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Gaza : Pour Israël, c’est une guerre pour rien

En 50 jours Gaza a essuyé 60.664 raids israéliens qui ont détruit une infrastructure déjà délabrée et délogé 450.000 palestiniens qui sont désormais sans abris à l’approche de l’hivers. Des centaines d’établissements scolaires ne sont plus en état de recevoir les élèves pour une rentrée scolaire qui aura lieu, en théorie, dans quelques jours.

Coté israélien Benjamin Netanyahu est au plus bas des sondages, et le taux de satisfaction des Israéliens à son égard passe de 50% au début du conflit à 38% , 50 jours après , situation dont profitent ses deux principaux contradicteurs au sein du cabinet de sécurité restreint, Naftali Bennett qui a grimpé dans les sondages( il est crédité de 18 sièges à la Knesset et plus contre 12 sièges actuellement), et Liberman, qui réhabilite son parti affaibli avec son électorat traditionnellement belliciste.

Des débats houleux relatés suite à des divergences des principaux ministres, à tel point que Natanyahu a préféré , mardi 26 août ,donner son aval à l’accord du cessez-le-feu proposé par l’Egypte, sans prendre l’avis du cabinet restreint devenu à ses yeux ingérable.

A Gaza ,on est en face d’une destruction systématique sans précédant, mais à un réel sentiment de victoire partagé par tous les Palestiniens qui sont parvenus à faire valoir leurs droits tout en maintenant leur unité. Côté israélien, c’est sur une amertume et un sentiment d’échec que l’opinion publique se réveille. Des observateurs commencent à établir un parallèle entre l’opération Bordure Protectrice à Gaza en 2014 et la guerre du Liban en 2006.

En fait, les premiers signes de l’échec israélien ont été perçus dès la mi-août .Le cabinet de sécurité israélien s’est divisé à propos de l’issue de l’opération.

Netanyahu et le ministre de la Défense Moshe Yaalon , appuyés par le chef d’Eta-Major de l’Armée Benny Ganz ,ont plaidé pour stratégie de « patience et de détermination » dans la conduite de la guerre, au moment où les ministres de l’Economie Naftali Bennett et des Affaires étrangères Avigdor Liberman, ont mis en garde que cette stratégie qui ne peut pas obliger, à leurs yeux , le Hamas à mettre fin aux tirs de roquettes, prônant une reconquête pure et simple par l’armée israélienne de la bande de Gaza qu’elle a quittée précipitamment en 2005.

Ce désaccord qui a éclaté aux plus hauts échelons d’Israël, n’a pas empêché Israël d’avaliser la trêve, mais annonce des obstacles à son application et menace surtout l’avenir de Netanyahu qui a adopté ce cessez-le-feu presque à contre-courant des thèses adverses et de l’avis d’une grande partie de l’opinion publique israélienne.

Coincés par leurs contradicteurs, les poussant dans une logique de surenchère électoraliste à choisir la reconquête de Gaza , et redoutant une guerre d’usure imposée par le Hamas, le trio, Natanyahu Yaalon et Ganz voulait à tout prix écarter le scénario de la reconquête qui sera une option coûteuse pour l’armée israélienne et rassurer l’opinion publique de plus en plus sceptique.« Si les dirigeants du Hamas pensent qu’ils peuvent nous fatiguer… ils se trompent. Nous n’allons nulle part, nous avons de la patience », a clamé tout haut le ministre de la Défense Yaalon . Mais il a en même temps fait sortir l’arme des assassinats des chefs militaires du Hamas( assassinats exécutés mardi 19 et jeudi 21 août) pour redorer le blason de son armée désorientée et donner l’impression que la guerre a réalisé des acquis.

Les ministres de l’économie et des affaires étrangères prennent Ganz pour cible. Ils lui reprochent de ne pas avoir frappé fort le Hamas pour le soumettre, au lieu de chercher à mettre fin à la guerre, au plus vite et d’avoir suggéré au gouvernement d’accepter le cessez-le-feu proposé par les Egyptiens et de ne pas avoir fait assez pour démanteler l’infrastructure du Hamas.

Des informations, révélées par la 10ème chaine israélienne indiquent que Mohamed Dheif a été détecté dans la maison où a été tuée sa femme et ses deux enfants, 48 avant le bombardement. Mais la décision du cabinet restreint ,chargé de la sécurité était d’attendre la fin de la trêve .Ce qui a permis à des commentateurs de dire que la trêve a été imposée à Israël ,et qu’elle a été décidée et maintenue à ses dépens.

En fait l’accord adopté mardi ressemble plus ou moins à ceux conclus en novembre 2012 et janvier 2009,entre Israël et Hamas, et les deux précédents n’ont pas été respectés surtout par Israël, et dans un mois, on verra s’il y a une réelle volonté pour le mettre en pratique.

On est loin de la démilitarisation de Gaza exigée par les Israéliens au début de l’opération. Et les Palestiniens, unis cette fois, exigent la levée totale du siège imposé à la bande de Gaza depuis 2006, en trouvant une solution globale qui comprend un accord final sur les 7 points de passage (6 avec Israël et un avec l’Egypte), sur le port et l’aéroport et la reconstruction de la bande de Gaza dans sa totalité.

Rappelant le sort de son maitre Menahim Begin qui a conquis Beyrouth en 1982 , pour s’apercevoir qu’il n’a rien gagné, Natanyahu est maintenant conscient qu’il a mené une guerre pour rien. Il était devant un choix simple imposé par ses ministres ultras et une opinion publique galvanisée par un discours belliciste aux premiers jours de l’opération : venir à bout militairement du Hamas et anéantir totalement la bande de Gaza. Mais il s’aperçoit que c’est un choix couteux. Il s’en détourne, mais ne gagne rien en contrepartie pour cette modération improvisée, et se met , sur la pointe des pieds, dans une voie de garage qui le place déjà dans une retraite anticipée.

Aboussaoud Hmidi

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