AccueilLa UNEPourquoi revient-on sans cesse aux chiffres de 2010?

Pourquoi revient-on sans cesse aux chiffres de 2010?

Les hauts cadres de l’Etat et les responsables des ministères autres que politiques, qui s’étaient tus pendant les premiers mois de la révolution, reprennent l’initiative, et reviennent, à chaque fois ,dans leurs analyses économiques, aux chiffres de 2010.

Au vu de leurs s développements, on s’aperçoit que les chiffres d’avant la révolution dans les grands chapitres de l’économie , ne sont jamais atteints que ce soit au niveau de la création des entreprises ou de postes d’emploi , des exportations , des investissements étrangers directs , ou même des flux touristiques .Les chiffres de synthèse sont également évoqués sous le même angle : les grands équilibres financiers , la couverture de l’importation par l’exportation , le taux de la dette extérieure par rapport au produit national brut (PNB) , le taux d’intégration dans l’économie mondiale etc …

Ceux qui prennent pour référence l’année 2010 , ne le font pas par apologie de Ben Ali et de son exercice , ou par adhésion à ses choix .Au contraire , ils ne manquent pas l’occasion pour insister sur les grands blocages , le népotisme , la corruption qui ont fait perdre à la Tunisie , entre 2 et 3 points de croissance annuellement et sur les deux décennies de règne de Ben Ali .Ces avis sont le plus souvent exprimés de manière claire , et on peut également les comprendre en filigrane des analyses avancées .

Ces mêmes analyses, une fois prolongées au-delà de la date du 14 janvier 2011, montrent que la Tunisie est en train de perdre des occasions rares, et mettra du temps pour se redresser en retrouvant les performances d’antan et les améliorer. Aux conditions de ce rétablissement , qui sont les mêmes que celles posées par l’opposition du temps de Ben Ali , s’ajoutent les exigences et les bienfaits de la révolution :optimiser l’utilisation du potentiel et des moyens , assainir le climat d’affaires , dans le monde du travail et la vie publique , en y intégrant les vertus et les principes de la révolution , et profiter du capital sympathie dont jouit la révolution tunisienne dans le monde , pour réaliser au mieux les objectifs de développement .

Or, à voir la situation de près, il n’est pas difficile de déceler qu’on est loin de ces exigences. C’est la raison pour laquelle les chiffres et les normes de 2010 ne sont pas atteints.

On invoque, pour expliquer cet état de choses, les exigences de la révolution qui requièrent des années pour apporter stabilité et développement. Seulement, ceux qui avancent cet argument oublient qu’il n’est pas nécessaire pour une révolution de payer forcément un coû social et économique élevé , une fois les entraves liées à la répression et au népotisme écartés ,pour réaliser ses objectifs .L’aspect radical d’une révolution ne se mesure pas à l’aune de l’ampleur des dégâts causés par le soulèvement , mais à celle du caractère irréversible des mesures révolutionnaires adoptées . Ce qui implique la maturité des esprits de ceux qui font la révolution , et des revendications portées par les masses lors des grands évènements .

Or, les développements ont prouvé que nos élites ont bien mûri , et que leurs doléances ont également eu le temps d’arriver à maturité . La révolution tunisienne, elle-même s’est bien ancrée dans l’esprit des élites , à tel point que le monde entier a été ébloui par la clarté de ses objectifs , et leur compatibilité avec les moyens déployés , ce qui a rendu possible son caractère pacifique . Mais on s’aperçoit que la période qui a suivi le 14 janvier 2011 n’a pas été au même niveau que la période de ferveur qui a précédé cette date historique.

Les révolutions sont faites, généralement, par nécessité historique. Lénine résumait, laconiquement, ces situations en disant en substance, qu’une révolution peut avoir lieu lorsque ceux d’en haut ne peuvent plus, et ceux d’en bas ne veulent plus.

L’objectif principal des révolutions étant la libération des énergies, du fait des blocages dont sont victimes les forces vives des sociétés en question, ce qui ouvre généralement sur des périodes de stabilité et de développement génératrices de production et de créativité. Cela suppose un même référentiel politique pour toutes les forces en présence, tenues, ce faisant, de s’entendre sur les priorités à mettre en œuvre.

Or, ce qu’on a vu en Tunisie, depuis la révolution, dénote d’un énorme malentendu historique entre les forces politiques en présence. En lieu et place des exigences de l’emploi , du développement des régions intérieures , de l’éradication de la pauvreté et de l’établissement des égalités des chances , on a eu affaire à des tentatives pour détruire l’Etat tunisien , à une grande hostilité envers l’esprit d’entreprise et l’initiative privée , à un engagement débridé pour déstabiliser les gouvernements modernistes de la région et installer une internationale islamiste au niveau de la région , à des menées obscurantistes pour imposer à la société tunisienne , et surtout aux femmes , un mode de vie exogène , et à installer le pays dans la violence aveugle et la contrainte .

A l’évidence, ces priorités ne sont pas celles de la révolution, et ne répondent en aucun cas aux attentes de ceux qui ont fait la révolution, et de ceux qui ont la charge d’assurer la pérennité de l’Etat tunisien. Ces deux catégories se sont longtemps tues, pour laisser la parole à ceux qui ont un autre agenda improvisé et imposé à tous. Mais, ce qui est nouveau, c’est que les temps sont en train de changer, et que les vérités premières émergent pour permettre aux Tunisien de se concentrer sur leurs priorités, afin d’atteindre et surpasser les réalisations de 2010 .

Aboussaoud Hmidi

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