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Tunis : L’austérité, une vue de l’esprit et inenvisageable , selon Ali Chebbi

Les fragilités macro-économiques pèsent lourd sur la gestion budgétaire. Elles réduisent l’espace fiscal et limitent l’étendue du rôle de l’Etat, toutes conceptions confondues, c’est ce qui ressort d’une étude récente réalisée par Ali Chebbi, économiste et membre au Cercle des Economistes de Tunisie, et intitulée « L’économique du budget de l’Etat 2014 », soulignant que l’état des finances publiques s’est arrêté en 2013 sur des limites, d’où la nécessité d’une consolidation de la structure du budget pour éviter les subventions d’équilibre et d’équipement dont bénéficient plusieurs entreprises et établissements publics.

Selon Ali Chebbi, ces déficits structurels sont liés à la gouvernance, à l’ingénierie managériale et à l’instabilité des marchés internationaux, citant essentiellement l’exemple de l’ONH, la STEG, l’ETAP, la STIR, la CNAM.

Il a affirmé, à ce propos, que le budget de l’Etat doit prendre en charge un résultat comptable de contre-performance et que ces entreprises et établissements devraient y contribuer, précisant que la consolidation et l’assainissement budgétaire commence non seulement par la rationalisation des choix portant sur les finances publiques, mais aussi par la restructuration des entreprises publiques.

Il a fait savoir, cependant, que dans l’attente de l’achèvement des opérations d’audit, ces entreprises et établissements risqueraient de se trouver dans des déficits difficilement surmontables alors que tous ces déficits ont été programmés à être comblés sur les trois années à venir afin d’alléger la charge future sur le budget de l’Etat.

Concernant les trois banques publiques, des montants ont été réservés pour faire face à l’éventuelle recapitalisation une fois l’audit effectué. C’est un choix, certes discutable mais pas nécessairement condamnable, selon ses dires.

S’agissant de la politique d’austérité inscrite au titre du budget de l’Etat de 2014 prônée par quelques voix pour surmonter les difficultés actuelles, l’économiste a déclaré que cela n’est pas envisageable dans le contexte macroéconomique actuel, soulignant que cette politique est conçue comme une gestion de la demande globale moyennant des mesures restrictives draconiennes (gel des salaires et licenciement massif pour absorber les déficits publics, dévaluation de la monnaie locale pour stimuler les exportations et renchérir les importations afin de réduire le déficit commercial et révision à la hausse du taux de l’intérêt..).

Cette politique d’austérité, outre le fait qu’elle n’est envisageable que dans les démocraties les plus affirmées ou les dictatures les plus prononcées, (ce qui n’est nullement le cas en Tunisie depuis le 14 janvier 2011), la dévaluation n’est plus possible en Tunisie car le régime de change est flexible.

L’économiste a expliqué que ces mesures émanent d’un diagnostic ayant pour référence l’ancienne perception imputant à la demande globale de tous les dérapages des déficits et donc les tensions inflationnistes, ajoutant que même, dans les conditions socialement et politiquement les plus favorables, ces mesures d’austérité seraient à portée limitée. « L’option en Tunisie était alors pour une meilleure gestion macroéconomique plutôt que le freinage du processus de sortie de la récession tout en prenant en compte les défis à relever par une petite économie ouverte et en transition dont la nature n’est pas si généreuse comme nombre de pays rentiers », a-t-il dit.

Ali Chebbi a ajouté que la réforme du système fiscal conçue avec la participation du maximum de parties prenantes est déjà achevée en envisageant l’amélioration de l’équité, d’une part, et le rendement fiscal, d’une autre part. Elle est composée de deux volets. L’un concerne l’administration fiscale (organisation, augmentation de la capacité d’exécution, gouvernance,..) et l’autre la politique fiscale ayant trait à l’économique de la réforme. Cependant, sa mise en œuvre a été reportée pour une équipe élue qui dirigerait le pays durant 4 ou 5 ans. C’est pour cette raison que la lecture du projet de la loi des finances ne devrait pas être faite sous un seul angle, celui de la taxe additionnelle que devrait payer quelques catégories, ou seulement du point de vue de ses retombées, jusqu’alors non démontrées, surtout celles portant « classe moyenne » et « taux de pauvreté », soulignant qu’un autre problème méthodologique se poserait avec acuité.

Il a souligné, à ce propos, l’opportunité de la mise en place de réformes structurelle pendant la transition qui devrait être placée dans la logique de l’Economie Politique des Réformes dont l’outil d’analyse par excellence est le partage de la rente anticipée, ses clefs de répartition, ses enjeux menaçant tout le processus transitionnel, avec la prise en compte des positionnements partisans.

Selon lui, rares sont les gouvernements en transition dans le monde qui ont mis en œuvre des réformes structurelles sans subir des coûts politiques.

Toutefois, pour ce faire, l’économiste a proposé un benchmark sur les meilleures pratiques, et par référence aux points de vue récents sur la question.

Kh.T

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