AccueilLa UNELes hommes d’affaires et la politique, dans l’après Ben Ali.

Les hommes d’affaires et la politique, dans l’après Ben Ali.

Une réunion d’homme d’affaires s’est tenue, mardi 15 mars 2011 jusque tard dans la nuit (une heure du matin pour être exact), dans une villa cossue de la banlieue du Nord Hilton appartenant à un proche d’un  homme d’affaires connu à Tunis et qui était lui-même présent.

La dizaine d’hommes d’affaires présents à cette réunion, de divers secteurs, discutaient de l’opportunité  «d’investir dans le financement d’un ou plusieurs partis politiques». Tous étaient d’accord sur l’importance d’apporter leur appui financier à un ou plusieurs partis du Centre. Ce groupe d’hommes d’affaires aurait même déjà rencontré trois formations politiques déjà existantes  et même un représentant de l’UGTT pour qui la constitution d’un parti politique serait maintenant d’une actualité brûlante. Le même groupe se proposerait aussi de «cimenter» par son financement la constitution d’une coalition entre les partis centristes qu’il choisirait en fin de réunion.

Et alors que se multiplient les demandes d’autorisations pour des journaux, radios et TV, on nous rapporte aussi des contacts tout aussi multiples d’hommes d’affaires  locaux et tunisiens résidant à  l’étranger pour figurer dans les tours de table financiers de ces médias en devenir.

La tendance, même si elle demande désormais réglementation urgente, n’est pas nouvelle. L’ancien RCD y avait recours. Un banquier de la place nous avouait l’autre jour, sous le sceau de l’anonymat, que chaque année, il devait débourser un chèque de plus de 150 mille DT, et cela était valable pour toutes les banques de la place, y compris la BCT.

Il était aussi de notoriété chez les hommes d’affaires que chaque période d’élections présidentielles était synonyme d’une liste (celle du second mandat avait été faite au ministère de l’Intérieur du temps d’Abdallah Kallel), confectionnée dans les bureaux officiels et contenant les noms des principaux groupes et hommes d’affaires qui seront «honorés» de financer la réélection du «Rais».

Il était aussi de notoriété que les montants inscrits devant chaque nom demeuraient inconnus et que chaque «choisi» devait rédiger son chèque et le déposer auprès de  la personne chargée de la collecte. C’est généralement un homme d’affaires membre de la commission des élections et  qui est en même temps en charge du financement. Le contrôle financier approfondi et le redressement fiscal étant  les outils généralement utilisés contre ceux qui «ne reconnaitraient par leur vraie valeur et le montant du chèque qui y correspond ». Plus d’un homme d’affaires se reconnaîtront.

Tout cela n’est plus maintenant de rigueur, même s’il faut insister de nouveau sur le caractère coercitif de cette méthode. Mais la tentation de la politique et du pouvoir que confère la politique est toujours aussi grande chez les hommes d’affaires, et on suppose que cette réunion dont on parlait en début d’article n’est pas la seule et ne sera pas la dernière. Mettre sur pieds un parti politique et le préparer pour les prochaines échéances importantes de l’élection de la Constituante, des Présidentielles et de la Chambre des Députés, nécessite de l’argent, sûrement plus d’argent que ce que permet actuellement la loi tunisienne en matière de financement des partis.

Le quotidien en langue arabe Assabah, qui y consacrait un article, indiquait, jeudi ,sous la plume de Aymen Zammali, que les 38 partis politiques actuellement autorisés coûteraient 11,4 MDT aux finances publiques et que s’ils devenaient, comme il serait attendu,50 partis politiques, leur financement coûterait au contribuable tunisien la bagatelle de 15 MDT !

Il est ainsi, selon plus d’un analyste politique que nous avons contactés, urgent de statuer, dès maintenant, sur cette épineuse question du financement des partis politiques et de verrouiller les schémas de financement possibles. «La Tunisie avait mal vécu la confusion ou plutôt la fusion entre Etat et politique, les écarts et les dérives qui en ont découlé», nous disait une source proche des milieux d’affaires, «laisser faire la fusion entre politique et argent, c’est ouvrir la boîte de Pandore », conclut-il.

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