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Le projet de loi organisant les mosquées menace-t-il la citoyenneté de l’Etat ?

« S’il vous plaît, allez au-delà de l’histoire du Livre noir et ou de celle du Dialogue national, qui serait sans doute longue et semble nous s’éloigner de discussions plus importantes en relation avec l’avenir de notre pays », a posté la présidente de l’Association des Magistrats Tunisiens, Kalthoum Kannou sur sa page Facebook.

L’important pour Kannou est de se pencher sur les projets de loi qui vont être soumis à l’approbation de l’ANC, citant notamment l’exemple du projet loi organisant les mosquées. D’après Kannou, le projet loi en question menacerait le caractère civil de la société ainsi que la citoyenneté de l’Etat.

Kalthoum Kannou a mis à l’index les articles 7, 18, 20, 22, 23 et 28 obligeant les promoteurs à prévoir la construction de mosquées dans tout nouveau projet. De même, de nouvelles missions seraient explicitement confiées aux mosquées comme la promotion de la vertu et la prévention du vice, ainsi que la propagation des préceptes de la Chariâa et la préservation de l’unité du crédo religieux du pays. L’article 28 dudit projet prévoit, en outre, la conclusion d’accords de jumelage entre les mosquées à l’intérieur et à l’étranger, pour « combattre l’hérésie et toute forme de déviation à caractère doctrinal et social » .

Pour l’islamisation » de la société

Pour l’universitaire, Mokthar Khalfaoui, le projet loi sur l’organisation des mosquées s’inscrit dans le cadre des textes imposés dans le débat public afin d’assurer « l’islamisation » de la société.

« Il est dès lors naturel de gonfler le budget alloué au ministère des Affaires religieuses dont les missions sont douteuses sous la direction de Noureddine Alkhadami qui a pensé que le développement local et la promotion des zones défavorisées passeraient également par la création de bureaux régionaux pour la Fatwa, la prédication et l’enseignement religieux », souligne l’universitaire dans une déclaration à Africanmanager.

Selon lui, le ministère « des Affaires religieuses » croit que le moment est venu pour détourner les débats vers la résurrection des Habous ou vers la loi organisant les mosquées au lieu de d’entamer une négociation profonde sur le projet du budget de l’Etat, jugé catastrophique.

Parlant de ce projet de loi, Mokhtar Khalfaoui a vivement critiqué l’élaboration de semblable législation tout en s’interrogeant sur l’utilisation de certains concepts comme les maux sociaux. Pour rappel, ce projet de loi autorise les mosquées à lutter contre les maux sociaux en leur fournissant les moyens pour « garantir l’unité religieuse de la société ».

Dénonçant les nouvelles fonctions attribuées aux mosquées, l’universitaire exige qu’ « elles se limitent uniquement à l’éducation à travers les écoles coraniques contrôlées par l’Etat, sinon leur extension par la mise en place d’un enseignement parallèle pourrait affecter l’unité de l’éducation, son universalité et son patriotisme ».

Soumettre la société au diktat de la religion

Un avis partagé par Mohamed Kilani, secrétaire général du Parti socialiste qui note que « ce projet de loi va certainement créer un nouveau rythme à travers une nouvelle société aux antipodes de celle existant actuellement ».

Se référant aux nouvelles fonctions des mosquées, il pense que « la volonté réelle du gouvernement en place est de soumettre la société au diktat de la religion en faisant des mosquées une source d’éducation, de formation comme ce fut le cas , dans un passé lointain. Chose inacceptable pour un pays dont le peuple a considérablement évolué ».

La citoyenneté de l’Etat ne signifie pas l’exclusion des mosquées

En revanche, Adel Almi, président de l’Association centriste pour la sensibilisation et la réforme, se dit enthousiasmé par ce projet « d’envergure » qui aidera la Tunisie à transcender la crise actuelle marquée essentiellement par la recrudescence de la violence et du terrorisme.

« C’est un bon projet d’autant que les mosquées auront un rôle déterminant pour apaiser les tensions et sensibiliser davantage les citoyens », relève Adel Almi qui n’a pas manqué d’assurer les Tunisiens rappelant que « l’islam est d’essence civile et la citoyenneté de l’Etat ne signifie pas l’exclusion des mosquées ».

Adel Almi prend cependant acte du désordre qui règne dans plusieurs mosquées en Tunisie, mais cela n’empêche pas, à son avis, de faire œuvre de sensibilisation car « la lutte contre les mosquées nous coûterait cher et nous serions donc plus exposés aux dérapages et au terrorisme ».

Wiem Thebti

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