AccueilLa UNETunis- Fête de la République: A la sourdine, voire sous cape!

Tunis- Fête de la République: A la sourdine, voire sous cape!

Il y a 58 ans, la Tunisie, alors indépendante depuis une année, cessait d’être une monarchie sous la coupe de la dynastie beylicale pour devenir une République. L’événement avait rang d’un tournant de la toute première grandeur marquant un changement de régime et le coup d’envoi du chantier des réformes qui  feront du pays  ce qu’il est devenu plus tard et jusqu’à nos jours : un Etat républicain gouverné par les siens, un pays sur les rails de la modernité, instruit, respecté partout dans le monde et résolument engagé dans le développement.

La proclamation de la République est devenue dès lors une date régulièrement célébrée, une tradition républicaine, une fête populairement nationale et surtout un moment essentiel de la cohésion du peuple autour de ses nouvelles valeurs, de ses aspirations et de sa croisade pour le mieux-être et la prospérité. Pour le fondateur de la République, le Leader Habib Bourguiba, le 25 juillet était une occasion incontournable pour s’adresser à la Nation, la mobiliser autour des causes du moment et de l’étape et l’édifier sur ce qui avait été fait et sur ce qui devrait l’être. Son successeur, Zine el Abidine Ben Ali, a maintenu cette tradition dans l’intérêt bien compris qui était le sien, n’y dérogeant que rarement, et surtout, faut-il le signaler, il avait la malice  d’y mettre les formes avec les actes politiques qui s’y rapportaient.

En ce 58ème anniversaire de la République, et le premier de la 2ème du nom, dans la foulée d’événements aussi essentiels que la promulgation de la nouvelle Constitution, l’élection d’un nouveau président de la République, d’un nouveau Parlement, rien de tel n’a été fait,  faisant de ce 25 juillet 2015 une journée presqu’ordinaire. C’est tout juste si une cérémonie, somme toute protocolaire, rappelait aux Tunisiens que leur Etat est une République.

Pourtant, il y avait tant à dire à la Nation encore sous le choc d’un acte terroriste, le deuxième et, espérons-le, le second, aux retombées massivement désastreuses sur son économie, avec à la clé, une rentrée sociale chaude dont les signes avant-coureurs commencent à se manifester, une situation régionale au bord de l’explosion, un taux de croissance annonciateur de récession…

Une architecture politique, économique, sécuritaire, sociale et diplomatique où les Tunisiens éprouvent l’impérieux besoin d’être rassurés, de savoir ce qui les attend, où ils vont et que vont faire ceux qu’ils ont choisis pour les gouverner. Et ceci dicte un seul et unique devoir : leur parler et leur dire ce qu’il en est. A défaut d’un « discours à la Nation », il aurait été tout aussi utile d’imaginer une autre forme de communication, par exemple, une grande interview avec un panel restreint de journalistes, comme c’est le cas en France à l’occasion du 14 juillet, bien qu’en Tunisie, l’anniversaire de la République ne soit pas une fête nationale, destinée à éclairer la lanterne des Tunisiens sur ce qui les préoccupe, les tourmente même.

Béji Caïd Essebsi a la vocation indiscutable de se prêter à semblable exercice. On l’a vu s’y livrer, un soir de Ramadan, par endroits à la bonne franquette, comme dans une causerie vespérale, sans pourtant omettre d’aborder les sujets qui occupent et préoccupent. Toutefois, le 25 juillet 2015 a tout d’une occurrence solennelle et la conjoncture dans laquelle il a lieu est rigoureusement indissociable d’un acte politique majeur et d’un discours rassérénant pour une opinion publique en proie au doute, habitée par l’incertitude et sous le faix de l’appréhension.

Le président de la République, garant de l’unité du peuple et dépositaire de sa conscience, a le devoir d’officier à cette enseigne et plus encore lorsque les écueils  s’agglomèrent pour virer à des défis d’une extrême gravité comme celui du terrorisme dont l’hydre ne cesse de gagner du terrain malgré le combat qui lui est livré mais pas toujours avec les effets escomptés. Tout en ayant à être au dessus de la mêlée, politique cela s’entend, il lui est enjoint de fixer le cap dans la tourmente, de faire office de recours quand les choses ne vont pas, d’être la bannière sous laquelle se fédèrent les volontés, en un mot d’être l’homme de la situation sans être pour autant  l’homme providentiel. BCE l’a-t-il été ? La question vaut d’être posée. Sans plus.

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