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Presse : La cause est entendue !

Ce 17 septembre 2013 sera-t-il une réplique du séisme révolutionnaire du 14 janvier sur la presse ? Davantage qu’une interrogation, c’est d’abord l’ardente résolution d’en finir avec des médias servant d’accessoire à un décor en carton pâte pour la démocratie, mais surtout la mise en route d’un processus qui fera réfléchir à deux fois le pouvoir chaque fois qu’il se hasardera à mettre sous sa coupe la presse et à harceler ceux qui y travaillent. Le message est clair comme de l’eau de roche : plus de tentative de mainmise sur les médias, plus d’ingérence dans leur ligne éditoriale, plus de pressions de quelque nature et de source que ce soit.

Seulement, il doit être entendu par tous et, d’abord, par les journalistes eux-mêmes, que ceci ne doit nullement signifier avoir les coudées franches pour entrer en transes, se permettre tout et rien et s’affranchir des règles et principes qui donnent à la presse tous les attributs d’un 4ème pouvoir responsable, crédible et fondamentalement soucieux de l’intérêt du pays. C’est à cette aune que les journalistes devront désormais inscrire leurs futures démarches, l’idée qu’ils se font de leur métier et la philosophie-car c’en est une-qui guide leur exercice.

A l’évidence, pareille architecture devrait exiger de mettre de l’ordre dans ce maquis de textes législatifs et réglementaires, manifestement hétéroclites et contradictoires, une situation dont le pouvoir ne s’interdit pas de tirer parti pour sévir contre la presse au nom de la loi, suivant les occurrences du moment et bien plus encore au gré de ses desseins politiques. En témoigne la polémique suscitée, à l’occasion des poursuites judicaires engagées contre Zied el Héni, autour de l’applicabilité à son cas de l’article 128 du code pénal ou de celle du décret-loi 115 relatif à la presse. Si les magistrats, apparemment, dans leur majorité, prennent fait et cause pour la mise en œuvre de l’article 218, au motif que l’on est en présence d’un délit d’ « imputation à un fonctionnaire public ou assimilé de faits illégaux en rapport avec ses fonctions, sans en établir la véracité », excluant ipso facto l’application du décret-loi 115 qui n’a pas prévu de manière explicite et sentencieuse l’abrogation des dispositions précédentes contraires , comme l’exige la science pénale, les avocats plaident , eux, pour une approche diamétralement antinomique qui exige la mise en œuvre du décret-loi 115 , du fait de sa postérité à l’article en question, donc de sa primauté exclusive.

Les exemples ne sont pas rares qui puissent envenimer les relations entre le pouvoir et la presse, et il sera dans l’ordre des choses que ce sera souvent le cas si un terme n’est pas mis à cette foire d’empoigne juridique où chacun puise ce qui arrange le plus justement du monde sa démonstration. Tout un chantier, certes, mais un chantier indispensable et urgent pour que chacun sache à quoi s’en tenir et se fixe les limites qu’il n’aura pas à franchir.

Mais il sera encore plus important que les gouvernants se rendent à l’évidence que la presse a vocation à faire office de contre-pouvoir dont le rôle a pour effet de restreindre l’exercice du pouvoir en place et de proposer une alternative aux décisions d’une autorité. C’est une règle de jeu politique autant que d’intérêt public. D’autant que la presse est ce relais qui porte les attentes, les préoccupations et les réactions de l’opinion publique et permet, fait essentiel, de prendre son pouls vis-à-vis des questions nationales et internationales. Et ce serait mener des politiques de très mauvaise aloi que de tourner le dos à cette réalité, en cherchant soit à domestiquer la presse soit à la placer sous sa tutelle. L’histoire et l’actualité enseignent que ceux qui s’y sont essayés en ont eu toujours pour leurs frais.

Il en coûtera aux gouvernants du moment et pour le mouvement Ennahdha, comme, d’ailleurs, à ceux qui auront été choisis ultérieurement, si similaires ou dissemblables soient-ils, pour prendre les rênes du pays, de perdre de vue ce fait cardinal de la gouvernance, car la sanction est immédiate et sans appel. Certes, il est bien vu de se répandre en professions de foi et en lieux communs soulignant l’intangibilité de la liberté d’expression et la liberté de la presse, mais il est impératif, dans le même temps, que son exercice soit indemne de toutes les tentations de la miner et de lui ôter sa substance.

Enfin, on ne pourrait conclure sans cette citation de George Orwell : » La liberté, c’est la liberté de dire que deux et deux font quatre. Lorsque cela est accordé, le reste suit « . C’est là que se loge toute la pertinence de toute politique dont le bénéfice rejaillit sur le grand nombre.

Mohamed

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