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Tunis: Fitch accuse

Il semble que les agences de notation deviennent un vrai casse-tête pour la Tunisie. Après Moody’s, c’est au tour de Fitch Ratings de dégrader la note de la Tunisie dont elle vient d’abaisser de nouveau la note souveraine de BB+ à BB- avec perspectives négatives. Publiée au soir de l’attaque suicide de Sousse, l’agence de notation justifie cet abaissement par le retard de la transition politique et l’incertitude sur l’issue du dialogue national. Pis ! Une baisse supplémentaire de la note souveraine de la Tunisie est possible si la crise politique s’intensifie ou si la Tunisie ne parvient pas à réduire nettement ses déficits budgétaire et courant.

L’économiste et universitaire, Fethi Nouri a précisé, dans une déclaration à Africanmanager, que la dégradation de la note de la Tunisie par Fitch était attendue , soulignant que la Tunisie se trouve actuellement devant deux grandes difficultés, macro-économique et politique.

A l’échelle politique, l’économiste a précisé que l’économie nationale ne peut pas se redresser à travers les discours politiques, précisant que le fait de se mettre autour d’une table ne veut pas dire qu’on va sortir de la crise. Au niveau macroéconomique, il a appelé à garantir les grandes équilibres financiers notamment ceux de la balance commerciale et de paiement, soulignant que le déficit budgétaire se creuse, chaque année, de 2 points, ce qui pose un grand problème au niveau des finances publics.

Il a alerté contre la mafia économique qui ne cesse de proliférer en Tunisie. Il nous a précisé que la corruption ne cesse de s’amplifier de jour à l’autre depuis l’année 2011, appelant les parties concernées à contrôler davantage les circuits de distribution, restructurer la douane et réduire la taille du marché parallèle. Selon lui, les plus grands projets qui devraient voir le jour, en Tunisie, se trouvent, aujourd’hui, dans de vrais rouages du trafic.

Au sujet de la situation économique du pays, Fathi Nouri a déclaré qu’il ne faut pas s’attendre à une amélioration pour aux moins les deux années prochaines, puisqu’on ne voit pas encore le bout du tunnel.

Il a appelé, dans ce cadre, à élaborer un programme économique, régional et sectoriel, bien ficelé qui se projette sur les 5 prochaines années et à mettre en place un schéma de financement clair. Il a relevé, cependant, l’absence de vrais planificateurs en Tunisie.

De son côté, Hafedh Zaafrane, expert international en économie, a indiqué que la dégradation de la note de la Tunisie est attendue vue que la situation économique et politique du pays demeure encore préoccupante, soulignant que le constat a été fait et personne ne peut remettre en cause la situation de crise que vit la Tunisie depuis la Révolution.

Il a affirmé, en outre, que la Tunisie a besoin des perspectives politiques réelles et stables, même si la situation économique ne s’améliore pas de la manière souhaitée. Et d’ajouter que la Tunisie n’a pas 36 mille solutions, mais plutôt une consistant en une feuille de route claire et bien définie : « Il est impératif, aujourd’hui, d’éclairer la feuille de route, la seule qui puisse améliorer la situation économique et sociale du pays», a-t-il estimé. Il a appelé, cependant, à ne pas attacher une grande importance à cette dégradation, mais aussi il ne faut pas la négliger et banaliser les choses, soulignant que les perspectives économiques dépendront de la donne politique qui doit être bien maîtrisée.

Hafedh Zaafrane nous a précisé, par conséquent, que malgré les difficultés, la Tunisie dispose encore de plusieurs atouts et avantages qui manquent à plusieurs pays.

Fitch Ratings a expliqué la dégradation de la note de la Tunisie par la transition politique qui a été encore retardée et l’incertitude croissante sur le succès final du processus. « Les élections présidentielles et législatives initialement prévues en 2013 ont été reportées. Le résultat des négociations entre le gouvernement et les partis d’opposition pour former un gouvernement intérimaire, qui a commencé à la fin octobre, reste incertain. Les élections sont peu susceptibles de se tenir plus tôt que 2014. Les risques de nouveaux retards dans le processus politique ou l’escalade des protestations et la violence sont importants. En outre, les élections ne constituent aucune garantie de la stabilité », indique Fitch dans un communiqué.

A rappeler que Fitch avait révisé, également, à la baisse « ses projections réelles de croissance du PIB en Tunisie à 2,8% en 2013 et 3% en 2014, tandis que l’inflation a augmenté et devrait atteindre 6% en moyenne en 2013. L’agence s’attend à ce que le déficit du compte courant reste élevé à 8,1% du PIB en 2013, et 7,7% en 2014.

K.T

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