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Pourquoi Rached Ghannouchi veut-il imposer la règle du jeu aux prochaines élections ?

Rached Ghannouchi a déclaré, mercredi, au cours de l’émission « Bila Houdoud » d’Ahmed Mansour , sur Al Jazeera ,que le terrorisme ne doit pas être exploité dans le cadre de campagne électorale, et saisi l’occasion pour récuser les jugements de certaines parties politiques qui font porter au mouvement Ennahdha la responsabilité de l’extension de ce fléau , rappelant que la parti islamiste a pâti de ce phénomène à telle enseigne que les deux gouvernements de Hamadi Jébali et Ali Lâarayedh sont tombés sous l’effet du terrorisme .

Les propos de Ghannouchi sont positifs du moment qu’ils expriment l’avis d’un grand parti, qui se réclame, de surcroît, de l’islam politique sur un phénomène, qui lui est adjacent (le terrorisme ) et qui est tellement dangereux qu’il menace les acquis de la société , la stabilité du pays et l’intégrité de l’Etat . On a toujours pensé que l’opinion publique et les forces politiques doivent bien accueillir tout Tunisien qui adhère , même tardivement , à la lutte contre le terrorisme, et les nouvelles conversions sont toujours les bienvenues , mêmes si elles sont exprimées du bout des lèvres .

Seulement, en analysant la déclaration de Rached Ghannouchi de plus près, on remarque qu’elle repose sur une contre-vérité énorme. Il laisse entendre que sa formation politique est partie de la même ligne de départ que les autres courants politiques dans sa démarcation et sa lutte contre le terrorisme, mais les faits démontrent le contraire. Ennahdha a pris, dès le départ , des positions très indulgentes envers le salafisme , le djihadisme et le trafic et la collecte des armes. Depuis début novembre 2011 ,avant même la formation du Gouvernement Jébali , tous les islamistes se sont ligués contre le doyen de la Faculté de Lettres de Manouba , taxé de traiter le problème du port du Niqab par quelques étudiantes en privilégiant ses convictions idéologiques (l’expression était de Rached Ghannouchi lui-même ) , l’acharnement de ces mêmes salafistes contre la société civile , les formations politiques démocratiques , les enseignants des beaux-arts et les Hommes de lettres et les symboles de la patrie ( le drapeau national ) n’ont donné lieu à aucune réaction ou démarcation sérieuse de la part d’Ennahdha . Le parti islamiste n’a envoyé aucun signal à ces corps malmenés par les salafistes pour leur signifier qu’il est à leurs côtés ou qu’ils peuvent compter sur son concours pour faire valoir leurs convictions, modes de pensée ou manières d’être . Et on a assisté même lors de la profanation du drapeau national , à un alignement sur les positions et déclarations de ces extrémistes comme si la contradiction principale était entre l’islam et les autres ( comprendre fidèles et mécréants) .

Et même lorsque le phénomène islamiste est apparu dans toutes ses dimensions en donnant lieu au trafic et au stockage des armes ( à Bir Ali Ben Khelifa, en février 2012) à l’émergence de groupes armés opérationnels ( à Fernana et au Kef, en décembre 2012 ) , aux attentats contre les militaires et hommes de sécurité (Bouchebka, en décembre 2012 , Chaâmbi, en avril 2013 , Gboullat et Sidi Ali Ben Aoun , octobre 2013) et aux assassinats politiques de Belaid et Brahmi, février et juillet 2013 , les réactions des cadres d’Ennahdha et des responsables gouvernementaux étaient toujours hésitantes à tel point que les observateurs y ont vu un attachement au socle de départ associé à une vision situant la ligne démarcation entre les musulmans et les autres .

Depuis le départ d’Ennahdha du pouvoir , on est en train de sentir que le mouvement islamiste commence à reconnaître son erreur stratégique consistant en la banalisation du danger terroriste , l’entretien de l’illusion dans ses rangs propres , au sein des institution de l’Etat , et dans l’opinion publique que ces terroristes sont récupérables , et qu’ils ne sont pas si dangereux que les démocrates le disent . Mais maintenant , au lieu de faire son mea culpa et faire en sorte que cette erreur ne se répète pas , Ennahdha veut faire partager les tares de ce choix stratégique erroné à toutes les forces politiques et leur imposer , sous couvert d’une règle morale et déontologique , qu’elles ne parlent pas de cette chevauchée engagée par les forces vives du pays qui a abouti à l’isolement des terroristes et au dévoilement de leurs menées perfides pour détruire les acquis de la société et du peuple tunisiens .

Rached Ghannouchi veut par cette suggestion établir une règle du jeu qui lui soit favorable et qui empêche ses adversaires politiques de faire valoir leur lucidité et l’analyse judicieuse qu’ils ont faite de la situation politique et l’exploiter dans le combat électoral à venir.

De toutes les façons, il est peu probable qu’il soit écouté justement parce qu’il n’est pas qualifié pour imposer une telle règle du jeu, qui ne fait que lui donner un avantage sur un dossier où il a déjà tout perdu.

Aboussaoud Hmidi

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