Adel Ayed, ancien directeur général de Monoprix Tunisie a accordé à Africanmanager une interview exclusive dans laquelle il a parlé de la situation économique et financière de la société, de ses projets futurs et de sa place par rapport aux autres enseignes de la grande distribution.
Rencontré en marge de l’inauguration du nouveau Monoprix samedi 27 février à la Soukra, Adel Ayed a également parlé du marché libyen ainsi que des perspectives de développement de l’enseigne sur les marchés marocain et algérien. Interview :
Vous ouvrez aujourd’hui votre premier magasin « Monoprix » à la Soukra, quels sont les motifs de votre choix ?
Au début, il faut signaler qu’on a eu du mal à ouvrir dans cet endroit- là et qu’il n’était pas facile de trouver une surface de 1500 m2 sur cette voie principale de la Soukra.
Maintenant, on a la chance de participer au développement du centre commercial de la Soukra. C’est un magasin qui cumule tous les concepts qu’offre Monoprix dont le textile, la parfumerie, les produits d’entretien, alimentaires et surtout les produit frais pour répondre aux besoins de la clientèle de proximité puisqu’il n’y a pas de marchés dans les environs.
On a essayé d’offrir à nos clients et voisins tout ce dont ils ont besoin pour leurs courses quotidiennes. On est très fier de voir les réactions des clients qui sont manifestement très contents de subvenir à tous leurs besoins à des prix qu’on essaye toujours de rendre très intéressants. On veut qu’on soit toujours à la hauteur des attentes de nos clients.
Quelles sont les nouveautés de ce nouveau magasin par rapport aux autres ?
Il y a des nouveautés dans les expositions et la mise en scène, mais la grande nouveauté, c’est la viande et les volailles à la façon traditionnelle avec un boucher spécialisé qui est toujours là. C’est quelque chose que Monoprix ne faisait pas à ce jour et qu’on démarre dans ce magasin pour l’étendre par la suite à d’autres .
Qu’est-ce que vous pensez de la situation financière de Monoprix ?
On vit depuis l’année 2011 dans une situation difficile suite à la dégradation du pouvoir d’achat. C’est la situation que vit d’ailleurs tout le tissu industriel et commercial en Tunisie. Mais le secteur de la grande distribution est un peu plus préservé parce qu’on s’adresse à des besoins de base et du quotidien. Les ménages font l’effort de préserver le pouvoir d’achat et de pouvoir subsister et maintenir la consommation. On est dans un secteur défensif. Dans la période difficile, nous sommes ceux qui tirent leur épingle du jeu.
On arrive quand même à progresser d’une année à autre. Durant l’année 2015, on n’a pas ouvert de nouveaux magasins mais l’année a été honorable et notre chiffre d’affaires a progressé. Même dans les périodes les plus difficiles, le secteur de la grande distribution ne s’en sortira pas mal.
En 2015, on a enregistré plus de 5% de croissance de notre chiffre d’affaires, mais les résultats financiers non encore publiés vont être nettement meilleurs que ceux de l’année 2014.
Vos perspectives de développement pour 2016 ?
On a retardé l’ouverture de nouveaux magasins pour cette année 2016. Durant le premier semestre de 2016, on va ouvrir pas mal de magasins. Après celui de Sedjoumi en janvier dernier et de la Soukra en février , une autre ouverture aura lieu durant le mois de mars. Au total, on aura 5 nouveaux magasins « Monoprix » durant le premier semestre 2016.
Sur toute l’année 2016, nous tablons sur l’ouverture de 9 nouveaux magasins, un chiffre qui correspond au rythme de développement de l’enseigne Monoprix et à celui du pays en général mais il y a des zones entières où il n’y a pas de commerce moderne.
Partant de ce constat, est-ce que vous avez pensé aux régions ?
Bien sûr, notre prochaine ouverture sera à Ksar Hlel mais également à Mahdia, à Gabès et à Djerba où on a déjà trois magasins.
Même si la situation est difficile, il faut penser à toutes les régions du pays, faire le pari et il ne faut pas se concentrer sur le Grand Tunis.
Et comment se place Monoprix par rapport aux autres enseignes de la grande distribution ?
Aujourd’hui, on est arrivé à un niveau où tous les enseignes sont équivalentes. Les trois principaux acteurs de la grande distribution à savoir Monoprix, Carrefour et Magasin général sont à égalité et chaque enseigne a une part de marché de l’ordre du tiers.
Avez-vous pensé à l’international ?
On a pensé à la Libye mais aujourd’hui, notre activité dans ce pays est en veilleuse. On y a deux magasins dont un a été complètement fermé et l’autre tourne mais vraiment au ralenti suite à des problèmes d’insécurité et d’approvisionnement. Nous attendons que les choses se stabilisent dans ce pays pour pouvoir reprendre nos activités.
On s’intéresse aussi au Maroc, mais il faut trouver des partenariats avec des groupes marocains. Le marché algérien est aussi intéressant pour nous.
A l’échelle internationale, on regarde mais on est prudent notamment avec l’expérience qu’on a eue en Libye. Il faut que l’on s’appuie sur des partenaires locaux solides. Ce sont les exigences du marché international.