AccueilLa UNEGaza : Israël en peine de voir le bout des tunnels !

Gaza : Israël en peine de voir le bout des tunnels !

S’exprimant sur les Accords d’Oslo signés le 13 septembre 1993, le Leader Habib Bourguiba s’est fendu d’un commentaire qui est passé à la postérité comme l’un des plus prémonitoires de toute l’histoire du conflit israélo-palestinien : « Trop peu, trop tard et des extrémistes des deux côtés ». Alors que le carnage auquel se livre actuellement Israël à Gaza semble promis à de funestes lendemains, il doit tomber sous le sens de se remémorer mutatis mutandis ce constat qui donne la mesure de l’aveuglement des dirigeants de l’Etat hébreu depuis bien des lustres et pour tout dire depuis la création de cette entité fondée sur des dogmes tirant leur essence de la force , du mépris du droit des autres à une patrie et d’une irrépressible paranoïa politique.

Cela fait bientôt un mois que l’armée israélienne bombarde sans vergogne une population livrée à elle-même, faisant des centaines et des centaines de tués, pour la plupart des femmes et des enfants, au milieu d’un mutisme international majoritairement complice. Mais la singularité de cet épisode, manifestement plus sanglant que ceux, nombreux, qui l’avaient précédé, est que les Palestiniens résistent plus férocement à l’agression, et rendent des coups toujours plus meurtriers parmi les forces assaillantes, comme en témoigne le bilan fait par le commandement israélien lui-même faisant étant, à ce jour, de 67 tués, ce qui est inédit par tous les paramètres pour le Tsahal. Encore et surtout, la population palestinienne de Gaza, malgré la dévastation et la folie meurtrière de l’occupant, est bien décidée à ne pas jeter les armes, alors que ses combattants, plus aguerris que jamais, font preuve d’un surcroît d’inventivité et de maîtrise des armes, sans parler de la volonté, partout évidente, de résister et de déjouer les plans israéliens, pour obtenir par tous les moyens, la fin du blocus imposé à l’enclave.

Pour ce faire, les Palestiniens disposent de deux atouts majeurs, les tunnels et les roquettes. Dans cette Gaza sous Gaza , maillée de galeries souterraines et, en surface, de plateformes de tir de fusée de portée de plus en plus longue, il sera de plus en plus difficile pour Israël d’avoir le dernier mot, comme le reconnaissent les experts militaires et analystes politiques israéliens eux-mêmes. Avraham Burg, ancien président de la Knesset (Parlement israélien), ne vient-il pas d’affirmer que « Nous réalisons aujourd’hui que l’armée n’a pas de solution parce que la direction politique n’a pas de vision. La guerre est une perte d’énergie qui ne mène nulle part ». Une évidence à laquelle l’establishment israélien ne semble pas prêt à se rendre tant il est rivé à des dogmes obsolètes et politiquement dévastateurs et que nul parmi les dirigeants de l’Etat hébreu ne veut regarder en face.

En fait, vingt-sept jours de frappes massives n’ont pas anéanti la menace militaire que fait peser sur Israël le Hamas, crédité par l’institut international d’études stratégiques (IISS) de 20’000 combattants. L’armée israélienne estime en avoir tué quelques centaines, mais n’a annoncé la mort d’aucun chef important de la branche militaire du mouvement islamiste.

«Le Hamas n’a pas été mis à genoux, ses combattants continuent de lancer des missiles sur Israël» et «mènent une lutte acharnée pour protéger ses tunnels», reconnaît le général de réserve israélien Yaacov Amidror, dans une note du centre Begin-Sadate pour les études stratégiques.

Selon l’éditorialiste du quotidien israélien «Yediot Aharonot», Nahum Barnéa, même en cas de très hypothétique trêve durable, Israël devra accepter deux concessions: une reconnaissance du gouvernement palestinien d’union, composé de personnalités indépendantes mais soutenu par le Hamas, fruit de la réconciliation entre l’organisation de libération de la Palestine (OLP) et le mouvement islamiste; et un allègement partiel du blocus, comme l’exige le Hamas. «C’est le prix qu’Israël devra payer à la fin de ses opérations.»

Le quotidien livre un récit édifiant du conseil des ministres israélien de jeudi, quand un compte-rendu des opérations par le ministre de la Défense Moshé Yaalon a été accueilli par les commentaires désabusés de certains de ses collègues: «Nous ne les avons pas battus».

Dans cette configuration où rien ne semble devoir faire bouger les choses à l’intérieur d’Israël enfermé dans sa logique de force militaire et d’aveuglement politique, des voix s’élèvent à l’étranger pour indiquer une autre voie. Retenons-en celle sous forme de cri de colère, proposée par l’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin qui appelle à une interposition de l’ONU dans les territoires occupés et à des sanctions contre l’Etat hébreu, dans une tribune virulente publiée vendredi par Le Figaro.

« Il n’y a pas en droit international de droit à la sécurité qui implique en retour un droit à l’occupation et encore moins un droit au massacre », s’insurge l’ancien Premier ministre qui estime qu’Israël « ne peut se prévaloir du fait que le Hamas instrumentalise les civils pour faire oublier (qu’il) assassine ces derniers ».

« Oui il y a une terreur en Palestine et en Cisjordanie, une terreur organisée et méthodique appliquée par les forces armées israéliennes, comme en ont témoigné de nombreux officiers et soldats israéliens écœurés par le rôle qu’on leur a fait jouer », écrit-il encore.

« Il n’y a aujourd’hui ni plan de paix, ni interlocuteur capable d’en proposer un », regrette-t-il en dénonçant l’absence de « partenaire en Palestine … Il n’y a plus de partenaire pour la paix en Israël … il n’y a plus non plus de partenaire sur la scène internationale ». Dominique de Villepin a tout dit. Sera-t-il écouté ?

Mohamed Lahmar

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