« Le déficit budgétaire est en train d’évoluer à des niveaux importants. Il est devenu, aujourd’hui, le défi le plus urgent et le plus difficile que la
Tunisie devra relever. Les recettes fiscales diminuent et les dépenses publiques surtout improductives augmentent. Les protestations contre la collecte des taxes additionnelles et les difficultés de réduire les dépenses publiques obligent le gouvernement à s’endetter de plus en plus. Dans ce contexte difficile, le nouveau statut de la Banque Centrale (2016) interdit les avances monétaires au gouvernement pour financer une partie du déficit budgétaire. En effet, selon l’article 25, la BCT interdit de fournir des facilités et des crédits au trésor public sans proposer une politique alternative ». C’est ce qu’a été indiqué dans le billet économique de l’intermédiaire en bourse, Mac Sa intitulé : « Coordination entre la politique monétaire et la politique budgétaire : Pistes de réflexion ».
Toujours selon cette note de conjoncture, la BCT finance le déficit budgétaire indirectement en prêtant aux banques et en les «forçant» par la suite à acheter des bons du Trésor à des taux relativement élevés comparés aux taux des prêts étrangers. Cette pratique a engendré, selon l’étude, des effets pervers importants grevant davantage le déficit budgétaire, augmentant le service de dette intérieure et engendrant des sorties additionnelles de devises. Ces effets sont résumés comme suit :
Un accroissement du portefeuille titres des banques (privées- nationales et étrangères- et publiques) aux dépens des crédits à l’économie. Du coup, les banques se sont orientées vers l’activité de placement pour préserver un niveau de revenu stable et moins risqué. En 2015, les encours de crédits des banques ont enregistré une hausse de seulement 4,8% par rapport à 2014, alors que les portefeuilles titres d’investissement et commercial ont connu une progression importante de l’ordre de 19,5%. La part du portefeuille titres dans les crédits est passée de 17. 63% à 20.1%. Cette évolution a réduit le rôle d’intermédiation des banques et a créée une situation de rente.
Cela a aussi un effet sur l’augmentation du service de la dette intérieure. Le trésor vend les BTA à un taux entre 6 et 7%, un taux considéré très élevé estimé entre 2 à 3 fois plus élevé que celui de la Banque mondiale par exemple. Une estimation du coût annuel moyen de la dette intérieure payé par la Tunisie par rapport à l’encours de la dette intérieure, et une réduction des ressources allouées à l’investissement privé c’est-à-dire un effet d’éviction important. Les Bons du Trésor sont des titres émis par l’État tunisien en représentation d’emprunts dans le cadre de l’équilibre budgétaire. Ils sont négociables auprès de l’ensemble des banques intervenant sur le marché monétaire. On distingue trois types de bons de trésor: Les Bons de Trésor à Court Terme (BTCT). Les Bons de Trésor Assimilables (BTA) et les Bons de Trésor à Coupon Zéro (BTZC), sachant que les BTA constituent le principal instrument de la gestion de la dette publique utilisé. Lorsque les Bons de Trésor augmentent, les crédits accordés à l’économie et l’investissement privé baissent.
Pour limiter les conflits, l’étude affirme qu’il est important d’assurer la coordination entre le gestionnaire de la dette publique qui est le ministère des Finances qui est mandaté pour minimiser les coûts de financement du gouvernement et la BCT qui assure l’objectif de stabilité des prix. La BCT devra réfléchir à développer une politique monétaire qui permet au gouvernement d’avoir des revenus supplémentaires à moindre coût pour financer en partie le déficit budgétaire et pour améliorer son efficacité. Elle doit nécessairement être associée étroitement à la gestion de la dette publique et à la politique budgétaire.