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Radhi Meddeb à Africanmanager : « L’année 2014 serait celle de tous les dangers »

L’économiste et président du conseil de l’Institut de Prospective Economique du Monde méditerranéen (l’IPEMED), Radhi Meddeb a accordé à Africanmanager, une interview exclusive dans laquelle il a fait remarquer que la situation économique et financière de la Tunisie est très difficile. Il en a entre autres imputé la responsabilité à la décision de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement de réduire leurs prêts à la Tunisie, et surtout aux acteurs politiques et économiques et au retard du processus électoral.

Radhi Meddeb a constaté, en outre, qu’à ce jour, aucune demande exigée par la Révolution n’a été satisfaite. Pour ce qui est l’année 2014, il a exprimé son inquiétude, soulignant que cette année serait celle de tous les dangers.

La situation économique et financière est-elle vraiment catastrophique ?

Non, il ne faut pas trop abuser et exagérer. La situation économique et financière du pays est extrêmement difficile, mais pas catastrophique, et il est encore largement temps de redresser la situation économique. Cependant, redresser la situation économique, comme on n’arrêtera pas de le dire depuis des mois, passe par une plus grande qualité politique, la définition d’une feuille de route politique claire, des échéances précises parce que le redressement ne passera que par la restauration de la confiance et l’investissement qui sont un pari dans l’avenir. Or, personne ne parie sur un avenir incertain.

Les prévisions pour les années 2014 et 2015 ?

2014 va être l’année de tous les dangers puisqu’elle va être une année électorale et on risque de ne pas voir de grandes réformes engagées là-dedans. Ainsi, le schéma de confiance avec nos bailleurs de fonds internationaux risque de ne pas être retrouvé en 2014. L’année 2015, c’est encore loin, mais cela dépendra de la manière dont la Tunisie pourra retrouver sa stabilité politique, une direction des affaires publiques responsable et capable de discernement et d’engager toutes les réformes nécessaires.

Qu’est-ce que vous attendez du budget de l’Etat pour l’année 2014 ?

Le budget de l’Etat pour l’année 2014, on ne le connaît pas encore à la date d’aujourd’hui. Il n’a pas encore été divulgué. Il est encore en cours de préparation. Il est très en retard sur le planning légal de production du budget. La loi stipule que le budget doit être déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale constituante pas plus tard que le 15 octobre. Aujourd’hui, nous sommes à 5 jours de retard par rapport à cette date. A ma connaissance, le budget n’est pas encore bouclé. Il sera donc difficile de respecter la loi en cette matière. On a dit beaucoup de choses sur le budget. On a dit qu’il serait un budget d’austérité. Les premières mesures divulguées concernant le budget ont fait polémique et n’ont pas une portée extraordinaire. Je crois que, dans la préparation du budget, la grande difficulté aujourd’hui est qu’il n’y a pas un chef de file au sein du gouvernement, un chef de file qui pilote l’économie et la finance. Donc, il n’y a pas de cohérence globale du budget et le budget ne traduit pas une vision et une volonté politique claires.

Quelles devraient être les priorités actuelles du gouvernement ?

Les priorités devraient être les réformes dont on a parlé, principalement la réforme du système bancaire, financier, la réforme de la caisse générale de compensation, des caisses de retraite. Toutes ces reformes sont obligatoires. Une grande priorité devrait être l’investissement dans les régions de l’intérieur pour répondre aux besoins et aux attentes de ces régions. N’oublions pas que nous avons une révolution et que, malheureusement, nous n’avons apporté aucune des réponses exigées par la Révolution.

Qu’est-ce que vous pensez concernant la décision de la Banque Mondiale de réduire de moitié son prêt pour la Tunisie et de la BAD d’annuler le sien ?

Nous en sommes les responsables. Nous n’avons pas avancé dans les réformes convenues avec les bailleurs de fonds. C’est à nous de balayer devant nos portes et d’engager les réformes avec lucidité et courage pour amener ces bailleurs de fonds à remettre la main à la poche et de manière encore plus conséquente ; et cela est possible.

Est-ce qu’on peut parler d’une reprise sans endettement ?

Oui, c’est possible, mais à condition que l’endettement ne serve pas uniquement à couvrir les dépenses de fonctionnement, mais plutôt les dépenses d’investissement qui améliorent la compétitivité du territoire intérieur et doter le pays d’une bonne infrastructure. C’est à ces conditions-là que l’économie nationale peut se redresser.

Khadija Taboubi

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