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La gravissime destruction du système de production

La situation actuelle en Tunisie présente un mélange d’éléments positifs et d’autres négatifs, et la tendance générale laisse entrevoir une issue heureuse qu’on espère proche. Les plus grands défis sont déjà clairs et même si les moyens de les relever ne sont pas encore réunis, le diagnostic est posé dans l’esprit des décideurs et de l’opinion publique. Le terrorisme, premier de ces défis, subit l’assaut de l’armée et des forces de sécurité dans son dernier sanctuaire, et les voix qui le défendaient ou cherchaient à ses menées ravageuses explications et excuses, se sont tues. Son isolement a facilité l’ultime bataille que se déroule actuellement à Chaâmbi.

La contrebande, qui devient depuis la révolution, le poumon par lequel le terrorisme respire, est mis à mal de jour en jour, perdant du terrain, prélude de la réduction de son champ d’action.

Les états financiers des caisses publiques ont placé les chantres des luttes sociales dans une mauvaise posture, les mettant devant le dilemme de l’arrêt des grèves à répétition ou l’isolement, ce qui laisse prévoir une accalmie sociale, au moins jusqu’aux prochaines élections.

Evidemment , le pays n’est pas au bout de ses peines ,surtout après les polémiques soulevées ces derniers jours , d’abord , par les verdicts de la cour d’appel militaire dans l’affaire des martyrs et des blessés de la révolution , et puis, depuis l’annonce de la visite de pèlerins juifs porteurs de passeports israéliens à Al Ghriba , à Djerba dans deux semaines.

Mais ce qui est positif, dans cet imbroglio, c’est l’attitude de l’équipe de Mehdi Jomâa. Cette équipe gouvernementale fait face à ces problèmes avec un sang- froid légendaire, joignant réalisme et esprit pratique. Elle a déjà à son actif quelques petits atouts au chapitre du dévoilement de la réalité économique et financière du pays, de la restauration de l’autorité de l’Etat et de l’activation des projets bloqués dans les régions.

Tous ces éléments indiquent que le pays avance à petits pas dans le bon sens. Mais il y a des signes négatifs qui émanent, cette fois-ci, du système de production, révélant qu’il est en détresse et va très mal.

Trois sujets inquiètent dans l’état où se trouve le système de production. D’abord, les équilibres financiers des entreprises et établissements publics (CPG, STEG , SONEDE , SNCFT , etc…), sont touchés gravement du fait des pressions de l’environnement et des recrutements aléatoires . Le chef du gouvernement a dévoilé, lors de la conférence des gouverneurs, samedi, que le montant des pertes des entreprises et des établissements publics a atteint 3000 milliards, et que le gouvernement est obligé d’intervenir avec les moyens disponibles dans le but de les aider à dépasser ces difficultés.

Ensuite, le secteur agricole voit son système de production totalement paralysé. La hausse vertigineuse des prix des intrants, la propagation du vol et du racket dans le monde rural et l’absence de règles du jeu claires aux niveaux de la production et de la commercialisation des produits agricoles, ont porté un coup fatal à ce secteur, connu par son dynamisme et sa forte capacité d’emploi, comme en témoigne la destruction de récoltes parfois entières de produits (pommes de terre, tomates et lait) .

Enfin, la baisse vertigineuse de la productivité qui était un atout majeur de l’entreprise et du produit tunisiens sur le marché international caractérisé par une concurrence féroce et des transformations économiques et technologiques très rapides .Le nouveau ministre de l’Economie et des Finances a révélé, en mars dernier, que la productivité a baissé en 2013 de 0.4% du fait que le Tunisien, depuis la révolution, ne travaille plus comme avant . D’ailleurs, les premiers signes de la régression de la productivité dans le secteur industriel ont été détectés en décembre 2011 avec une baisse, à l’époque, de 2.5%, tendance qui n’a pas été jugulée depuis.

La Tunisie, qui a choisi de s’intégrer pleinement à l’économie mondiale, a accordé à l’amélioration de la productivité, devenue un critère de référence pour la compétitivité de l’entreprise, une priorité absolue afin de relever les défis de l’emploi et de la croissance.

La Tunisie a vu sa productivité s’améliorer continuellement depuis la moitié des années 1990, enregistrant, au cours des dernières années, une croissance tendancielle d’environ 2% sur la période 1987-2007.Les chiffres de 2010 indiquent que la productivité est devenue une des sources principales du développement, et qu’elle devrait assurer, en 2014, le développement à hauteur de 48,6%.

L’entreprise tant publique que privée a réalisé ces acquis grâce à une utilisation efficiente de ses capacités de production en s’appropriant les nouvelles technologies et en améliorant ses ressources humaines et ses modes d’organisation. Mais depuis la révolution, ce système de la recherche de la qualité a été littéralement détruit, suite à la perte de la valeur travail, ce qui a abouti à la dilapidation d’une richesse que le pays a accumulée pendant des décennies à la faveur du savoir-faire de ses jeunes cadres, des acquisitions technologiques et d’un positionnement adéquat sur l’échiquier international .

Est-ce que le pays va être capable d’un sursaut national, pour répondre positivement aux appels de Mehdi Jomâa ou va-t-il s’enfoncer encore dans l’inertie et l’inconscience ? Telle est la question principale.

Aboussaoud Hmidi

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