AccueilLa UNENeutralisation des mosquées : A quel saint se vouer ?

Neutralisation des mosquées : A quel saint se vouer ?

À première vue, l’unification des prêches de vendredi n’est rien qu’une tentative du ministère des Affaires religieuses de définir sa position au sujet de la neutralité des mosquées. Il souhaitait par cette initiative reprendre le contrôle de certaines mosquées et par la suite respecter les engagements du nouveau chef du gouvernement, Mehdi Jomaa sur ce registre.

Démentie ce lundi 3 février, cette information est toutefois motivée par plusieurs raisons : d’abord plusieurs mosquées aux mains des extrémistes radicaux n’ont pas cessé d’appeler les jeunes à s’enrôler dans djihad en Syrie. Selon les estimations officielles, 400 mosquées sont sous le contrôle des radicaux depuis la révolution, sur un total de 5000 lieux de culte.

Pis, les prêches extrémistes sont à l’origine de plusieurs actes de violence notamment ceux commis à l’encontre de l’ambassade américaine en septembre 2012 ou encore des manifestations anti « Takfir. ». Résultat : deux assassinats politiques en 2013.

Dans pareille situation, le principe de la neutralisation des mosquées déjà inscrit dans la constitution par rapport à toute instrumentalisation serait-il appliqué ?

Les contours de l’usage politique permis par l’article 6 ne sont pas bien définis

Kaies Saïed, professeur en droit constitutionnel, a indiqué que le problème majeur demeure la démarcation entre ce qui est politique et ce qui est partisan dans la formulation de l’article 6 de la Constitution. « Les mosquées ne peuvent pas être utilisées dans la propagande partisane, mais les contours de l’usage politique permis par l’article en question ne sont pas bien définis, ce qui ne permet pas d’appliquer convenablement cet article », a souligné le professeur, dans une déclaration à Africanmanager.

Pour rappel, l’article 6 stipule que « l’Etat est gardien de la religion. Il garantit la liberté́ de conscience et de croyance et le libre exercice du culte. Il est le protecteur du sacré, garant de la neutralité́ des mosquées et lieux de culte par rapport à̀ toute instrumentalisation partisane ». Cette disposition a suscité une grande polémique entre les tenants de l’interdiction de l’accusation d’apostasie et ceux de l’interdiction de l’atteinte au sacré.

Dans pareille situation, le retour aux pratiques de l’ancien régime est-il possible ? Certainement non, a répondu Kaies Saied qui affirme que « la définition claire de l’instrumentalisation partisane demeure difficile. Dans ce contexte, le ministère des Affaires religieuses est appelé à fixer certaines conditions et critères pour les prêches de vendredi des imams » .

Les imams sont appelés à ne pas interférer dans les tiraillements politiques

Pour Férid Béji, président de l’association Dar El Hadith Ezzeitouni, la meilleure solution pour assurer la neutralité des mosquées est d’appeler les imams à ne pas interférer dans les tiraillements politiques lors des prêches de vendredi, et de prendre les sanctions contre ceux qui enfreignent la loi.

Écartant l’éventualité d’unifier les prêches du vendredi dans toutes les mosquées, décision qui pourrait provoquer le désordre dans le pays, Férid Béji a déclaré à Africanmanager que  » l’imam est libre de choisir les thèmes à aborder, mais il est appelé aussi à respecter la loi « . Et d’ajouter que  » l’imam pourrait parler de ce qui unit les Tunisiens et assurer la stabilité du pays « .

S’adressant au nouveau ministre des Affaires religieuses, Ferid Beji a noté que ce dernier est appelé aujourd’hui à assainir des mosquées en éloignant les ignorants, les partisans du  » Takfir » et ceux qui s’adonnent à la politique, en soulignant que l’assainissement pourrait se faire à travers l’envoi d’une lettre officielle de limogeage pour chaque imam qui ne respecte pas la loi.

Un plan sécuritaire est une condition sine qu’a none

Au ministère des Affaires religieuses, Sadok Arfaoui, ex-conseiller auprès du même ministère, a plaidé pour une activation des politiques mises en place depuis quelque temps de manière à consacrer la neutralité des mosquées. Il a, dans ce sens, recommandé la mise en place d’un plan sécuritaire pour faire face à l’insécurité sachant que le ministère de tutelle est incapable aujourd’hui de récupérer certaines mosquées aux mains des radicaux. « La conjugaison d’efforts s’avère une nécessité pour imposer la sécurité et la discipline » a-t-il précisé à Africanmanager.

Wiem Thebti

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -