La porte-parole de la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (Conect), Monia Essaidi a assuré que la Tunisie a plus que jamais besoin de toutes ses forces vives pour relancer son économie. D’où, l’importance de s’unir autour de la même table pour s’atteler aux orientations stratégiques, économiques et sectorielles sans exclusion de manière à rétablir la confiance et promouvoir notre image qui n’a cessé de se détériorer. Interview:
Quelle est la position de la Conect par rapport au projet de loi organique portant sur les dispositions relatives à la réconciliation économique et financière, adoptée par le conseil des ministres du 14 juillet et continue à alimenter la polémique ?
La position de notre centrale est claire et annoncée depuis la création de notre Confédération : non au règlement des comptes, non à la vengeance, au laisser-aller et à l’acquittement sans contrepartie de ceux qui ont bénéficié d’avantages ou usé indûment des biens publiques.
Il faut veiller à la protection des intérêts publics et nous demeurons convaincus que l’on finira par trouver les solutions adéquates.
A mon avis, ce genre d’initiative est de nature à rétablir le climat de confiance, même un climat d’apaisement dans une conjoncture marquée par une forte détérioration du climat des affaires sans oublier la mauvaise image de la Tunisie à l’extérieur. Encore, elle pourrait booster l’investissement dont on a besoin pour relancer l’économie.
On a besoin de vivre dans un climat d’investissement apaisé et positif, un climat qui pourrait envoyer des messages positifs à nos partenaires, mais aussi aux investisseurs désireux de créer leurs projets en Tunisie.
Si les choses restent bloquées et les gens continuent à être méfiants, on ne pourrait plus relancer l’économie et sauver le pays qui fait encore face à une multiplicité de défis. Cela n’empêche que la Conect plaide pour la mise en avant de l’intérêt national, considéré comme une priorité majeure.
Dans cette situation exceptionnelle et même dangereuse, la Tunisie a besoin de toutes ses forces et de ses acteurs économiques pour gagner ce challenge.
Mais plusieurs forces ont mis en garde contre ce projet sous prétexte qu’il porte atteinte aux prérogatives de la constitution. Que pensez-vous ?
Nous avons confiance dans nos institutions notamment l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) sachant que ce projet de loi sera prochainement soumis à l’Assemblée pour examen. Donc, on reste confiant dans notre assemblée qui va certainement mettre fin à cette polémique et je ne pense pas qu’il y aurait un dépassement de la constitution ou les lois en vigueur.
Je pense qu’on a trop parlé et c’est le temps de concentrer l’effort sur les actions et le retour au travail pour sauver le pays.
Parlons un peu du projet de loi de finances complémentaire pour l’exercice 2015 qui sera examiné lors du prochain conseil ministériel avant sa présentation à l’ARP. Ce projet propose plusieurs mesures comme le retrait de l’exonération dont bénéficient les personnes physiques et des baisses de 50 millimes sur les prix de vente publique du litre d’essence, de 30 millimes pour le litre de gasoil et 50 millimes pour le litre de gasoil normal.. Qu’attend la Confédération de cette nouvelle loi ?
On attend beaucoup de la loi des finances complémentaire pour l’exercice 2015, et ce, pour rétablir le climat des affaires et la confiance dans l’investissement en particulier.
Je profite de cette occasion pour mettre l’accent sur l’importance de revenir sur certaines dispositions mentionnées dans ce projet, notamment celles ayant trait aux entreprises totalement exportatrices. Car, il est illogique d’en charger l’administration fiscale qui a déjà du pain sur la planche alors que l’attractivité de la Tunisie est en baisse.
Par contre, il est important de mettre en place des dispositions claires pour lutter contre le fléau du régime forfaitaire. Un grand travail devrait être engagé pour une meilleure gouvernance et une plus équitable justice fiscale et pour que les entreprises soient soumises au régime réel.
Concernant le marché parallèle qui est en train de prendre des proportions alarmantes, je pense que l’Etat est appelé à réagir aux transactions qui se font en espèces. Beaucoup de transactions dans les achats et les ventes des biens immobiliers ou des véhicules s’effectuent actuellement rubis sur l’ongle. Or, ce n’est pas inacceptable et nous devrons fournir un effort pour qu’elles soient réglementées et taxées.
Plusieurs propositions ont été avancées par la Connect pour que la loi des finances complémentaire 2015 soit plus juste et pour que le contribuable ne soit pas soumis à une imposition lourde et pour que l’entreprise organisée elle-même ne subisse des pressions fiscales exorbitantes. La LFC doit inciter les entreprises à se développer.
L’UTICA a lancé ces derniers temps une nouvelle initiative d’ordre économique, et ce, en collaboration avec les représentants du secteur privé dans le but de préparer une feuille de route bien claire, d’ici septembre 2015 afin de constituer un front uni contre le terrorisme et le sabotage économique. La Conect appuie-t-elle ce genre d’initiative ?
On ne peut être que positif et on ne peut qu’approuver une déclaration émanant du secteur privé. D’ailleurs, les points évoqués dans ladite initiative sont pertinents et intéressants.
Cependant, on a déploré l’exclusion de la Connect de ce genre d’initiative. Aujourd’hui, la Tunisie est plurielle et si on soutient qu’une déclaration provient du secteur privé, il faut qu’elle soit exhaustive et englober tous les secteurs privés, composés déjà de deux centrales patronales, d’autres ouvrières ainsi que de plusieurs organisations nationales.
Malgré cette exclusion, on devrait s’unir autour de la même table pour nous pencher sur les orientations stratégiques, économiques et sectorielles sans exclusion pour sauver notre pays.