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Tunis : Ce n’était pas la faute à Ben Jeddou. Jomâa avait dit non à l’article 19.

Toute la Tunisie l’attendait vers 18 heures. Il ne franchira le perron du palais de Carthage qu’à 23 heures 55 minutes, juste à temps pour tenir sa promesse d’annoncer son gouvernement le samedi 25 mais 2014. L’homme, d’après ses proches, aurait passé toute l’après-midi de samedi au siège de son ministère à Montplaisir, entre rencontres et coups de téléphone.

Souriant et affable, comme à son habitude, il révèle pourtant avoir reçu des menaces de mort qu’il s’abstient à préciser, et annonce surtout l’échec de toutes ses tentatives de mettre au point le gouvernement tant attendu.

Officiellement chargé, le vendredi 10 janvier 2014, de former le 5ème gouvernement de la transition tunisienne, il passera 15 jours à parcourir les locaux de toutes les parties politiques et à recevoir hommes politiques et politiciens. L’objectif était de former le consensus. D’abord, autour de sa personne qui était refusée par la gauche tunisienne. Ensuite autour du gouvernement à proposer et que toute l’opposition attendait au tournant, en brandissant déjà le «non» contre tout candidat issu du gouvernement Larayedh haï par tous.

A deux jours de l’annonce du nouveau gouvernement, toute l’attention était braquée sur les portefeuilles qu’il pourrait laisser entre les mains d’anciens ministres du Nahdhaoui Ali Larayedh. Presse, comme opposition, se focalisaient même sur la personne de Lotfi Ben Jeddou que Jomâa tenait à maintenir au ministère de l’avenue Bourguiba.

Une partie de bras de fer, semblait ainsi s’installer, entre Mehdi Jomâa d’une part ,une grande partie de l’opposition et Ennahdha , d’autre part . L’opposition avait peur de l’homme, ancien ministre de l’industrie de Larayedh, que son rival Ennahdha avait adopté, dès les premières minutes sans aucun commentaire. Ennahdha , elle , avait peur des velléités d’indépendance de Jomâa et de ses promesses de libérer les mains de ses ministres concernant les nominations et les révocations. Se disant indépendant, Jomâa voulait dès le départ annoncer la couleur . Il accordait, selon des sources qui lui sont proches , une importance particulière à sa liberté de choisir ceux qui travailleront avec lui, dans le cadre de la feuille de route et sur la base d’une feuille de mission qu’il donnera à chacun de ses ministres . Selon ceux qui l’ont approché, Jomâa ne nie pas les pressions qu’il subissait, de toutes parts, à propos de son gouvernement et des conditions de sa gouvernance. Il n’en dévoilait pourtant jamais la nature, tant qu’elles se faisaient de manière souterraines et jamais au grand jour.

Ce bras de fer, s’était pourtant accentué par le vote de l’article 19 de la loi constituante numéro 6 du 16 décembre 2011 portant sur l’organisation provisoire des pouvoirs publics. Elle donne le droit à l’ANC (Assemblée Nationale Constituante) d’opposer une motion de censure, contre le chef du gouvernement à la majorité des 3/5 et à la majorité simple (50%+1) contre n’importe lequel de ses ministres. Le premier à critiquer cet article qui met en danger la stabilité politique du gouvernement de Mehdi Jomâa et met surtout ses ministres sous la menace d’une simple majorité de députés, a été le SG de l’UGTT. Houcine Abassi a en effet exprimé «son regret de voir cet amendement briser le compromis obtenu entre les partis politiques et remettre en cause le document signé dans le cadre du dialogue national». Reçu, ce dimanche 26 janvier 2014, par Moncef Marzouki qui reconfirme sa désignation en tant que chef de gouvernement, Mehdi Jomâa maintient le cap . Il a ainsi «espéré dépasser la crise provoquée par l’amendement à l’article 19 du projet de la Constitution qui permet aux députés de l’ANC d’adopter une motion de censure contre les membres du gouvernement avec une majorité de 50+1». Preuve que cet article est le second nœud gordien de la nouvelle crise politique en Tunisie.

Selon des sources proches de Mehdi Jomâa, ce dernier aurait très mal pris ce vote qu’il a considéré comme portant directement atteinte au consensus qui s’était formé, sous la houlette du Quartet, autour de sa personne , de son programme et surtout des conditions de travail et de la gouvernance qu’il prône en cette ultime phase de la période transitoire . Jomâa, selon des sources qui lui sont proches, aurait aussi très mal pris l’article 19, comme un coup de poignard dans le dos, de la part de certains participants au Dialogue National et une atteinte à ce qu’il considère «son devoir de protéger son équipe gouvernementale» contre toute tempête politicienne, avant la fin de sa mission, et contre tout départ intempestif, qui serait pris pour un désaveu à de hauts cadres qui ont sacrifié des postes enviables pour servir le pays.

Aux dernières nouvelles, Jomâa aurait a eu gain de cause sur l’article 19 qui a été amendé pour ramener la révocation à la majorité des 3/5 pour tout le gouvernement. Il aurait aussi réuni son Cabinet à Dar Dhiafa pour leur annoncer le compromis fait avec l’ANC. On, ne sait pas cependant s’il gagnera le bras de fer pour la nomination de Ben Jeddou au ministère de l’intérieur. On verra cela, ce soir, dimanche 26 janvier 2014, à 21 heures.

Ka Bou

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