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L’UE facilite le séjour des étudiants étrangers, un mauvais coup porté aux pays émergents

L’Union européenne (UE) a un train de retard dans la bataille mondiale pour capter les flux de compétences étrangères. Alors elle a décidé de mettre le paquet pour tenter de bousculer les USA et le Canada, qui ont une longueur d’avance en matière de facilitation des critères d’accueil des étudiants et chercheurs. Hier mercredi 11 mai, le Parlement européen a avalisé une directive autorisant les étudiants et chercheurs à rester au moins neuf mois dans leurs pays de résidence une fois qu’ils ont fini leurs études ou leurs contrats. Ils mettront à profit ce séjour pour trouver un emploi ou mettre sur pied leurs propres entreprise.

Ce projet date de 2013, mais il a été plombé depuis par la crise migratoire. Avec ce dispositif, l’UE espère fixer les brillants étudiants dans les 28 Etats membres, au lieu de les laisser se jeter dans les bras du pays de ‘l’oncle Sam’ ou du Canada, qui ne font pas dans la demi mesure pour attirer les talents, même ceux qu’ils n’ont pas formés.
« Cela fait trop longtemps que notre continent s’est recroquevillé sur lui-même, s’est imposé des charges bureaucratiques, a miné ainsi la compétitivité et mis des bâtons dans les roues de ceux qui voulaient créer des entreprises », a déclaré Cecilia Wikström, rapporteuse du dossier au Parlement.

Par ailleurs il est prévu de faciliter les mouvements des étudiants et des chercheurs étrangers au sein de l’UE, sur une durée de six mois maximum, contre trois actuellement. Les chercheurs auront également la possibilité de faire venir leurs familles. Il a également été décidé d’autoriser les étudiants à travailler jusqu’à quinze heures par semaine pendant leur scolarité, contre dix actuellement.

La directive crée aussi un statut pour les stagiaires (rémunérés ou non), apprentis, volontaires prenant part au service européen et travailleurs au pair venant de pays tiers. Désormais il y a moult dispositions qui vont dans le sens d’une harmonisation des critères d’obtention de visas ou titres de séjour, avec en plus des règles d’accueil plus précises.

« L’Europe investit chaque année 0,8 % de PIB de moins que les Etats-Unis et 1,5 % de moins que le Japon dans la recherche et le développement (R&D). Ses meilleurs chercheurs et innovateurs s’expatrient par milliers dans des pays où les conditions sont plus favorables », dénonce l’exécutif européen dans son projet de directive. Le nouveau cadre législatif « envoie le message que l’UE est une destination mondialement compétitive et accueillante pour des étudiants et chercheurs étrangers dont elle a bien besoin », précise le commissaire européen chargé de la migration, Dimitris Avramopoulos.

Les Européens savonnent bien la planche aux pays émergents

Reste à savoir ce que les pays émergents, africains en tête, qui n’ont d’ailleurs pas été consultés dans cette affaire, ont à gagner dans ce combat que se livrent les grandes puissances pour attirer les « cerveaux ». On a l’impression – et même plus – que les Européens, et avant eux les Américains et les Canadiens, n’ont regardé ce dossier que par leur bout de la lorgnette, ignorant superbement les intérêts des pays en voie de développement. Certes il y a toujours un paquet d’étudiants et chercheurs qui vont retourner servir leurs pays après avoir achevé leurs formations en Europe, mais avec ces nouvelles mesures d’assouplissement des conditions de résidence, le flux des retours va être réduit sensiblement. C’est un très mauvais coup porté aux économies émergentes, qui ont justement besoin – bien plus que les pays déjà développés – de ces têtes bien faites pour hausser le niveau de leur développement.

Derrière la générosité de l’Allemagne, qui vient d’accueillir plus d’un million de réfugiés syriens, il y a certes des motivations humanitaires, c’est indéniable, mais il ne faut pas occulter la part de pragmatisme. Ce n’est un secret pour personne que l’Allemagne a une population vieillissante et qu’elle besoin de sang neuf, solidement formé qui plus est, pour maintenir à flot son économie, déjà très florissante. Alors ce million de Syriens, dont une part non négligeable exerçait dans le secteur tertiaire, est comme une sorte de cadeau du ciel, quoi qu’en disent les uns et les autres.

Le problème essentiellement c’est que les pays occidentaux font feu de tout bois pour pomper les compétences du tiers monde, et pas la main d’oeuvre peu qualifiée. Eux en ont besoin pour maintenir un niveau de vie, alors que pour les pays sous-développés ou en voie de développement, c’est une question de survie. Il y a un énorme paradoxe, et même une hypocrisie, dans le fait d’arroser les pays émergents d’aides au développement et dans le même temps leur siphonner leurs forces vives. Mais voilà, c’est tout le cynisme de notre époque, lequel d’ailleurs ne semble pas troubler outre mesure les principaux concernés : Les pays pauvres. En tout cas si ça les dérange, ils ne le crient sur les toits.

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