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L’Afrique aiguise les appétits des investisseurs tunisiens, mais les autorités sabotent…

L’Afrique subsaharienne aiguise les appétits des banquiers. Après une banque de la place, c’est au tour d’Amen Bank de dévoiler sa stratégie pour accompagner les investisseurs tunisiens qui ont des envies d’aventure sur le continent. Le président du directoire de l’Amen Bank et président de l’Association Professionnelle Tunisienne des Banques et des Etablissements Financiers (APTBEF), Ahmed El Karam, est passé sur Express Fm ce jeudi 14 avril 2016 pour exposer les ressorts de cette affaire.

Il a déclaré que la caisse des dépôts et consignations et Amenk Bank mettront en place une caisse pour subventionner les programmes lancés par des investisseurs tunisiens. « Cette initiative a pour but de renforcer et valoriser le positionnement d’Amen Bank en Afrique, 30 millions de dinars seront alloués à l’accompagnement des investisseurs tunisiens. Cela devrait les aider à s’intégrer dans des réseaux d’affaires africains et booster l’économie tunisienne », a précisé Ahmed El Kara.

Perspective très alléchante. On ne peut que saluer cet éveil brutal – car elle l’est, très honnêtement – des banques, investisseurs et même des décideurs politiques sur les réalités de leur continent. Après tout l’Afrique, on ne le dira jamais assez, est le prolongement naturel de la Tunisie et c’est un continent où tout est faire et où certains pays, qui regorgent de ressources naturelles, disposent de capitaux. Beaucoup de capitaux. Et ça tombe bien, la Tunisie a un savoir-faire, des compétences, un large éventail d’offres industrielles à vendre. Donc de ce point de vue il y a une parfaite adéquation entre les besoins de l’Afrique subsaharienne et les possibilités que présentent la Tunisie. Sauf que cette dernière n’exploite pas assez sa marge de manoeuvre en Afrique. Et il y a des tas de raison à cela.

Le tapis avant la mosquée

Il n’y a aucun doute sur le fait que l’Afrique subsaharienne est la destination à la mode pour les investisseurs tunisiens, du moins selon les déclarations. Le souci c’est que l’arrière-cour ne suit pas. Alors qu’on sait qu’il est déterminant pour le business. Par exemple le directeur commercial de la compagnie aérienne tunisienne Tunisair, Karim Gueddich, avait annoncé le vendredi 5 février 2016 devant la presse que la compagnie va passer de 3 vols par semaine vers la Côte d’Ivoire à 7. Mais motus depuis cette annonce. Aucune indication précise, alors que les enjeux sont de taille, au regard des perspectives de croissance à deux chiffres de la Côte d’Ivoire.

M. Gueddich avait ajouté que Tunisair planche actuellement sur d’autres nouvelles lignes aériennes avec d’autres pays africains, tels que le Ghana, le Niger et le Soudan. Mais là aussi silence de mort. Et quand la PDG de Tunisiair, Mme Serra Ben Rejeb, s’exprime sur la question, c’est pour dire que la compagnie envisage de porter le total de ses lignes à 18 en Afrique, contre 8 actuellement, mais qu’il faut attendre 2020 ! Alors que c’est maintenant que tout se joue, au moment même où Turcs, Chinois et Marocains se bousculent sur le continent pour rafler des marchés très juteux, arrachés au bec des Français dépassés par l’imagination et le dynamisme des nouveaux venus.

Le fait est que la Tunisie, malgré les postures officielles grandiloquentes, n’a pas de politique africaine volontariste, de stratégie pensée, planifiée et à laquelle on donne de vrais moyens. Il n’y a qu’a voir la diplomatie économique complètement atone et maigrelette de la Tunisie sur le continent pour s’en persuader. La diplomatie tout court. La Tunisie affiche une quinzaine d’ambassades sur le continent, alors que le Maroc, par exemple, en a plus de 30. Et puis il y a les tournées interminables et répétées de l’infatigable Mohamed IV pour, entre autres, faire un lobbying intense en faveur des entreprises marocaines. Que fait la Tunisie en face ? Rien… ou très peu. En tout cas pas suffisamment pour mettre les investisseurs tunisiens sur de vraies rampes de lancement.

Et puis il y a la politique désastreuse des visas laquelle, comme l’a souligné un rapport de la banque mondiale, place la Tunisie – et toute l’Afrique du Nord – parmi les pays du continent qui cadenassent le plus leurs territoires. Très mauvais pour les affaires. Nous ne donnerons qu’un exemple pour illustrer cette incohérence : Tunisair va ouvrir une nouvelle ligne Tunis/Khartoum – la seule nouveauté sur le continent en 2016 -, alors qu’on exige toujours des visas aux Soudanais pour débarquer en Tunisie. L’exemple type du tapis avant la mosquée…

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