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Tourisme : « Nous sommes sur la bonne voie », affirme Jamal Gamra

Les responsables du tourisme en Tunisie espèrent que, malgré le climat d’incertitude politique qui règne en  Tunisie, le nombre de touristes reviendra, d’ici la fin de cette année, à ses niveaux d’avant la révolution de 2011.

« Au cours des huit premiers mois de cette année, nous avons franchi la barrière de 4 millions de touristes », a affirmé le ministre du Tourisme Jamel Gamra, dans une interview exclusive à l’agence de presse turque Anadolu.

«Notre objectif pour cette année est de nous rapprocher de celui de 2010, qui était d’un peu moins de 7 millions d’euros, » a-t-il dit. « Jusqu’à présent, nous sommes sur la bonne voie. »

Le nombre de touristes s’est établi à 4,2 millions pour la période de janvier à août de cette année, avec des recettes  touristiques qui demeurent de 7 pour cent inférieures à celles d’avant janvier 2011.

Le nombre de touristes a culminé à plus de 7 millions en 2008, puis s’est maintenu à quelques centaines de milliers au dessous de ce niveau en 2008 et 2009.

Durant l’année qui a vu le déclenchement de la révolution, cependant, moins de 4,6 millions de touristes étrangers ont visité le pays.

Le tourisme local a attiré, pendant l’été 2011, beaucoup de familles tunisiennes profitant des forfaits fortement réduits dans les stations balnéaires du pays. Les Libyens, fuyant la guerre dans leur pays, ont aussi aidé à augmenter les taux d’occupation des hôtels.

La stabilité politique est revenue progressivement, les arrivées de touristes sont restées néanmoins sous la barre des six millions, l’année dernière.

Le nombre de touristes allemands et italiens, quant à lui, est en baisse, mais les visiteurs du Royaume-Uni ont dépassé ceux en provenance d’Allemagne, à hauteur de plus de 22 pour cent, dès 2010. Les Russes (en hausse de 45 pour cent depuis 2010) – et, dans une moindre mesure, les Ukrainiens et les Tchèques – occupent les chaises longues, laissées vides par les Français.

Un surcroît de touristes en provenance de Libye, en revanche, a contribué à augmenter les flux totaux de visiteurs.

La saison estivale a résisté étonnamment bien aux turbulences politiques et sécuritaires en cours en Tunisie.

L’impact des assassinats politiques

Deux assassinats ont récemment frappé la Tunisie, celui de Chokri Belaid, en février, et celui de Mohamed Brahmi, en juillet. Les autorités en rejettent la responsabilité sur les salafistes radicaux, ainsi que celle de la mort de huit soldats dans une embuscade à Jebel Chaambi.

L’assassinat de Belaid avait eu « un impact très significatif » sur le tourisme, a déclaré Jamal Gamra. «C’était la première fois dans l’histoire de la Tunisie, qu’il ya eu un assassinat politique de ce genre», a-t-il dit. «Avec le second [juillet 25] assassinat, nous n’avons pas senti un tel impact, parce que la saison estivale avait déjà commencé. »

Les mesures de sécurité, quant à elle, ont été renforcées dans les aéroports tunisiens au cours des dernières semaines.

«Nous avons coordonné avec les opérateurs hôteliers et le ministère de l’Intérieur pour assurer la formation du personnel des hôtels sur la façon d’être attentifs aux questions de sécurité et la façon de garder un œil sur les bagages », a déclaré Gamra. « Et maintenant, presque tous les hôtels ont dit qu’ils vont mettre en place la vidéosurveillance.»

Le ministre a insisté sur le fait que, depuis la révolution, « il n’y a pas eu d’acte d’agression visant des touristes en tant que tels sur près de 15 millions qui ont visité» le pays.

Le cas français

Les flux de visiteurs français se sont révélés particulièrement sensibles à l’évolution politique en Tunisie, même si les Français restent de loin le contingent le plus important.

Le nombre de touristes français qui visitent la Tunisie est encore de 45 pour cent inférieur à son niveau d’avant la révolution, avec moins de 540.000, de janvier à août de cette année, contre environ 900.000 au cours de la même période de 2010.

Le ministre n’hésite pas en imputer la responsabilité à deux documentaires de la télévision française qui, pense-t-il, ont dissuadé les touristes français, en ce sens qu’ils ont fourni une représentation exagérée de l’émergence des islamistes salafistes radicaux en Tunisie.

Les autorités tunisiennes ont fait appel à Publicis, une agence publicitaire française, qui a élaboré un slogan décrivant le vacancier en Tunisie « Libre de tout vivre » (« libre de tout découvrir»).

« Pour promouvoir la Tunisie en tant que destination, nous avons essayé d’afficher une offre diversifiée, avec des activités comprenant les vacances de golf, le tourisme de bien-être, la thalasso et le tourisme archéologique, » a-t-il dit.

Le slogan était également destiné à apaiser les craintes qu’un gouvernement dirigé par des islamistes signifierait un environnement touristique moins détendue.

Pendant des décennies, la Tunisie s’est lancée sur le marché français comme une destination « soleil et de sable. »

L’arrivée d’un  parti islamiste au pouvoir n’a « absolument rien » changé à la planification stratégique, selon le ministre. «Bien au contraire, ce que nous faisons vise à conforter vraiment le tourisme comme un choix irréversible pour l’économie tunisienne», a-t-il souligné ajoutant que son ministère espérait augmenter le nombre de touristes d’environ un million chaque année.

« L’année prochaine, nous aurons un objectif plus ambitieux. Nous voulons ajouter un million de touristes chaque année, pour atteindre 10 millions en 2016. »

Il a dit qu’un accord était imminent pour la création d’une société de gestion d’actifs destinée à environ 80 hôtels non rentables – sur un total de 800 hôtels en Tunisie – qui pèsent sur le tourisme local et le secteur bancaire à cause des crédits non performants.

Le problème s’est posé sous le régime Ben Ali avec l’octroi de financements suivant les allégeances politiques, ce qui a donné lieu à des investisseurs avec peu de vision entrepreneuriale.

«Nous devons résoudre ce problème pour le bien de l’image du secteur et l’image de nos hommes d’affaires et des opérateurs hôteliers », a déclaré Gamra.

«Nous sommes maintenant à un stade très avancé des négociations avec la Banque centrale pour la création de cette société de gestion d’actifs. Je pense que nous allons arriver à une bonne formule sur laquelle tout le monde peut être d’accord »

Les dettes seront rééchelonnées alors que les hôtels seront soit fermés soit convertis en établissements ayant d’autres vocations, tels que des unités résidentielles ou les campus universitaires.

Le ministre est conscient que les problèmes de ce secteur datent d’avant la révolution, soulignant que « l’innovation constante, à la fois dans l’offre et dans les méthodes de gestion», sont nécessaires si le secteur du tourisme en Tunisie veut maintenir sa compétitivité mondiale, soulignant que, pour que la Tunisie continue de soutenir la concurrence sur le marché mondial, les propriétaires d’hôtels doivent respecter les normes internationales.

« Mon message aux exploitants d’hôtels, c’est qu’ils ont besoin de s’investir dans la rénovation continue des infrastructures de l’hôtel », a déclaré le ministre. Durant les 15 dernières années, il y a eu des subventions de l’Etat pour les soutenir, et nous avons choisi de continuer avec ce régime, afin d’encourager les hôteliers à rénover. »

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