AccueilLa UNEL'étau va-t-il réellement se resserrer autour de l'islam politique?

L’étau va-t-il réellement se resserrer autour de l’islam politique?

Y-a-t-il un lien entre le kidnapping de Abou Anas Al-Libi par les Américains à Tripoli , les révélations de Tayeb Laâguili sur la connexion triangulaire entre Abdel Hakim Belhaj, Abou Iyadh et Ennahdha , les avertissements de Mohamed Salah Al Hidri sur l’imminence d’une attaque contre la Tunisie par les brigades des Ansars Charia installées et entraînées en Libye, et la conférence de presse tenue à Tunis par les responsables de la ville Zenten dans laquelle ils se sont dissociés du leader politique libyen Abdelhakim Belhaj ?

Les rapports ne sont pas toujours clairs, mais plusieurs observateurs repèrent un lien entre ces évènements, qui se sont enchaînés à forte cadence et en moins d’une semaine. Quelques observateurs sont allés jusqu’à entrevoir l’ébauche une nouvelle orientation politique américaine en matière de lutte contre le terrorisme.

C’est vrai que ces évènements ont été précédés par les affrontements de Nairobi, au Kenya du 23 septembre , qui ont ravivé les craintes d’une recrudescence du terrorisme , mais l’évènement le plus important vécu par la diplomatie américaine comme un drame et ressenti comme une humiliation était, sans conteste, l’assassinat de l’ambassadeur américain à Benghazi, le 11 septembre 2011. Il devrait être à l’origine d’un changement dans l’approche de l’administration Obama du dossier islamiste. Mais, un concours de circonstances a émoussé l’ardeur de l’administration Obama . D’abord , la date du meurtre de l’ambassadeur qui a coïncidé , peut-être à dessein , avec la campagne électorale d’Obama et qui a placé le parti démocrate dans l’obligation de présenter une version allégée des faits pour faire gagner son candidat . Les démocrates avaient, en effet, besoin du concours des islamistes de la région pour présenter l’évènement comme un incident fortuit, sans réelle portée politique et sans lien direct avec Al-Qaïda et le terrorisme international. Ensuite ,la réponse positive des islamistes à cette requête du parti démocrate , car ils ont répondu présent , et confié cette tâche à Rached Ghannouchi qui a présenté la version sollicitée dans une interview au quotidien londonien de langue arabe Al-Hayat, dans son édition du 30 septembre 2012 ,( lire notre article en arabe du 3/1/2013) , facilitant ainsi la réélection d’Obama et sauvant partiellement la carrière de la très influente Susan Rice, représentante des Etats-Unis à l’ONU ( et qui occupe , depuis le 1er juillet 2013 , l’éminent poste de conseillère à la sécurité nationale des États-Unis) .Elle s’est, en fait, hasardée , pour défendre son président-candidat , à aller dans ce sens pour expliquer les circonstances de l’assassinat de l’ambassadeur , avant même que les premières investigations soient menées de manière officielle , attitude qui a été dénoncée vigoureusement par les républicains .

Ces vicissitudes ont compliqué, pour un moment, les rapports entre l’administration Obama et les islamistes de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, et surtout rendu inopérante toute velléité de la part des Etats-Unis de remettre en question les orientations de leur politique extérieure dans la région. Et les grandes hésitations américaines au sujet de la crise égyptienne , illustrent le retard pris par ce pays pour se mettre au diapason des attentes des peuples et réaliser les dangers encourus par les Etats-Unis du fait des alliances qu’ils ont tissées dans la région .

La complexité des rapports entre l’administration américaine et les islamistes de la région , prend son origine dans le choix fait par les Etats-Unis de confier aux courants et partis modérés de l’islamisme l’exclusivité de traiter avec les extrémistes et les salafistes , et de laisser à ces courants et partis le temps et la marge de manœuvre pour gérer ce dossier comme bon leur semble . Seulement, les Etats-Unis se sont aperçus que l’islam politique , dit modéré, s’est érigé en bouclier pour défendre les extrémistes et les terroristes et leur trouver excuses et alibis pour les crimes qu’ils commettent contre l’Etat , les citoyens de leur pays et la stabilité mondiale . Et dans le paysage politique de la région, des gens comme Abdelhakim Belhaj en Libye , Mohamed Baltagi et Saâd Ktatni et Mohamed Badii en Egypte sont devenus l’emblème d’une période qui fera entrer la région dans la démocratie et la prospérité . La conversion d’Abou Anas Al-Libi est elle aussi emblématique pour une jeunesse éprise d’aventure djihadiste qui rêve de la voir se terminer dans l’opulence et la quiétude malgré les crimes commis.

Devant ce fiasco annoncé puis ressenti comme un cauchemar, Obama a entamé son second mandat en remplaçant Hillary Clinton jugée trop acquise aux thèses islamistes par John Kerry , et a établi une nouvelle règle du jeu avec l’islam politique dans la région . Cette règle consiste à exiger de l’islamisme d’associer compétence (nécessaire à préserver l’Etat moderne et les acquis sociaux, et renouer avec le développement qui répondent aux attentes des peuples révoltés) et efficience (qui rend possible la lutte efficace contre le djihadisme et le terrorisme dans la région et dans le monde).

Le kidnapping opéré en plein cœur de Tripoli d’un terroriste qui se dit reconverti à la modération (Abou Anas) et l’interpellation d’un dirigeant redoutablement puissant (Abdelhakim Belhaj) , dont on ne sait toujours pas dans quelle activité il s’investit le plus , donnent à penser que les Etats-Unis sont en train de faire un pas dans le bon sens , puisque ces évènements s’inscrivent dans une mise en œuvre des orientations déjà arrêtées depuis janvier 2013 . Ce qui laisse entendre que l’étau va se resserrer encore plus sur l’islam politique dit modéré.

Aboussaoud Hmidi

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