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Tunis : Deux ministres, trahis par leur témoin et manipulent les chiffres !

Avant de quitter l’emploi pour le commerce, le ministre dont l’ancien SG de parti ne voulait pas au gouvernement, s’accrochait comme à une bouée de sauvetage, à son bilan pour l’exercice 2012 qui n’était même pas plein pour Abdelwaheb Maatar.

Diplômé, en 1975, de l’ÉNA et licencié en droit public, l’homme devient avocat, après des passages, manifestement infructueux, à la STAR, à la Sonede et à l’ATCT. Sa nomination au gouvernement de Hammadi Jbali, à la tête du ministère de l’emploi et de la formation, n’était pas exempte d’accrocs. Il avait d’abord fait parler de lui, lorsque sa collègue Sihem Badi, nomme la fille de Maatar dans son cabinet.

– Abdelwaheb Maatar, le ministre qui ne fait pas l’unanimité.

Il fera encore parler de lui, lorsque les syndicats l’accuseront d’utiliser une maison, mise à disposition d’un directeur régional de la formation, à des fins autres que ministérielles, c’est-à-dire personnelles. Le Constituant Brahim Gassas, l’accusera d’utiliser une Mercédès de la présidence de la République et sera surtout utilisé par son confrère du barreau et ancien co-membre du CPR, Abderraouf Ayadi, l’accusant , en outre, d’etre impliqué dans une affaire de prêt usuraire. Il mettra le bassin minier en ébullition, lorsqu’il déclarera, en juillet 2012, que «les habitants du bassin minier qui ont fait sit-in devant le ministère, ont reconnu leur faute et mis fin à leur mouvement ». Sans conteste, Maatar aura été enfin l’un des ministres les plus controversés du gouvernement Jbali.

Dès juillet 2012, lorsque les premières déclarations émergent sur le remaniement ministériel, Maatar commence ce qui pourrait être assimilé à une campagne de presse, pour redorer le blason de son bilan. Le 16 juillet, sur les ondes de Mosaïque FM, l’ancien ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, annonce le recrutement d’environ 50 mille personnes dans le secteur public et 85 mille autres dans le secteur privé. Déjà à cette date, il promettait 135 mille nouveaux postes d’emploi. Une prévision, déjà démentie par l’ancien porte-parole du gouvernement Jbali, Samir Dilou, sur les ondes de la radio privée Shems FM, lorsque 3 mois plus tôt, le ministre tunisien de l’Emploi évoquait, à Sfax, la création de 100 mille nouveaux postes d’emploi, au cours de l’année 2012. Le porte-parole du gouvernement avait alors jugé «improbable la réalisation d’un tel nombre de nouveaux postes, et de préciser que le nombre des nouvelles créations d’emploi sera nettement moindre, selon le nouveau programme économique du gouvernement». Mais qu’à cela ne tienne.

Dès la confirmation du remaniement et lorsque démarrent les marchandages sur les portefeuilles à pourvoir dans le gouvernement d’Ali Larayedh, Abdelwaheb Maatar repart de plus belle dans sa campagne média, parcourant les plateaux TV, chiffres à la main. On va donc les décortiquer.

– Le ministre est parti, mais le ministère le défend toujours !

Il y a quelques jours, nous nous sommes adressés au nouveau ministère de l’emploi, pour nous donner le détail des chiffres présentés par son prédécesseur, justifiant la création des 100 mille nouveaux postes d’emploi, au cours de la seule année 2012. Le nouveau ministère nous remet un document de deux pages, libellé «Eclaircissement pour l’opinion publique». Indiscutablement, le nouveau ministre défend donc les chiffres de celui qui l’avait proposé à ce poste. Dans cette note dont le but était de répondre «à la campagne de mise en doute des chiffres de l’emploi », il est dit que «les statistiques révèlent la création de 60.900 postes d’emploi, au cours du premier semestre 2012». Et le nouveau ministère de citer à l’appui de la véracité des dires, de l’ancien et du nouveau ministre, les chiffres de l’INS, avant d’ajouter que «le ministère confirme que cela s’ajoute aux 31.500 nouveaux postes qui SERONT recrutés dans la fonction publique et les entreprises publiques.

– Démenti et erreur de l’INS.

 

Contacté à ce propos, l’INS nous dirige vers le directeur des statistiques de l’emploi, Taha Khassib. Ce dernier, nous affirme la création, au cours de l’exercice 2012 et pour les deux secteurs , privé et public confondus, de seulement 85.100 nouveaux emplois. Le responsable de l’INS est catégorique et se réfère aux résultats de la dernière enquête auprès des ménages. Ce ne sont donc pas 60.900, au cours du seul premier semestre 2012, ce qui suggérerait que ce chiffre pourrait être plus important pour toute l’année 2012, mais seulement 85.100, pour toute l’année 2012. L’année 2011 s’était même terminée avec la destruction de 137 mille 600 emplois. Le reste est une simple question de calcul, comme le montre le tableau de l’INS.

Selon la méthode retenue par l’INS dans le décompte des créations d’emploi, et qui est le résultat de la soustraction du total de la population active, entre le 4ème trimestre 2011 et la fin du 4ème trimestre 2012, le résultat est de 85.100. On retrouve cependant un chiffre nettement moindre, dans les propres chiffres du même INS, des créations d’emplois d’un trimestre à l’autre au cours de 2012. L’addition des chiffres, tels que mis dans le tableau plus haut, aboutit à la création de 79.600 emplois et non de 85.100 !

– Délit de manipulation de chiffres.

Les chiffres de Maatar, que confirme son remplaçant à la tête du ministère de l’Emploi, sont ensuite bâtis sur une hypothèse, celle du recrutement par la fonction et les entreprises publiques, de 31.500 personnes. Ces recrutements n’ont cependant pas été réalisés, ce qui place automatiquement les chiffres d’Abdelwaheb Maatar dans la rubrique des effets d’annonce sans plus. En annonçant ainsi, de but en blanc, que son ministère a pu créer 100.000 nouveaux postes d’emploi, le ministre Maatar aura ainsi manipulé les chiffres. La manipulation est manifeste, lorsque l’ancien et le nouveau ministre, justifient le chiffre de 100 mille, en indiquant que le recrutement des 31.500 par la budgétisation des montants de leur recrutement, dans le budget de 2012 et d’indiquer que «le ministère de l’Emploi et de la Formation n’est pas responsable des concours de recrutement ». Plus mauvaise foi que cela, tu meurs, pourrait dire le proverbe.

Ka.Bou

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