AccueilLa UNEFitch persiste et signe, perspective négative

Fitch persiste et signe, perspective négative

« Fitch Ratings a confirmé les notes de défaut émetteur à long terme en devises étrangères et en monnaie locale (IDR) de la Tunisie à ‘BB-‘ et ‘BB’ respectivement. Les notes d’émission d’obligations privilégiées non adossées à des devises étrangères ont également été confirmées à ‘BB-‘. La perspective sur les notes IDR à long terme est négative. Le plafond pays a été confirmé à ‘BB’ et l’IDR à court terme en devises à ‘B’.

Risque politique élevé et déficit budgétaire accentué

Fitch explique sa notation par le fait que le risque politique reste élevé tout en ayant régressé suite à l’adoption de la nouvelle constitution et la formation d’un gouvernement de technocrates, début de 2014, que l’agence considère comme une étape importante dans l’atténuation de l’instabilité politique. Du point de vue de Fitch, la transition politique demeure cependant longue et l’incertitude persiste au sujet du calendrier des élections présidentielles et législatives et sur le fait de savoir si ces élections peuvent apporter la stabilité politique et la relance économique.

Fitch relève, en outre, que le déficit budgétaire s’est creusé à 6,5% du PIB en 2013 contre 4,5% en 2012, portant la dette publique à 45,4% du PIB contre 44,3%. Il s’agit d’un niveau plus élevé que celui des pays notés BB et Fitch s’attend à ce qu’il dépasse 50% du PIB d’ici la fin 2015. L’agence prévoit également une consolidation budgétaire modérée dans les années à venir, mais ajoute que la recapitalisation des banques va probablement peser sur les finances publiques en 2014 et 2015.

L’agence de notation souligne que la Tunisie bénéficie d’un fort soutien des institutions financières internationales et des créanciers bilatéraux. Après une pause dans les décaissements par les créanciers officiels à la fin de 2013, l’aide internationale a repris depuis l’adoption de la nouvelle constitution. Fitch s’attend à de grands décaissements de la part du FMI et de la Banque mondiale en 2014, ainsi qu’à un soutien bilatéral de la part des États-Unis et du Japon pour financer les besoins budgétaires et d’emprunt externe au cours de l’année et, dans une moindre mesure, en 2015. La dette a des échéances longues, mais une part importante (57%) est en devises étrangères.

– Fitch considère les finances extérieures comme un point faible. En raison des exportations atones vers l’Union européenne et du ralentissement des recettes du tourisme, le déficit du compte courant de la Tunisie s’est constamment creusé au cours des dernières années pour s’établir à 8,4% du PIB en 2013. Les flux modérés d’IDE ( 52,8% du PIB en moyenne sur les trois dernières années) ont contribué à une augmentation de la dette extérieure, et les réserves en devises à 3,2 mois de couverture du compte courant de paiement à la fin de 2013, sont faibles. La dette extérieure nette, à 61% des recettes du compte courant à la fin de 2013, restera au-dessus de la médiane BB (32,9%) dans les années à venir.

– La croissance du PIB réel a récemment été plus lente que dans les pays similaires notés «BB», tombant à 2,6% en 2013 après un rebond en 2012 (3,7%). Fitch s’attend à une reprise progressive en 2014 et 2015, soutenue par la normalisation politique et relance économique dans les pays de l’UE. Malgré les troubles économiques suite à la révolution du jasmin, la volatilité économique reste inférieure aux pays notés ‘BB’, et Fitch s’attend à ce que les pressions inflationnistes s’atténuent progressivement en 2014-2015 après un pic de 6,1% en moyenne en 2013.

– Les indicateurs de développement, y compris le PIB par habitant, les indicateurs de gouvernance, l’indice de développement humain ainsi que l’épargne et les taux d’investissement, sont globalement en ligne avec ceux des pays semblables notés ‘BB’. La Tunisie se prévaut d’un fichier d’antécédents vierges et propres en matière de remboursement de la dette.

– La faiblesse du secteur bancaire pèse sur les notes. Compte tenu du taux des créances non performantes des banques publiques qui s’élevait à 21%, fin juin 2013, des réserves de fonds propres fragiles et des grands risques auxquels s’exposent les entreprises vulnérables appartenant à l’Etat, Fitch s’attend à ce que le gouvernement fournisse aux banques publiques son appui pour leur recapitalisation et restructuration. Fitch estime à 2% -3% du PIB le coût de la recapitalisation pour 2014-2015.

Les risques de dégradation de la note

Fitch précise que la perspective négative reflète les facteurs de risque suivants qui peuvent, individuellement ou collectivement, entraîner une dégradation de la note:

– Reprise des tensions politiques dans la perspective ou après les élections présidentielles et législatives, ou dans l’éventualité d’un échec dans la formation d’un gouvernement cohérent

– Echec de la réduction du déficit budgétaire et du déficit courant à moyen terme ou recrudescence des incertitudes sur les options de financement du déficit

– Besoins de recapitalisation matérielle du secteur bancaire en deçà de nos prévisions ou matérialisation des passifs éventuels des entreprises appartenant à l’Etat

Au titre des hypothèses clés, Fitch prévient que ses notes sont sensibles à un certain nombre d’hypothèses. L’agence estime que les progrès vers la transition politique se poursuivront jusque et au-delà des prochaines élections sans une rupture dans le processus ou une violence généralisée.

Fitch considère que les créanciers multilatéraux et bilatéraux demeureront en faveur de la Tunisie au cours des prochaines années. En particulier, Fitch considère que les décaissements des prêts du FMI et la Banque mondiale couvrent une grande partie des besoins de financement publics et extérieurs de la Tunisie en 2014 et, dans une moindre mesure, en 2015. Fitch table sur une reprise graduelle de l’économie dans la zone euro, à 1,1% en 2014 et 1,4% en 2015, contre -0,4% en 2013.

Fitch présume également que les autorités actuelles ou le futur gouvernement ne répudieront pas la dette publique extérieure contractée sous l’ancien régime, pour cause d’illégitimité.

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -