision de répondre sans attendre, à au moins une partie , aux attentes fort pressantes de la population,

-sa faiblesse quant à l’application de la loi concernant les atteintes aux libertés

-sa tolérance incompréhensible vis-à-vis des agissements des salafistes qui ont l’intention de désagréger une cohésion identitaire d’un peuple qui n’a pas de problème avec son identité. Ces mêmes salafistes qui usent de la violence, qui manifestent de la haine aux femmes et aux minorités de notre Tunisie, ont porté atteintes aux intérêts du pays et terni l’image des valeurs scandées par une révolution qui a ébloui le monde,

-son recours systématiques et démesurés aux dénigrements de ses adversaires politiques, des médias et des journalistes et d’autres composantes de la société civile.

-son incapacité à rassembler et à communiquer en vue d’élargir la participation à la formulation de vraies réponses

-impression d’une absence de volonté et de vision quant à la nécessité d’assurer une transition démocratique permettant d’une part de mettre devant leurs responsabilités, tous ceux qui ont tué , torturé et blessé des innocents, tous ceux qui étaient les auteurs avérés dans l’édification d’un système despote et ont participé à la spoliation des droits et des richesses, ceux qui se sont enrichis sans cause et généralisé un système de corruption, et d’autre part de construire un avenir commun sur des bases qui se réfèrent aux valeurs de la révolution et qui aboutissent à une réconciliation nationale.

Ceci dit, il est d’une priorité absolu aujourd’hui de s’atteler à faire participer toutes les parties concernées par l’avenir du pays dans la formulation de solutions appropriées et en adéquation aves les attentes de la population, car aucune partie, quelque soit sa force et les moyens dont elle dispose, ne peut à elle seule revenir la charge d’apporter des solutions et faire face aux demandes pressantes des populations démunies. Mettons alors tous la main dans la main et faisons preuve de responsabilité commune, celle de sauver notre pays du désastre.

Noureddine FERCHICHI

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