AccueilLa UNELa Tunisie, en ordre dispersé, face aux derniers développements en Libye

La Tunisie, en ordre dispersé, face aux derniers développements en Libye

Les derniers développements en Libye laissent présager de grands bouleversements dans la région. D’abord, ils surviennent dans la foulée de ceux d’Egypte qui ont abouti, voilà presque un an, à la destitution de Mohamed Morsi, mais précèdent la fermeture de ce dossier resté ouvert depuis, avec les élections présidentielles qui vont avoir lieu dans 3 jours. Le blocage de la situation en Syrie , prélude d’un renforcement de la position de Bachar Al Assad et de la coalition internationale qui le soutient (Iran , Russie et Chine ), illustre un renversement de la conjoncture régionale, et donne une idée sur les enjeux internationaux qui s’y attachent , surtout que la Libye a été voulue par l’organisation mondiale des Frères Musulmans un refuge des terroristes internationalement recherchés , un point de ralliement des groupes actifs à l’échelle mondiale , surtout en Syrie , et un dépôt de munitions à ciel ouvert pour le compte de ces mêmes groupes.

La situation en Libye, initialement conçue par l’islamisme, dit modéré, pour répondre à un plan échafaudé pour mettre la main sur toute la région, a donné libre cours aux groupes terroristes pour faire la loi sur tout le territoire. De l’assassinat de l’Ambassadeur américain, le 11 septembre 2012, à Benghazi, aux attentats quotidiens contre les officiers militaires et sécuritaires à l’Est du pays, la parade militaire du groupe terroriste, le « Conseil de la Shura de la jeunesse islamiste de Derna », le 4 avril 2014, et sa décision d’appliquer la sharia dans cette ville ont convaincu l’opinion publique que la Libye est en voie de somalisation .

Devant l’incurie des autorités centrales, le général à la retraite, Khalifa Haftar , a pris l’initiative, en s’appuyant sur des dizaines de cadres militaires et sécuritaires, d’en finir avec cet état de fait .Des contingents militaires entiers, qui n’ont pris l’avis de leur état-major , ont participé à cette opération qui prend l’allure d’un sursaut national contre le terrorisme.

Ces développements sanglants dont le champ s’est élargi depuis samedi à la capitale Tripoli, risquent d’avoir un impact sur la Tunisie. Des milliers de soldats et de forces de sécurité sont déjà stationnés aux frontières communes, la sécurité de nos concitoyens en Libye et surtout celle des deux otages Mohamed Belhaj et Laroussi Gantassi est suspendue à l’issue des affrontements. Tout indique que des milliers de Libyens vont être amenés à fuir les combats et se déplacer, pour s’installer dans la précarité en territoire tunisien. Et les experts n’excluent pas de voir des terroristes se faufiler parmi les immigrants libyens et étrangers pour rejoindre les cellules dormantes déjà en place chez nous.

La Tunisie a déjà vécu pareille situation de février à octobre 2011, et est parvenue à accueillir des centaines de milliers de déplacés libyens et étrangers, leur procurant tout ce dont ils avaient besoin .Les Tunisiens étaient alors unis et en pleine euphorie après le succès de leur révolution et l’avancée inexorable de celle des Libyens. Mais aujourd’hui, tout indique que les Tunisiens ne sont pas sur la même longueur d’onde au sujet de l’évolution de la situation actuelle en Libye.

A cet effet, on remarque que le Président Moncef Marzouki a pris contact, lundi 19 mai 2014, avec le président du Congrès National Général (parlement) libyen, pour lui exprimer le soutien de la Tunisie aux institutions légales en Libye, au moment où le ministère des Affaires étrangères ne s’est toujours pas prononcé sur la situation. Quant à L’opinion publique tunisienne qui voit les plus redoutables dirigeants terroristes, commanditaires des assassinats de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi bien accueillis et entretenus par ces mêmes groupes pourchassés par les hommes de Haftar, sa position ne peut être que plus nuancée que celle du Président Marzouki, au sujet de l’évolution de la situation libyenne.

D’ailleurs , ce n’est pas un hasard si le syndicat des forces de sécurité intérieure, en phase avec l’état d’esprit du citoyen et de l’élite , a lancé, sur sa page facebook, une mise en garde avertissant les habitants du Sud-est tunisien contre l’entrée de combattants fuyant les affrontements en Libye et les appelant à ne pas leur porter assistance moyennant des sommes d’argent , et à obtempérer aux ordres de s’arrêter des agents des patrouilles communes entre les unités de sécurité et l’Armée .

La Tunisie affronte, en ordre dispersé, une situation tendue chez le voisin libyen et qui risque d’avoir un impact sur le quotidien de ses citoyens et l’issue de la période transitoire , dans son ensemble.

Aboussaoud Hmidi

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