En quelques jours, Imed Dghij est devenu un symbole de la contestation révolutionnaire en Tunisie. Imen Triqi , Sihem Badi , les Abbou , Ennahdha et ses députés ,ceux du CPR et ceux de Wafa sagitent, depuis son arrestation, mercredi dernier, pour le libérer . Les défenseurs de Dghij n’ont jamais pu donner une dimension politique à leur campagne, et le rassemblement des adeptes et sympathisants des Ligues de la Protection de la Révolution (LPR) à la Kasbah, vendredi, n’avait revêtu aucun aspect politique évident, n’étant quune occasion, une autre, pour sattaquer aux forces de sécurité et les insulter. Et cette initiative a été en parfaite harmonie avec les propos haineux et menaçants que Dghij n’a cessé de proférer, à travers des vidéos, contre tout le monde, de Kamel Letaïef, aux hommes des médias en passant par les forces de sécurité et les magistrats , sans être nullement inquiété . Sen prenant à tout le monde et agressant tous ceux qui ne sont pas de son avis, il a réservé de virulentes et acérées flèches à Rached Ghannouchi lui-même, le 26 août 2013, lorsque le leader islamiste a décidé d’abandonner la loi de limmunisation de la Révolution. Profitant de cette impunité qu’il croyait éternelle, Imed Deghij a su utiliser ce « statut » pour faire croire à ses adeptes qu’il est influent , et qu’il se place au-dessus de la loi et de toute la classe politique .
La campagne pour libérer Imad Dghij a divisé les observateurs politiques. Daucuns y ont vu les signes dune panique de la part des forces politiques et des organisations non gouvernementales (ONG) qui lui ont apporté le soutien matériel et la couverture politique qu’il demandait, craignant que cette arrestation ne révèle les liens compromettants les unissant à ce personnage controversé.
Une deuxième thèse, défendue par dautres, voit dans cette contestation un ultime sursaut de la part de certaines formations politiques qui veulent faire de Imed Dghij un symbole pour leurs prochains combats contre le consensus qui sest dessiné depuis ladoption de la Constitution , la formation du Gouvernement Mehdi Jomâa et le resserrement de létau autour du terrorisme . Ces formations politiques et ces ONG se sont trouvées à découvert, et se sont aperçues que la Tunisie est entrée, depuis, dans une nouvelle étape , dans laquelle elles nont pas investi , et de ce fait, elles vont se retrouver en marge du paysage politique qui se profile, et ne conserveront pas ainsi la place qui était la leur dans le processus du 23 octobre 2011, devenu caduc .
Mais si la première thèse met en évidence les dangers encourus par les forces politiques et les ONG proches de Imed Dghij après son arrestation , la seconde montre les dangers qui guettent le pays tout entier , si Imed Dghij venait à se muer en symbole de la Révolution tunisienne , et si le nouveau tournant de janvier 2014 passe, aux yeux de lopinion publique , comme une trahison de cette Révolution .
Parallèlement aux stratégies adoptées par les révolutions aux quatre coins du monde et aux leaders qui ont mené à bien ces stratégies aboutissant au succès de ces révolutions, ces épopées humaines ont choisi des symboles pour leur grande marche. Pour les Latino-Américains , il y avait Simon Bolivar , Che Guevara , pour les Balkans il y avait Josef Broz Tito , pour la Chine, il y avait Mao Tsé Toung , pour le Vietnam , il y avait Ho Chi Minh et le Général Giap , pour la Palestine , il y a eu Arafat et Guevara Gaza , tombé en martyr en mars 1973 et bien d’autres . Mais il serait malheureux qu’Ennahdha , le CPR , Wafa et Imen Triqi nous fourguent le nom de Imed Dghij pour en faire le symbole de la révolution tunisienne, et le destiner à être auréolé de la gloire de servir demblème pour leurs prochains combats contre la concorde nationale et pour entraver la lutte efficace contre le terrorisme .
Aboussaoud Hmidi