AccueilChiffreGaza : L’armée israélienne face à une guerre d’usure !

Gaza : L’armée israélienne face à une guerre d’usure !

Le ton devient bien nuancé, côté israélien. L’euphorie des premiers jours a laissé la place à la circonspection et à la réserve. Les Israéliens disent maintenant que leur armée se retire de Gaza après avoir accompli sa mission, et expliquent ce retrait par la destruction, lors des bombardements, de 32 des 40 tunnels et plusieurs dizaines de puits, recensés au début de l’opération.

Des responsables militaires ont annoncé, mardi 5 août, que les tunnels qui mènent de Gaza vers Israël ont été détruits, et que la trêve de 72 heures proposée par l’Egypte et acceptée, lundi soir, par les deux parties, est entrée en vigueur à partir de mardi à 8 heures du matin. Ils ont annoncé, toutefois, que l’armée israélienne réagirait à toute attaque à la roquette ou par le biais de commandos en provenance de la bande de Gaza. Et comme pour dévoiler les rancœurs de part et d’autre, le Hamas a continué, jusqu’à la dernière minute avant l’entrée en vigueur de la trêve, à lancer des roquettes sur des dizaines de villes israéliennes, tandis que l’aviation israélienne a continué ses raids contre plusieurs localités de Gaza.

Le processus des pourparlers indirects entre Israël et le Hamas, engagé mardi matin, vise à mettre fin à 28 jours de bombardements meurtriers et de lancement de milliers de roquettes sur les villes israéliennes. En acceptant cette trêve, Israël revient sur une précédente décision de maintenir ses troupes dans la bande de Gaza. Déjà les observateurs ont compris que l’acceptation du Hamas de la trêve était conditionnée du retrait militaire israélien, car il n’a accepté l’arrêt des combats qu’après l’affirmation, lundi, d’un responsable israélien que si le cessez-le-feu est respecté, aucune présence des forces israéliennes ne sera nécessaire à Gaza. Le dernier en date des bilans de cette agression fait état de 1850 tués et 10 000 blessés du côté palestinien.

En Israël, l’heure est aussi au bilan. Et Benjamin Netanyahu, qui se trouve en face d’une opinion publique locale bien remontée, une extrême-droite bien structurée, une armée qui sent l’humiliation face à un ennemi au faîte de sa force, et une opinion publique internationale bien décidée à dénoncer ce qu’elle n’hésite plus à qualifier de «génocide », voit sa marge de manœuvre se rétrécir au fil des jours.

Pour calmer le jeu, Netanyahu ne cesse d’affirmer que « toutes les options restent encore ouvertes », laissant planer l’idée d’une guerre d’usure à laquelle les Palestiniens sont mieux préparés que lui. Mais les Israéliens ne se font plus d’illusion sur les nouveaux rapports de force. Déjà plus de 64 soldats israéliens ont trouvé la mort, dont 11 à travers les tunnels , 9 ont été tués en territoire israélien à des points de regroupement, d’autres ont été tués à l’intérieur de Gaza soit, avec des armes antichars, ou par des commandos qui sortaient de tunnels dans des zones considérées comme pacifiées, et au moins deux soldats israéliens auraient été tués, au moment de leur capture, par leurs collègues , pour priver le Hamas de les utiliser comme monnaie d’échange contre des prisonniers palestiniens.

L’aéroport Ben Gourion a été paralysé pour quelques jours, sous l’effet des roquettes du Hamas et a été déserté par les 3/4 des compagnies aériennes étrangères qui l’utilisent. Le secteur du tourisme a subi un coup d’arrêt durant le mois des combats, entraînant une chute de l’économie. Au total, les pertes économiques induites par l’agression de Gaza sont estimées à 3,5 milliards de dollars US.

Israël veut minimiser les réactions parfois vigoureuses de l’opinion publique internationale à ses crimes, préférant parler de la montée de l’antisémitisme, surtout en Europe. Mais la réalité est toute autre.

Les artistes espagnols ont adressé une lettre dans laquelle ils condamnent l’incursion de l’armée à Gaza la dénonçant comme un « génocide », et le puissant couple d’Hollywood Penelope Cruz et Javier Bardem a donné une nouvelle portée à cette initiative en y souscrivant.

La lettre, qui a été publiée dans plusieurs journaux espagnols, précise que la situation à Gaza « est difficile à comprendre et impossible à justifier, et il est honteux que l’Occident puisse permettre un tel génocide ».

Réagissant aux déclarations du porte-parole des Affaires étrangères canadien, qui a affirmé que le Hamas et ses alliés portent l’entière responsabilité des pertes des civils innocents à Gaza, près de 500 universitaires, juristes et défenseurs des droits de l’homme ont accusé, jeudi 31 juillet, dans une pétition, le gouvernement de Stephen Harper de « discréditer » le Canada en adoptant une position « déséquilibrée et partisane » exagérément pro-israélienne dans le conflit actuel.

Les signataires de la pétition publiée par le « Globe and Mail » ont rappelé le lourd bilan humain des affrontements et estimé que « le mépris pour le droit international exprimé par le silence du Canada sur de possibles violations très graves, discrédite le Canada ».

Sur le plan diplomatique, le Chili et le Pérou rappellent leurs ambassadeurs en Israël « pour consultations », suivant l’exemple du Brésil et de l’Equateur. Le Salvador rappelle son ambassadeur d’Israël, afin de protester contre « la politique génocidaire menée par l’Etat colon ». Le Chili a qualifié l’opération militaire de « châtiment collectif à l’encontre de la population civile de Gaza ».

Sur un autre plan, le Hamas a démasqué des espions locaux qui ont aidé Israël à localiser et détruire les maisons du Hamas. 30 personnes soupçonnées d’être des collaborateurs, dans le nord de Chajaya, ont été exécutées par le contre-espionnage de l’organisation islamiste, selon des sources dans la bande de Gaza. Beaucoup de suspects avaient des armes, des téléphones et des cartes SIM de la compagnie israélienne de téléphonie.

Parallèlement, une procédure judiciaire a été engagée par l’avocat français, Gilles Devers au nom du ministre palestinien de la Justice contre l’Etat d’Israël, à la Cour pénale internationale (CPI), pour « crimes de guerre, commis par l’armée israélienne en juillet 2014 en Palestine, dans le contexte de l’opération militaire appelée Bordure protectrice » lors des opérations israéliennes à Gaza.

Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Navi Pillay, a appelé, mercredi à une enquête sur de possibles crimes de guerre commis par Israël à Gaza, dénonçant les  »attaques aveugles menées par le Hamas contre des zones civiles ». L’ONU a également dénoncé le bombardement des écoles de Gaza gérée par l’UNRWA et dans lesquelles des dizaines de Palestiniens ont trouvé la mort. Réagissant à ces crimes, Ban Ki-moon s’est exclamé : «C’est un scandale du point de vue moral et un acte criminel».

Israël qui a engagé l’opération « Bordure protectrice » dans l’espoir de cumuler des gains politiques et sécuritaires s’est rendu compte que les développements ont pris un autre cours , et que désormais il a affaire à une opinion publique internationale éveillée, à des intellectuels avertis et à un peuple palestinien qui retrouve son unité malgré les contingences et les contretemps. Et cette nouvelle donne ne peut plus être éludée par des manœuvres faisant croire à l’opinion publique internationale que ce qui est à redouter c’est le terrorisme qui provient des Palestiniens et ce qui est à conjurer c’est bien l’antisémitisme qui prend pour cible les Israéliens pacifiques.

Aboussaoud Hmidi

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -