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Les assassins savent choisir leurs cibles

Les deux cibles, choisies à 6 mois d’intervalle par les assassins, ont ceci de commun :elles sont des opposants irréductibles à Ennahdha , et au projet islamiste en général.

Le premier visé (Chokri Belaid ) appartenait à la mouvance marxiste- léniniste , le second (Mohammed Brahmi) est nassérien d’obédience panarabe . Si ces deux courants n’ont jamais fait de concessions à l’islamisme de par leur crédo politique et leur attachement au projet de société moderniste que chérissent les tunisiens, les victimes étaient toutes les deux des plus actives parmi la mouvance progressiste que les deux martyrs ont animée avec sincérité , fougue et rigueur .

Leur chemins croisés les ont placés face au même destin : l’assassinat perfide . Le premier a joué un rôle fondamental dans le rassemblement des patriotes démocrates dans un parti unifié (PPDU) et du courant progressiste au sein du Front Populaire , le second , qui est lui aussi membre de ce Front , a pris le chemin inverse en se démarquant , dernièrement ,du mouvement du Peuple dont il est secrétaire général , pour créer un nouveau parti nassérien plus efficace et liant la parole à l’action , selon son expression .

Unir les progressistes et rendre leur action plus efficace sont, aux yeux des assassins, un crime qu’il faut punir.

On se rappelle comment Mohammed Brahmi a été malmené par les miliciens du parti au pouvoir et des ligues de la protection de la révolution (LPR) , le 9 avril 2012 , en plein centre de la capitale , malgré son statut de député et de secrétaire général de parti , et l’un des derniers combats de Chokri Belaid a été de lutter pour tenir une réunion de la section régionale de son parti au Kef , que les islamistes voulaient empêcher ,quelques jours avant son assassinat .

Tous les deux ont reçu des menaces de mort, et figuraient sur toutes les listes des politiciens à tuer , mais ils ont terminé jusqu’au bout « leur chemin honnête et vaillant  » comme le disait Maïakovski de Lénine à sa mort .

Les positions défendues par Mohammed Brahmi , sa manière de les exprimer , sa façon assez originale d’émerger du lot et sa verve pointue qui interpelle la conscience de ceux qui ont tant attendu de cette révolution pour se retrouver devant des députés  défendant les châtiments corporels et les ablations des membres , font la singularité du leader qui découvre , après coup, comme Chokri Belaid, avant lui ,son nom sur la liste des gens à tuer .

Les secrets du second assassinat vont s’ajouter à ceux du premier (celui de Chokri Belaid) qui ne sont pas encore élucidés et le traumatisme subi par les Tunisiens à cette occasion ne fera qu’aggraver l’usure de la crédibilité des pouvoirs publics déjà entamée par les méthodes utilisées pour mener l’enquête et informer l’opinion de ses résultats .

Les liens et les facilités qu’auraient pu avoir les assassins, et les commanditaires pour commettre leurs forfaits, et brouiller les pistes pour les investigateurs, dénotent plus de leur grand professionnalisme que de la compromission à leur égard des pouvoirs publics. Et cette donne , qui mérite d’être méditée avec sérieux , indique que le grand désordre qui a accompagné la révolution a permis à des services secrets étrangers et à des organisations terroristes de s’implanter en Tunisie , pour se mettre à la solde de celui qui sert le mieux leurs agendas .

Aboussaoud Hmidi

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