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Les rapports troubles entre Obama et les frères musulmans

Les changements brusques donnent, généralement, une idée sur le degré de solidité des rapports entre forces politiques. La région Maghreb/Moyen-Orient qui vit, ces derniers mois , de grands bouleversements , illustre cette vérité et indique que les évolutions qui s’y déroulent préfigurent de nouveaux rapports entre protagonistes .

Pour énumérer dans le désordre les évènements survenus , en moins d’un an , on peut citer l’assassinat de l’ambassadeur américain à Benghazi , l’attaque de l’Ambassade américaine à Tunis , la réélection du président Barak Obama pour un second et dernier mandat , la passation du pouvoir à Doha entre le Cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani et son fils et prince héritier Tamime et l’éviction du président égyptien Mohamed Morsi , en passant par le conflit syrien , les évènements du Nord Mali et ceux des hauteurs de Châambi .

Les observateurs relèvent que ces développements vont dans le même sens et obéissent à une même logique : les frères musulmans, associés aux djihadistes et à l’ancien régime du Qatar, subissent des revers partout dans la région, et l’abdication de l’Emir du Qatarn’en est que le point culminant. En Syrie, Bachar Al-Assad relève la tête, et parvient même à rénover la direction de son parti « Le Baâth». Le revers d’AQMI et des divers djihadistes au Nord Mali a conforté l’Algérie voisine. Les évènements de Chaâmbi , aux contours encore imprécis , et à l’issue toujours floue , a fini par dissocier djihadisme et islam politique , engageant ,ainsi , Ennahdha sur la pente raide des révisions déchirantes et des alliances improvisées aux lendemains incertains . L’Egypte qui a renvoyé , depuis février 2011, l’image d’une révolution pacifique , sereine et irréversible , a fini par révéler au grand jour les limites d’un exercice basé sur un slogan aussi vieux que creux ( l’islam, c’est la solution) , qui a abouti à diviser le peuple et à gangréner l’unité nationale .L’interventionnisme du Hamas qui a bafoué la souveraineté égyptienne au nom de la solidarité islamiste n’a fait que compliquer la donne .

Les tendances qu’on croyait installées pour des dizaines d’années encore, ont fait long feu, et mis dans l’embarras ceux qui leur prêtaient une quelconque consistance.

Tout ce panorama commence, donc, à avoir un sens du fait que tous ces éléments vont dans la même direction. Mais comment a été donné le coup d’envoi à ce grand bouleversement ?

Les Etats Unis, qui ont été directement derrière l’ascension au pouvoir de l’islam politique , dans les pays de la région ,se sont vite aperçus que cette tendance politique qui manque d’expérience , donne la priorité à l’exécution de son agenda d’islamisation de la région , et croit fermement que son projet ne peut être réalisé qu’aux dépens des Etats modernes et des acquis sociaux réalisés dans les pays en question .

Barak Obama, qui a été traumatisé par la mort atroce de son ambassadeur en Libye, et par l’attaque de sa représentation à Tunis , en pleine campagne électorale , a entamé son second mandat en remplaçant Hillary Clinton au diapason avec la nouvelle droite américaine acquise aux thèses islamistes par le très libéral ( au sens américain ) John Kerry . En conséquence, une nouvelle règle du jeu a été établie entre l’administration américaine et l’islam politique dans la région . Cette règle consiste à exiger de l’islamisme de réunir compétence (nécessaire à préserver l’Etat moderne et les acquis sociaux dans les pays en question, parallèlement à la réalisation de projets de développement qui répondent aux attentes des peuples révoltés) et efficience (qui rend possible la lutte efficace contre le djihadisme et le terrorisme dans la région et dans le monde) ( voir notre article en arabe du 11/12/2012) .

Compétence et efficience étaient les deux performances exigées des frères musulmans par les Américains .Ces performances impliquent, automatiquement, une nouvelle lecture de la situation et une approche différente des rapports de l’islamisme avec les autres forces politiques . Or l’islam politique qui se croyait investi à vie de la région , n’a pas répondu présent , voyant dans cette compétence dont il est redevable, une tentative de lui ravir sa victoire électorale , et la légitimité dont il se prévaut et qu’il fait prévaloir à tout bout de champ , et une manœuvre pour le pousser à associer les courants démocratiques et modernistes à la gestion des affaires de l’Etat ,qui lui revient à lui seul du fait ,premièrement , de la concordance entre ses orientations politiques et civilisationnelles et celles des peuples ,deuxièmement , du rôle de 1er plan qu’il joué dans la nouvelle réalité révolutionnaire , et ,troisièmement ,de l’issue des scrutins organisés dans ces pays, qui le dotaient de majorités confortables . L’efficacité et son corollaire, la démarcation systématique des salafistes et djihadistes, pose également problème. Car l’islam politique partage avec ces tendances, le rêve d’instaurer le projet islamiste et l’engagement en commun dans le processus déjà entamé de l’islamisation de la région.

Ce sont là les termes du malentendu entre Obama, dans son deuxième et dernier mandat et les islamistes de la région, qui a amené l’administration américaine à laisser tomber Mohamed Morsi , et à se démarquer de la gestion du courant islamiste des affaires de la région .

Mais le problème est que les forces démocratiques et de gauche ne paraissent pas saisir dans toutes ses dimensions l’enjeu actuel de la région.

Aboussaoud Hmidi

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