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Mbarek Khamassi : «Plus de 400 entreprises ont mis la clé sous la porte et des milliers d’emplois perdus »

L’expert en redressement des entreprises, Mbarek Khamessi a accordé à Africanmanager, une interview exclusive dans laquelle il a parlé des multiples difficultés rencontrées par l’entreprise tunisienne suite à la révolution, soulignant que plus de 400 entreprises ont mis la clé sous la porte mettant ainsi en chômage des milliers de salariés, sans compter les autres entreprises qui ont choisi de réduire leurs activités ou quitter le pays pour s’installer ailleurs.

Mbarek Khamessi a proposé, à ce propos, la mise en place un plan d’urgence dans ce contexte transitionnel pour aider les entreprises économiques à surmonter leurs difficultés, assainir leur endettement et restructurer leur situation financière. Interview :

Quel est actuellement l’état des lieux de l’entreprise tunisienne dans ce contexte économique et politique ?

Dans le contexte actuel de la Tunisie, l’entreprise se trouve confrontée à des multiples difficultés : la montée des revendications sociales, la concurrence déloyale du marché parallèle, la réticence des banquiers, l’insécurité, le manque d’appui des gouvernements, le flou de la situation politique, la récession qui s’installe dans les pays partenaires …etc.

Ces difficultés sont-t-elles toutes liées à la Révolution ?

Faut-il rappeler que l’entreprise tunisienne n’a cessé d’être confrontée de façon quasi permanente depuis un certain temps à des conjonctures de crises graves ayant des conséquences sur sa pérennité. En 2005, c’était le démantèlement des accords multifibres et son impact sur l’un des secteurs les plus importants de l’industrie manufacturière, en l’occurrence le secteur des industries du textile et de l’habillement. En 2008, la crise internationale des subprimes qui a particulièrement touché les entreprises exportatrices, a poussé alors l’Etat à prendre des mesures ponctuelles en faveur des entreprises affectées. En 2011, suite à la révolution tunisienne, plus de 400 entreprises ont été fermées mettant ainsi des milliers de salariés en chômage, d’autres ont réduit leurs activités ou pensaient quitter le pays pour s’installer ailleurs.

Qui en est responsable ?

Sans pour autant chercher à faire porter la responsabilité à une partie quelconque parce que si l’entreprise économique ne trouve pas les conditions requises pour assurer sa pérennité, c’est toute la société qui va souffrir, il y a, à mon avis, un postulat fondamental qu’il y a lieu de rappeler : Le développement économique et la paix sociale de notre pays sont tributaires de notre capacité à promouvoir, mettre à niveau, restructurer et préserver l’entreprise économique viable, compétitive et innovante. Pour ce faire, l’engagement résolu des pouvoirs publics au soutien de l’entreprise doit être sans faille.

Un projet d’amendement actuel de la loi 2013 est déjà soumis à l’ANC, qu’est- ce que vous pensez de cette loi ?

Le projet d’amendement actuel de la dite loi déjà soumis à l’ANC pour approbation, prévoit désormais son intégration avec celui de la faillite dans un nouveau chapitre au sein du code de commerce relatif aux procédures collectives. Certes, il a permis de dédramatiser la faillite mais il n’a pas apporté de nouvelles solutions surtout dans le domaine de la prévention. Le projet d’amendement qui confirme la même orientation que celle de 2003 en limitant davantage le recours à cette loi pour les entreprises en difficultés et en renforçant les droits des créanciers, ne fait que réduire ainsi les possibilités de redressement de nos entreprises.

A mon avis, cet amendement va sonner la fin d’une orientation stratégique de soutien à l’entreprise (viable pouvant rencontrer des difficultés), alors que cette dernière a besoin plus que jamais d’un cadre plus incitatif à la préservation, la restructuration et la prévention des difficultés, ce qui n’est pas rassurant pour les chefs d’entreprise.

Comment voyez-vous les solutions ?

Il faut mettre en place un plan d’urgence dans ce contexte transitionnel pour aider les entreprises économiques à surmonter leurs difficultés, assainir leur endettement et restructurer leur situation financière.

Je propose aussi de créer des structures administratives régionales de conseil, de soutien et d’accompagnement des entreprises faisant face à des difficultés.

Il est également recommandé de procéder à l’évaluation de la loi sur le redressement des entreprises en difficultés avant de penser à son amendement. Une évaluation scientifique et objective s’impose. D’ailleurs, certaines institutions internationales peuvent être sollicitées compte tenu de leur expertise et expérience dans ce domaine pour assurer cette mission.

Il est proposé aussi la mise en place d’un Observatoire des Entreprises Economiques lequel, moyennant une banque de données exhaustive sur la situation des entreprises économiques, est aussi d’une grande nécessité. Il veillera à

• Veiller au suivi, l’analyse, l’évaluation des politiques de l’Etat engagées en faveur de l’entreprise.

• Elaborer des études prospectives anticipant ainsi les changements pouvant affecter l’entreprise et identifier les nouveaux secteurs porteurs.

• Etablir des études de benchmarking visant le développement de l’Entreprise.

• Proposer à l’Etat les mesures nécessaires pouvant aplanir les difficultés rencontrées par les entreprises.

• Harmoniser les efforts et les actions dans les différents secteurs économiques.

Khadija Taboubi

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