AccueilChiffreTunis-Fête de la femme : L’œuvre inachevée !

Tunis-Fête de la femme : L’œuvre inachevée !

Berceau de l’émancipation de la femme dans le monde musulman autant que celui du Printemps arabe, la Tunisie ne semble pas être allée au bout de sa logique alors que partout dans le monde, est célébrée, ce 8 mars, la Journée internationale de la femme.

Des avancées, et non des moindres, ont été certes accomplies, mais la condition de la femme en Tunisie a impérativement des progrès à faire dans maints domaines, hypothéquée en cela par un legs qui peine à être congédié et encore par des préjugés qui continuent à avoir la vie dure.

Crédité des suffrages de 1 200 000 femmes lors des dernières élections présidentielles, Béji Caïd Essebsi, ne pouvait pas laisser l’occasion de leur rendre un hommage appuyé autant qu’à toutes les femmes de Tunisie, d’ailleurs, en les félicitant pour le statut qui est devenu le leur aux rebours de celles du monde arabo-musulman qui croulent encore sous le joug de l’inégalité et des violences qui leur sont faites systématiquement et au quotidien. Il a salué les Tunisiennes, lesquelles ont pu enregistrer une très grande avancée sur le chemin de l’égalité et de la conquête de leurs droits, y compris politiques, puisqu’elles occupent huit postes dans le gouvernement actuel, ce qui, faut-il le dire néanmoins, est insuffisant eu égard à leur poids dans la société.

Pour autant, le président de la République ne s’est pas fait faute de dire tout l’étonnement qui l’agite de voir les statistiques indiquer annoncer que 50% des femmes tunisiennes subissent des violences. Il n’en a pas moins appelé à la vigilance et à lutte contre toutes les formes de violences exercées sur la femme tunisienne.

En effet, selon une étude faite par la commission nationale de la femme au sein de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), le taux des femmes victimes de violence en Tunisie est de 50%. Lors d’une conférence organisée, samedi, en collaboration avec l’Organisation internationale du travail (OIT) autour de « la violence faite aux femmes », Najwa Makhlouf, a souligné Najwa Makhlouf, coordinatrice de la commission nationale de la femme ouvrière au sein de l’UGTT, elle a souligné, cependant, qu’au niveau international, le taux des femmes subissant des violences est de 70%, précisant que ces actes touchent essentiellement les femmes âgées de 18 à 64 ans.

Les femmes sont victimes de 4 formes de violences : la violence physique, sexuelle, psychologique et économique, a fait savoir la syndicaliste en révélant que la violence physique est à la première place avec plus de 32% suivi par la violence psychologique avec 28%, la violence sexuelle (15%) et la violence économique (7,1%).

Après le 14 janvier, la violence contre la femme en Tunisie est en hausse, en particulier, la violence économique à l’instar du licenciement abusif et l’interdiction du travail par certains maris, selon Najwa Makhlouf.

Tout en appelant à la nécessité de dénoncer toute forme de violence, la syndicaliste a rappelé que la violence faite aux femmes reste un sujet tabou en Tunisie et qu’une majorité des victimes refusent de témoigner.

A ce propos, Najwa Makhlouf a appelé à l’élaboration d’une loi incriminant la violence contre la femme, invitant, à cette occasion, la société civile à s’impliquer dans des actions de sensibilisation et de lutte contre la violence faite aux femmes.

Violences mais également des droits bafoués. Un appel a été lancé, en ce 8 mars 2015, à la ratification de la convention 183 de l’organisation internationale du travail sur la protection de la maternité en particulier en ce qui concerne les vacances prénatales et l’extension du congé de maternité et à l’inclusion de l’approche genre dans le droit tunisien.

La nécessité a été souligné de permettre au père de bénéficier du congé de paternité, d’accorder la mise en disponibilité pour une durée de deux ans renouvelables deux fois à la femme fonctionnaire pour lui permettre d’élever ses enfants âgés de moins de 6 ans ou atteints d’infirmités outre l’institution d’un régime spécial de travail à mi-temps en bénéficiant des deux tiers du salaire.

L’appel a été lancé par l’association « Moussawat » (égalité) qui a entamé depuis samedi une campagne de sensibilisation aux droits de la femme à l’avenue Habib Bourguiba, pour demander la révision des textes législatifs tunisiens afin qu’ils soient conformes aux dispositions de la nouvelle Constitution.

Il s’agit aussi de protéger les droits économiques, sociaux politiques et culturels de la femme, dont notamment l’égalité des rémunérations et le droit de vote.

Les militantes de l’association « moussawat » ont aussi recommandé l’unification des dispositions relatives au congé de maternité et aux heures d’allaitement dans les secteurs public et privé. « La maternité est une fonction sociale dont l’Etat et la société assument la responsabilité », a précisé l’association recommandant la création de crèches et de jardins d’enfants publics à travers le pays.

Faut-il rappeler que la Constitution tunisienne affirme dans son article 40 que « tout citoyen et toute citoyenne ont le droit au travail dans des conditions décentes et à salaire équitable ». L’article 46, consacré plus particulièrement aux droits des femmes, inscrit dans la Constitution la protection des acquis de la femme, le principe de parité et la lutte contre les violences faites aux femmes en ces termes : « L’Etat s’engage à protéger les droits acquis de la femme, les soutient et œuvre à les améliorer. L’Etat garantit l’égalité des chances entre la femme et l’homme pour assumer les différentes responsabilités et dans tous les domaines. L’Etat œuvre à réaliser la parité entre la femme et l’homme dans les conseils élus. L’Etat prend les mesures nécessaires afin d’éradiquer la violence contre la femme ».

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