AccueilLa UNELe Conseil des sages cloné sur Hamadi Jebali

Le Conseil des sages cloné sur Hamadi Jebali

Tout le monde sait que la sagesse et l’intelligence sont les mieux partagées entre les humains. Les qualités et les vertus transcendent généralement les clivages politiques, les races, les différences de sexe ,et toutes les instances qui les représentent doivent refléter la diversité des populations , et des groupes sociaux et ethniques .

Les développements qui ont suivi les élections du 23 octobre ont bouleversé la réalité tunisienne à tel point que , même l’ADN de la sagesse a commencé à avoir une similitude avec les gènes idéologiques du principal parti au pouvoir et le conseil des sages, récemment créé, a tout d’une entité clonée sur Hamadi Jebali . La nomination des membres de cet illustre conseil nous fait découvrir que les femmes, les syndicalistes, les gens de gauche, les centristes et les libéraux n’ont pas droit au chapitre, et ne peuvent être représentés dans cette catégorie humaine .Seuls les nahdhaouis y sont représentés et en masse.

Si on excluait Mansour Moalla ,Hichem Jait ,Iyadh Ben Achour et Rachid Ammar, tout le conseil est du côté du parti islamiste. Ainsi, la composition inclut-elle essentiellement des Nahdhaouis (nouveaux ou anciens) , de destouriens qui ont toujours fait l’apologie de l’islamisme donnant ainsi une idée étriquée de ce qui doit être un conseil incarnant la maturité et la modération des Tunisiens et inspirant neutralité et impartialité .

Le timing de l’annonce donne l’impression d’être en porte- à- faux , l’opinion publique ayant d’autres soucis ,et s’attendait à des décisions d’une autre nature notamment sur les résultats de l’enquête sur l’assassinat de Chokri Belaid , sur le remaniement ministériel qui traîne, depuis Juillet 2012 , et à la surprise générale , on apprend que le pays a besoin de réunir ses sages d’un seul bord, pour donner conseil à un Chef de Gouvernement qui les préside et n’est pas sûr de garder sa place pour longtemps.

Le nombre très grand des islamistes pose problème. Mais, pris individuellement, ils peuvent être acceptés. Un seul pose problème. Il s’agit de Abou Yaarib El-Marzouki , qui s’est illustré par ses croisades contre la gauche et les libéraux tunisiens . L’opinion publique se rappelle ses diatribes contre les députés de l’opposition, au début des travaux de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC), ses philippiques contre la gauche au moindre débat public, et ses déclarations sur le tourisme comme activité de « prostitution clandestine », ainsi que sur le danger salafiste lorsqu’il disait que c’est le peuple qui crée son propre danger et que le problème n’est pas tant dans les salafistes que dans la manière de gérer ce problème.

Ainsi , le nom de Abou Yaarib El-Marzouki n’aide pas à rehausser ce conseil .

La moyenne d’âge de ceux qui composent ce vénérable conseil dépasse les 65 ans. C’est vrai que notre culture trouve toujours une corrélation entre sagesse et âge avancé, mais la Tunisie postrévolutionnaire nous met en face d’une réalité démographique politique et humaine que plusieurs membres du conseil sont loin de saisir . Cette révolution inédite a été menée par une jeunesse pleine d’énergie et d’espoir, maîtrisant à merveille l’outil informatique et les technologies nouvelles. A ce savoir-faire s’ajoute une vision du monde assez décontractée, se déclinant dans un humour mordant qui raille despotisme et idées reçues et dans un radicalisme invétéré qui brave tout ce qui tient lieu d’obstacles à la réalisation des objectifs de la révolution.

De ce fait, jeunesse et révolution commencent à avoir en commun dans cette Tunisie nouvelle une âme qu’on ne retrouve pas dans ce conseil.

A ces carences accumulées, s’ajoute l’absence de la femme, bien que son apport au progrès de la société et à la réussite de la révolution soit indéniable caractérisant ainsi ce qui passe pour être une spécificité tunisienne .Mais l’esprit d’Ennahdha , aux antipodes à celui commun aux Tunisiens , commande que les choses aillent autrement , ce qui , en définitive, ne fait que dénaturer notre Tunisie et pervertir son âme .

Ce qui est déplorable, c’est que cette initiative dont beaucoup de membres commencent déjà à se désolidariser, est lancée en même temps qu’une autre initiative qui rallie de plus en plus de patriotes, et qui a vocation de sortie de crise pour la Tunisie, à savoir le Gouvernement de compétences. Mais à mesure qu’on soutient la deuxième, on ne peut pas manquer de stigmatiser la première, pour ne pas maintenir l’amalgame entre l’une et l’autre.

Aboussaoud Hmidi

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