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Tunis : D’abord les prix et maintenant les voitures. Maatar a-t-il menti ou a-t-il été dépassé ?

Il y a quelques jours, lorsque nous rapportions que les relations entre le ministre CPRiste du Commerce et le conseiller Nahdhaoui pour les dossiers économiques auprès du chef du gouvernement tunisien, n’étaient plus au beau fixe, Maatar dément et Ridha Saidi se tait. En fait, selon nos sources au cabinet du ministre du Commerce, ce dernier aurait été assez vivement réprimandé par Ali Larayedh pour les déclarations qu’il nous a faites à Ouagadougou. Il semble pourtant vrai, comme s’en plaignait Abdelwaheb Maatar, que le Conseiller Ridha Saidi s’est saisi directement du dossier des prix et tout récemment de celui des concessionnaires de voitures. Deux dossiers importants et d’actualité au ministère du Commerce. Maître Maatar se serait ainsi trouvé dans une position où il n’aurait plus rien à envier au Président Marzouki, sans pour autant pouvoir en éviter les travers !

Mardi 23 avril 2013 à 11 heures du matin, le ministre du Commerce se réunissait avec les concessionnaires automobiles. A l’ordre du jour, l’état du PGI (Programme Général d’importation), les perspectives de l’ouverture du marché, le marché parallèle qui prend quantitativement de l’ampleur sur le marché régulier. De l’avis de tous les présents, le ministre s’était montré très compréhensif et coopératif. Le ministre préparait en fait son CIM du même jour sur le même sujet. La rencontre étant son «Hand-Check» avec les concessionnaires et les avis étant divergents, le ministre Maatar poussera la compréhension jusqu’à leur annoncer qu’il ne présentera aucun document au CIM dont il demandera le report et les aurait assurés qu’aucune décision ne sera prise, sans qu’il n’y ait concertations préalables avec eux. Le même jour, il sera dépassé par les évènements.

– Y a-t-il réellement un gouvernement de l’ombre ?

Mardi 23 avril, Ridha Saidi présidera un CIM consacré à la question des concessionnaires automobiles. Il y décidera notamment d’accorder deux nouvelles autorisations de concessionnaires pour l’importation de véhicules 4×4 exclusivement destinés au secteur touristique. Il y décidera aussi d’ouvrir l’importation des véhicules en Tunisie à 3 nouvelles marques asiatiques.

Il faut rappeler, à ce propos, que le marché tunisien comprend déjà les plus grandes marques asiatiques, reconnues et homologuées en Europe, comme la coréenne Kia chez le groupe Bouchammaoui, Nissan chez Mzabi, Toyota chez Belkhiria, Mitsubishi entre les groupes Mabrouk et Ben Jemâa, Mazda chez Loukil, Hyundai chez le groupe Alpha, Isuzu chez Afrique-Auto du groupe Atrous et Ssangyong chez le groupe Zouari. Tout cela, rien qu’en VP. En VU, il y a une marque chinoise d’engins de travaux publics et une autre marque indienne en phase de réalisation pour les CKD (completely knocked down, ou importation de pièces pour montage en Tunisie).

Chez la direction générale du commerce extérieur, on ne spécifie pas ces marques, mais on n’en exclut non plus aucune, y compris l’indienne TATA. On nous précise aussi, que la candidature est ouverte pour tout le monde, les nouveaux, comme ceux qui opèrent déjà sur le marché et le choix se fera sur dossier, avec une priorité à donner aux projets CKD.

Ces décisions ont totalement surpris les professionnels du secteur, restés sur la promesse du ministre de ne rien décider sans discussions préalables avec eux. Tout le secteur des concessionnaires se demande ainsi si le ministre Maatar leur avait menti ou s’il avait été réellement dépassé. Et si ces décisions ont été prises, sans que le ministre du Commerce ait donné son accord, après concertation avec les professionnels, il deviendrait évident que Maatar ne tient plus entièrement son ministère et il aurait même raison de dénoncer ce qu’il avait appelé le «gouvernement de l’ombre».

– Ennahdha prêche l’économie sociale et pratique le libéralisme sauvage.

Mais si Abdelwaheb Maatar s’était montré compréhensif vis-à-vis des doléances des concessionnaires, quant aux questions du quota, qui n’a pas été définitivement fixé ni distribué, ainsi que sur la question du marché parallèle qui ne contribue qu’au pillage du fisc et l’approfondissement du déficit commercial, le CIM présidé par le Conseiller Ridha Saidi n’en dit pas mot. Ce CIM se penche ainsi, sur la libéralisation d’un secteur, sans pour autant penser à l’étude de l’état du marché de l’automobile et son impact sur les finances de l’Etat tunisien.

Volontairement ou involontairement, le conseiller du chef du gouvernement nahdhaoui, un parti qui met en avant son souci d’une économie sociale, opte pour un libéralisme économique et commercial, sans aucun frein et donne le feu vert au développement du marché parallèle aux dépens du marché organisé.

Volontairement ou involontairement, le CIM présidé par le nahdhaoui Ridha Saidi, a ainsi «mis la charrue avant les bœufs». Permettre l’ouverture à des marques, toujours non homologuées par les normes européennes, comme l’a toujours été l’importation des véhicules en Tunisie, ce qui représente une sécurité pour le consommateur tunisien, avant de libéraliser le secteur de l’importation chez les concessionnaires toujours soumis au système des quotas et dont les autorisations de concessionnaires restent encore d’une durée d’une seule année renouvelable et met en danger leurs investissements, tout ceci relève, à notre sens, d’une stratégie non étudiée et hasardeuse. Cela, à moins que le conseiller économique du chef du Gouvernement n’ait d’autres données. Nous les ignorons, pour la simple raison qu’il ne veut pas en parler, comme nous le lui avons fait la demande.

Khaled Boumiza.

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