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Tunis : Ennahdha se fissure, dégringole dans les sondages, perd en crédibilité et la face.

Ennahdha, le parti au pouvoir en Tunisie, se fissure. Après une première démission de Fattoum Attia, d’une des membres de son groupe parlementaire, une femme d’affaires de la région de Nabeul sur laquelle les faucons d’Ennahdha ont vite fait des pressions pour revenir sur sa décision, après l’initiative du SG d’Ennahdha pour un gouvernement de technocrates qui finira par sa démission, après la fronde publique entre les deux principales têtes pensantes et fondateurs du parti Islamiste, Rached Ghannouchi et Abdelfattah Mourou, après les déclaration de Samir Dilou et de Lotfi Zitoun qui prenaient le contrepied de la position officielle de leur parti de ne pas s’asseoir à la même table que le parti Nida Tounes, voici Abou Yaarib Marzouki, théoricien d’Ennahdha et conseiller de Hammadi Jbali qui claque la porte en y ajoutant un coup de gueule retentissant. «Ennahdha est débile, hypocrite, qui cherche à placer ses partisans à la tête des administrations et croit surtout que le pouvoir est un butin à distribuer entre ses partisans». Dixit, Abou Yaarib Marzouki sur sa page Facebook.

Les mots sont durs, évoquant un parti, Ennahdha, qui « prend le peuple pour un idiot » ou encore, Ennahdha qui «combat la corruption et le Fassed, par une corruption plus grande ». Abou Yaarib qui parle d’un «pouvoir [celui d’Ennahdha], qui se transforme en partage des prises de guerre dans le gouvernement», ne fait certes que reprendre ce qu’une très grande partie du peuple tunisien sait maintenant.

 

Avant lui, dans une interview accordée à Marianne, le vice président du parti, Abdelfattah Mourou, ne ménage pas le président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi et accuse ouvertement le leader de la formation islamiste d’avoir mené le parti et la Tunisie au «désastre», des mots durs à propos de son parti qu’il démentira un temps, avant de les reprendre, dans une autre interview sur la TV nationale Wataniya 1. Sur cette chaîne, il propose même que Ghannouchi se reconvertisse dans l’action de la «daâoua» et quitte donc la direction du parti.

Tout cela confirme toutes les rumeurs, qui couraient, depuis le dernier congrès d’Ennahdha, sur l’existence d’une fissure au sein du parti au pouvoir en Tunisie et l’existence, désormais, de faucons et de colombes.

– La prophétie de Caïed Essebssi pour Walid Bannani et le camouflet social d’Ennahdha.

A cette fissure qui semble s’élargir de jour en jour et pourrait même impacter l’action gouvernementale d’un parti qui gardera la main sur la Tunisie, malgré le prochain partage des portefeuilles ministériels, s’ajoute le fait qu’Ennahdha perd de plus en plus de points dans les sondages concernant la confiance dans les partis et les personnalités politiques. Rached Ghannouchi ne trouvait ainsi confiance que chez 5,4 % des personnes sondées par Sigma, en février dernier. Loin devant lui, il y avait Béji Caïed Essebssi. Chez 3C Etudes, Ennahdha se retrouve en seconde place, en termes d’intentions de vote, derrière Nida Tounes. Pour les deux sondeurs d’opinion, le leader de Nida Tounes, occupe toujours la première place en termes d’intentions de vote pour les prochaines présidentielles.

Indéniablement, Ennahdha perd des points, perd de l’audience et perd de plus en plus la confiance de ceux qui lui avaient accordé leurs suffrages, en octobre 2011. Derrière cette perte, il y a son échec, en tant que parti au pouvoir, à réaliser les véritables objectifs de la révolution tunisienne, qui sont, en priorité, économiques. Derrière la décadence populaire d’Ennahdha, il y a aussi ses positions louches concernant le danger salafiste, son rejet de toutes les propositions pour sortir le pays de l’attentisme politique et il y a aussi la perception populaire qu’Ennahdha joue sur le temps pour essayer de s’éterniser dans le pouvoir.

 

Ennahdha vient, en plus, de recevoir un camouflet magistral, lors du déplacement de son chef à Thala à Kasserine. Les Tunisiens se rappellent encore cet avertissement, lancé par Béji Caïed Essebssi de Nida Tounes, à Walid Bannani d’Ennahdha sur un plateau TV. «Si, un jour, tu rentres à Kasserine [ville natale de Bannani], tu vas y recevoir la raclée de ta vie », lui avait-il lancé, comme s’il lui jetait un sort. Quelques semaines plus tard, à Thala à Kasserine, Walid Bannani, en compagnie de Rached Ghannouchi, sont caillassés et priés de dégager par un foule en colère. L’endroit où Ennahdha reçoit ce camouflet qui lui fait perdre la face, n’est pas anodin, dans la mesure où il s’agit de l’un des berceaux de la révolution tunisienne. Bien avant cela, Ennahdha avait, à notre sens, reçu plusieurs messages d’une population qui ne se retrouve plus dans les valeurs d’un parti qui découvre ses véritables desseins islamistes radicaux, sans pouvoir les décrypter. Des messages, tels que ses bureaux incendiés, ses pancartes piétinées ou l’agression contre son vice-président. Pris dans sa folie des grandeurs, le parti au pouvoir avait préféré user de ces messages comme d’un outil politicien pour essayer de frapper ses ennemis politiques et les exclure de la scène. La démission, retentissante, d’un de ses barons, Abou Yaarib Marzouki, vient certainement le lui rappeler. Un proverbe arabe dira de cette démission, و شهد شاهد من اهلها.

Est-ce pourtant la fin pour Ennahdha ? Loin s’en faut, il faut le dire. Henri Kissinger disait que «Le pouvoir est l’aphrodisiaque suprême». On a rarement vu un vieil homme se défaire de son aphrodisiaque !

Khaled Boumiza.

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