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Mohamed Salah Ayari à Africanmanager : « Le pouvoir de la Troïka est un vrai fiasco… »

Mohamed Salah Ayari, conseiller fiscal, enseignant universitaire et membre du Bureau exécutif d’Al Joumhouri a accordé à Africanmanager, une interview exclusive, dans laquelle il a qualifié le travail de la Troïka de vrai fiasco, relevant l’incapacité de l’opposition à remplir le vide.

S’agissant de la situation économique actuelle du pays, il a insisté sur la gravité de la situation économique et du climat d’affaires appelant, dans ce cadre, à une vraie révolution fiscale. Interview :

Dans quelle mesure peut-on dire que la situation économique actuelle est catastrophique?

Personne ne peut nier, aujourd’hui, la gravité de la situation économique, pour dire clairement qu’elle est effectivement catastrophique.

Cette situation est due à plusieurs facteurs dont principalement l’instabilité politique qui n’a pas cessé de secouer le pays, durant toutes les périodes de transition, le manque de confiance des hommes d’affaires tunisiens dans les pouvoirs actuels du moment que la justice transitionnelle n’a pas été concrétisée dans les faits et que l’interdiction de voyager pour certains d’entre eux n’a fait qu’aggraver cette situation.

Cela est imputé également à l’insécurité qui s’est installée partout dans le pays, ce qui a rendu le citoyen perplexe et a créé un sentiment de méfiance chez les touristes étrangers qui ont préféré choisir d’autres destinations. A cela s’ajoutent l’attaque de l’ambassade des U.S.A, le pillage de l’école de Carthage, les assassinats politiques, les actes terroristes de Jebel Châambi et la terreur qui a été semée par des extrémistes religieux ; tout cela a été à l’origine de la réticence des investisseurs étrangers qui ne veulent pas prendre le risque d’investir dans un pays à risque.

La situation économique très difficile et le climat d’insécurité qui règne dans le pays ont poussé les agences de notation et le dernier congrès de DAVOS à réviser le classement de la Tunisie à la baisse dans tous les domaines.

Quel rôle pourra jouer la fiscalité aujourd’hui ? L’imposition des sociétés est-elle la bonne solution à l’instar de ce qui est envisagé avec l’offshore ?

Moi personnellement, j’aurais souhaité une vraie révolution fiscale suite à la révolution du 14 Janvier 2011, afin de procéder à une refonte totale du système fiscal tunisien pour alléger les tarifs, simplifier les procédures, rendre la fiscalité plus attractive, instaurer la justice fiscale et concilier le contribuable avec l’administration fiscale.

Actuellement, les travaux de la réforme fiscale ont été entamés, mais je doute fort qu’elle puisse entrer en vigueur dans les circonstances actuelles où tout le monde est dans l’expectative et où on ne voit pas encore le bout du tunnel sur le plan politique.

Quant à l’imposition des sociétés exportatrices à partir du 1er Janvier 2014 à un taux réduit de 10%, tel que prévue par la loi de finances pour l’année 2013, elle demeure aléatoire du moment que la décision de leur imposition remonte à l’année 2006, mais l’échéance d’imposition a été reportée d’une année à une autre, durant toutes les dernières années.

A mon avis, le régime d’imposition des sociétés qui travaillent sous le régime offshore doit être inséré dans un programme global de réforme fiscale.

Qu’est ce que vous pensez du rôle de la Troïka aujourd’hui ? Et de l’opposition ?

Tout simplement, le rôle de la Troïka a été un vrai fiasco, durant la période de transition après les élections du 23 octobre 2011. Cette constatation se confirme par la cherté de la vie, l’assassinat de deux leaders politiques, le taux d’inflation qui n’a cessé de grimper pour atteindre 6.4% , les évènements de Châambi qui constituent une vraie énigme , le climat d’insécurité, l’instabilité politique, l’augmentation du taux du déficit budgétaire qui aux alentours de 7%, le taux d’endettement qui avoisine 48% , la régression des touristes, le taux élevé du chômage, le blocage de l’ANC, les tergiversations qui ont marqué l’élaboration de la constitution , la dégringolade de la notation de la Tunisie par les agences de notation de renommée internationale , le recul de compétitivité de l’économie tunisienne constaté par DAVOS de la 32ème place, trois ans en arrière, à la 83ème place durant l’année en cours etc.

Et l’opposition ?

Dans cette atmosphère très morose, l’opposition n’a pas été d’un grand apport. Elle est divisée, elle n’a pas une vision très claire, elle se sent amoindrie, elle n’a pas présenté des solutions de rechange adéquates et elle n’était pas capable de remplir le vide qui a été causé par la Troïka.

Le seul espoir, c’est que l’opposition réussisse à resserrer les rangs et à constituer un bloc démocratique uni qui sera capable de faire sortir le pays de la crise politique qui n’a fait que s’étaler dans le temps afin de finir la constitution , constituer l’ISIE et fixer la date des prochaines élections.

Plusieurs experts prévoient que la Tunisie est menacée de faillite, qu’en pensez-vous ?

Sincèrement, je crois que la situation est difficile et très délicate. Mais étant donné que je suis optimiste de nature, je demeure convaincu que la lueur d’espoir existe toujours et que nous sommes capables de surmonter la crise aussi bien politique qu’économique, et ce à condition que tous les partis politiques, dans le pouvoir ou dans l’opposition, prennent vraiment conscience de la gravité de la situation , de faire des concessions de part et d’autre et de privilégier l’intérêt de la patrie qui doit passer avant les tendances égocentriques et les calculs politiques très bas. C’est uniquement dans ce cas que la Tunisie ne sera pas menacée de faillite.

Khadija Taboubi

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