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La réconciliation peut-elle relancer l’économie?

Dans une déclaration accordée ce lundi 2 mai 2016 à Africanmanager, l’expert en économie Fethi Nouri a réagi au projet de réconciliation nationale économique qui vient de refaire surface relançant la controverse et  remettant en question les fondements de la justice transitionnelle.
Nouri a dans ce cadre ajouté qu’on ne pourra pas relancer l’économie avec ce genre d’actions.
L’économie tunisienne, a-t-il expliqué, est dans une situation de plus en plus accablante et c’est pour cette raison qu’elle a besoin d’actions en profondeur.
D’après lui, une grande responsabilité incombe au gouvernement qui devrait finaliser l’élaboration, dans les brefs délais, de son nouveau modèle de développement.
« On attend encore le deuxième produit de la révolution, celui du plan quinquennal pour voir les grandes orientations  qui vont jouer un rôle déterminant pour  redresser la situation économique », a estimé Nouri faisant savoir que « ceci est tributaire de la mise en place d’une feuille de route et d’une vision beaucoup plus claire pour sortir de l’ornière tout rompant avec le système actuel qui connaît déjà ses limites ».
Pour la réconciliation, Fethi Nouri  a estimé qu’il s’agit d’une action politico-politicienne, beaucoup plus qu’une action à même de redresser l’économie du pays.
« C’est véritablement une action à connotation politique qui ne pourrait pas faire sortir le pays de son marasme économique», a-t-il affirmé citant  les expériences menées par plusieurs pays, mais qui n’ont pas donné des résultats très positifs.

La réconciliation privilégie l’intérêt du pays

L’universitaire a par ailleurs plaidé pour cette action, à condition qu’elle soit en ligne avec les principes de la justice transitionnelle, à savoir, la reconnaissance des faits, le dédommagement et la réconciliation.
La position de Fethi Nouri vient au moment où  le projet de la réconciliation économique continue à faire  polémique, soulignant les divisions des Tunisiens sur cette initiative. Pour plusieurs économistes et universitaires, la réconciliation est l’une des solutions pour améliorer le climat des affaires. C’est le cas de président de l’Association tunisienne de gouvernance, Moez Joudi qui a affirmé que « le projet de loi sur la réconciliation économique, en tant que principe, n’est pas une normalisation avec la corruption, mais un moyen d’améliorer le climat des affaires à condition d’y apporter certains amendements »
« C’est important dans la mesure où l’administration tunisienne est bloquée par peur de prendre à bras le corps ses  responsabilités, ce qui est susceptible de freiner la marche économique », a expliqué Joudi à Africanmanager.
Corroborant cet avis, l’universitaire Sami Mahbouli a fait savoir qu’après cinq ans de tensions, il s’avère aujourd’hui que l’adoption de cette loi est incontournable. Car, elle permettra de rétablir la confiance des acteurs de l’économe et de l’administration tout en améliorant la situation.
Politiquement, cette initiative a pour but de  privilégier l’intérêt du pays en proposant la réconciliation. Une position agréée par la conseillère auprès du président de la République, chargée des relations avec la société civile, Saida Garrach .
Elle  a fait remarquer que « la polémique suscitée ces derniers jours vise à saper les efforts entrepris par la Tunisie sur la voie du progrès et de la croissance » soulignant la nécessité de parvenir, au plus vite, à un compromis sur une réconciliation nationale fondée sur la reconnaissance des faits, la reddition des comptes et la rupture avec les pratiques de corruption.
Saida Garrach  a invoqué la conjoncture difficile marquée par une hausse du chômage, de l’endettement et d’une nette baisse de l’investissement.
Un avis partagé par l’allié au pouvoir de Nidaa Tounes, le mouvement Ennahdha dont le président  Rached Ghannouchi a prôné la réconciliation,  dans l’objectif de faire avancer le pays, selon ses dires.

Que dit ce projet de loi ?

Proposé par le président de la République Beji Caied Essebssi, deux mois après son accession à la magistrature suprême du pays, ce projet de loi vise à rétablir un climat propice à l’investissement, à consolider la confiance dans l’Etat et ses institutions, mais aussi à clore les dossiers de corruption et de malversation ».
Parmi les 11 articles de ce projet de loi, on cite l’abandon des poursuites judiciaires  ainsi que l’exécution des peines prononcées contre les fonctionnaires et assimilés pour des actes de malversations financières sauf corruption et détournements de fonds.
Cette initiative, selon un grand nombre d’observateurs, concerne environ millier de fonctionnaires à tous les niveaux de l’administration, mais aussi plusieurs anciens ministres et hauts commis de l’Etat dont le nombre est estimé à 30.

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