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Moyen-Orient :Coup d’envoi du projet de canal reliant la Mer Rouge à la Mer Morte

Israël, la Jordanie et l’Autorité Palestinienne ont signé, lundi 9 décembre 2013, au siège de la Banque mondiale, à Washington , un accord de construction d’un pipeline de 180 km reliant la mer Rouge à la mer Morte pour sauver cette dernière , et produire de l’eau potable , en installant une usine de dessalement dans le port jordanien d’Aqaba . L’eau sera consommée tant par les Israéliens que par les Jordaniens et les Palestiniens.

Ce projet prévoit de prélever l’eau de la mer Rouge à la hauteur du port jordanien d’Aqaba, pour l’amener, par gravité et grâce à un réseau de canalisations en grande partie souterraines vers la mer Morte .Il est constitué d’un canal destiné à acheminer l’eau de mer (100 millions de mètres cubes ), d’une usine pour la dessaler(100 millions de mètres cubes ) , en plus d’une usine hydroélectrique qui alimenterait en énergie la station de pompage située à Aqaba (Jordanie), ainsi que l’usine de dessalement , tout en fournissant de l’électricité à la Jordanie, à Israël et à l’Autorité palestinienne.

Seulement , les experts jugent que l’apport extérieur à la Mer Morte ne représentera , qu’environ 15 % de ce qui serait nécessaire pour stabiliser le niveau de cette mer , qui recule inexorablement d’un mètre par an, de manière à ce que sa surface est passée de 950 km2 à 637 km2 . Les experts avertissent que si rien n’est fait, l’assèchement du site , situé à 423 mètres en deçà de la mer Rouge, serait total d’ici 2050 .

L’eau adoucie produite par l’usine d’Al-Akaba , sera distribuée inégalement aux trois partenaires : Israël recevra entre 30 et 50 millions de mètres cubes, tandis que la Jordanie disposera de 30 millions de mètres cubes . l’Autorité palestinienne, achètera sa part , estimée à 20 millions de mètres cubes, de la compagnie israélienne Mékorot à un prix qui sera négocié ultérieurement .

Pour Israël, qui redoute l’assèchement de la mer Morte, le projet est avant tout un moyen de freiner cette évolution , mais aussi une manière de contourner la pression internationale qui s’accentue suite au blocage du processus de paix et à la poursuite de la colonisation , affichant par- là , une volonté de coopérer avec les pays de la région et surtout la Jordanie .

Pour les Jordaniens et les Palestiniens , le freinage de l’assèchement de la mort morte les intéresse , mais ils manquent cruellement d’eau et ils voient dans ce projet un moyen pour subvenir à leurs besoins en la matière . La Jordanie est le quatrième pays le plus pauvre en eau au monde , et la Cisjordanie pâtit , à cause de l’occupation israélienne , d’une pénurie hydrique structurelle. Les Palestiniens sont enclavés , n’ayant accès ni à la mer Morte ni au Jourdain , et leur nappe souterraine est sauvagement pompée par l’occupation .

Pour ce qui est du partage des composantes du projet entre les 3 partenaires et les coûts avancés , on remarque que les Jordaniens , qui vont héberger les usines hydroélectrique et de dessalement , parlent de 980 millions de dollars pour la première tranche , alors que les Israéliens parlent de la construction du pipeline , et du coût variant entre 300 et 400 millions de dollars, les Palestiniens , eux ne paraissent pas mettre ce projet au rang de leurs priorités . Les appels d’offres seront lancés en 2014 , et les travaux de construction du pipeline s’échelonneront sur au moins trois ans.

Ce projet finalement adopté n’est qu’une version réduite du projet initial , défendu jusqu’à avril dernier .Il a été revu à la baisse , passant d’un projet gigantesque , construit autour du canal Mer Rouge-Mer Morte, pour un coût approchant les 10 milliards de dollars à un projet de moindre envergure tournant autour de 1 milliard de dollars . Il remplace un autre projet dont Israël a étudié la faisabilité , dans les années 70, se composant d’un canal reliant la baie de Haïfa (mer Méditerranée) à la vallée du Jourdain, mais abandonné sans explications en 1985.

Le projet actuel , a deux objectifs qui ont été envisagés distinctement (sauver la mer morte et procurer de l’eau potable ) et ont été proposés ,séparément ,par les pays de la régions, aux bailleurs de fonds durant des décennies . Or c’est la première fois que les deux objectifs sont réunis et Israël est associé à des pays arabes pour réaliser un projet d’envergure .

En fait ,depuis les années 1970 , les grands projets ont été conçus par des hommes politiques , techniciens du développement et spécialistes en économie et en relations internationales , comme une plate-forme garantissant les conditions d’une solution au conflit du Moyen –Orient , afin d’engager un rapprochement entre les pays et faciliter les négociations .

Il faut reconnaître que les techniciens et spécialistes ont été les premiers à avancer de tels schémas et le plus percutant était proposé depuis 1975 , par l’économiste américain Lyndon La Rouche, par le biais du plan Oasis, qui comporte un ensemble intégré de grands chantiers pour toute la région , prenant le contrepieds des approches politiques subordonnant tout effort de développement du Moyen-Orient à la conclusion d’un accord de paix dans le conflit palestinien . Lyndon La Rouche souligne qu’il fallait inverser cette approche ,peu fructueuse à ses yeux , en proposant aux différents acteurs de la région une perspective de développement résultant d’une coopération mutuelle grâce à la réalisation de grands projets d’infrastructures qui devraient constituer le cadre d’une paix durable . Ces projets qui comportent des réseaux ferroviaires et autoroutiers , des usines de dessalement de l’eau de mer , des complexes agro-industriels , proposent l’exécution de ce qu’il appelle un canal de Suez modernisé, reliant la Mer Morte à la Méditerranée, et un deuxième canal reliant la Mer Morte à la Mer Rouge.

Mais ces projets n’ont pris leur envergure politique qu’avec le concept lancé par Shimon Pérès sur le nouveau Proche-Orient au milieu des années 1980 , et repris en filigrane dans la vision qui a guidé le processus de paix engagé à Madrid à partir de 1991 , et plus tard dans le processus d’Oslo dévoilé en 1993. Ce concept reposait sur l’idée de la réalisation des grands projets d’infrastructure et de développement , faisant appel à ce que Shimon Pérès a appelé , à l’époque , le savoir -faire israélien , l’argent des pays du golfe et la main-d’œuvre des autres pays arabes , promettant , ainsi , aux peuples de la régions un mirage de développement contre l’acceptation de droits incomplets pour le peuple palestinien qui revendique un Etat souverain ayant pour capitale Jérusalem , et la confirmation du droit de retour comme un droit inaliénable .

Aboussaoud Hmidi

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